Politique Monde

Ils nous « Trump » énormément : les médias français, de la propagande à la désinformation…

15 janvier 20172
Ils nous « Trump » énormément : les médias français, de la propagande à la désinformation… 4.81/5 21 votes

…et jusqu’à la malhonnêteté intégrale !

Un célèbre pamphlétaire de la malpensance, depuis des années (et à l’instar de son pote Dieudonné) totalement interdit de médias et en proie perpétuelle à de liberticides persécutions judiciaires (1), a dit en son temps qu’être journaliste en France, c’était être « soit une pute soit un chômeur »… quoique l’on puisse penser du bonhomme, de sa radicalité, de certaines de ses obsessions ou lubies, voire de sa violence parfois sacrément problématique, force est de lui reconnaître, en plus d’un réel courage sous la mitraille de « destruction massive » que ne cesse de lui adresser le politiquement correct qui étouffe le pays, une lucidité « journalistique » et un sens de la formule qui ne font définitivement plus question concernant la médiacrature nationale.

Depuis des années, on a plutôt envie d’écrire des décennies, la presse française (puisqu’il faut bien malgré tout – et faute de mieux – se résoudre à l’appeler ainsi) nous avait de plus en plus fréquemment habitués à sa paresse d’opinion, à sa docilité devant les idées à la mode, à sa servilité devant les puissances d’argent (privé)… ou d’argent (public, via les milliards de subventions encaissés chaque année), à sa capacité d’organiser en meute bien plus qu’en bande des lynchages médiatiques aussi massifs que répugnants. Désinformation, propagande, dissimulation, parti pris nié bien qu’aveuglant, crapulerie systématique, absence totale de déontologie… les exemples des « vertus » journalistiques portées dans l’hexagone à des niveaux rarement atteints ailleurs, sont trop nombreux à avoir défrayé la chronique médiatique nationale pour être tous rappelés ici. Souvenons-nous tout de même de quelques-uns de ces sujets qui nous ont tous valu un traitement de presse d’une crapulerie himalayenne ou abyssale, selon que l’on prenne en compte les montagnes de malhonnêteté dressées en ces occasions sous nos yeux incrédules, ou qu’on explore les Abymes insondables d’encre et de duplicité où ont dû puiser sans fin les tristes pisseurs de copie conforme qui nous les érigent :

Histoire « officielle » du 11 septembre 2001, interdite du moindre questionnement ; traitement « embarqué » façon GI Jo de la première, puis de la seconde guerre d’Irak, avec ses fameuses « armes de destruction massive » jamais mises en doute avant la révélation (après-guerre, évidemment) de leur inexistence ; désinformation de masse et prétendu « génocide » perpétré par les nazis des temps modernes serbes, pour justifier l’« intervention » au Kosovo (hors mandat de l’ONU) ; propagande éhontée et unanimisme méprisant en faveur du « oui » au référendum de 2005 sur la Constitution européenne ; enthousiasme à œillères pour la catastrophique opération béhachélo-sarkozienne de Libye ; aveuglement volontaire et propagande anti-russe obsessionnelle concernant les évènements d’Ukraine et du Donbass ; hystérie anti-Bachar – qui dure encore et toujours – en Syrie (et silence immonde sur les atrocités perpétrées par les « rebelles » faisant du « bon boulot », contre les femmes, les enfants, les chrétiens et plus généralement tout ce qui n’est pas islamiste ; deuxième couche « eurolâtre » avec la « couverture » totalement biaisée (et je suis très poli) sur la campagne référendaire du Brexit au Royaume-Uni… sans oublier, à l’échelon politique hexagonal, le traitement inique infligé à un parti souverainiste qui est aujourd’hui malgré cela (ou à cause de cela ?) le premier de France, systématiquement qualifié d’« extrême droite » alors qu’aucun de ses représentants n’en accepte seulement le qualificatif… j’arrête là, et pourtant la coupe est très loin d’être pleine ! Et depuis le premier jour des primaires américaines donc, massacre à la tronche haineuse contre Donald Trump, candidat à l’investiture républicaine, puis candidat à l’élection présidentielle et finalement Président élu, sans jamais avoir vu l’hallali journalistique français, s’étalant sur des centaines d’articles et de dépêches d’agence, à tout propos et sur tout sujet, même le plus dérisoire, relâcher son étreinte.

Le « Trump bashing » est aujourd’hui le sport préféré (et obligatoire) du « journaliste » français

L’élection américaine a eu lieu : le Président a été désigné, il entrera en fonction à la fin du mois. La grand messe électorale a livré son verdict ? Certes, mais la petite messe médiatique, elle, n’en a pas pour autant rendu les armes ! Tout est bon (c’est une façon de parler), et jour après jour, pour casser du Trump dans la presse française : sa figure, sa femme, ses enfants, ses immeubles, ses tweets, ses conseillers, ses ministres, ses costumes, sa coiffure, son « empire », son passé, son présent, son supposé futur… pas un article qui ne torde systématiquement les faits dans le sens du vent contraire, de l’ouragan journalistique que nos scribouillards nationaux et leurs médias audiovisuels ou de la presse écrite, tous au garde-à-vous bienpensant, qu’ils soient foncièrement « obamalâtres » orphelins et déjà nostalgiques ou  plus misérablement encore carriéristes de caniveau, mais tous respectueux zélotes zélés d’un véritable serment d’hypocrites, soufflent quotidiennement sur le successeur honni de Barack Obama.

Impossible de prétendre à l’exhaustivité pour étayer mon antithèse : les exemples seraient en effet innombrables à rapporter, pour illustrer dans toute sa sombre splendeur l’ampleur du phénomène que prétend dénoncer ce billet, et ce n’est plus alors un simple article qu’il me faudrait écrire, mais plusieurs exemplaires d’un « bottin immondain ». Je me contenterai de citer deux papiers torchons virtuels relevés ces tous derniers jours, et dont vous ne vous étiez peut-être pas encore infligé la lecture.

Le premier est signé France 2, c’est-à-dire rappelons-le tout de même, une chaîne de télévision de « service public », qui a fait preuve en cette occasion (et comme hélas en beaucoup d’autres) d’un sens de la déontologie, de la rigueur et de la prudence tout à fait remarquables (mais il faut bien ajouter qu’il a été repris et quasiment  à l’identique par presque toute la presse française). Il date du 11 janvier, et le titre en est donc  : « États-Unis : Donald Trump accusé de trahison très lourde ». Rien que ça ! Le sous-titre n’est pas mal non plus : « Donald Trump a-t-il trahi les États-Unis ? Des documents compromettent le futur président. Explications ».

Explications ? On va le voir, en effet ! Je cite, sans ôter un seul mot :

«  La Russie dispose-t-elle de documents compromettants sur Donald Trump ? C’est ce qu’affirme un rapport de 35 pages rédigé par le renseignement américain qui se base sur l’enquête d’un ancien espion britannique. Toutes les informations ne sont pas encore vérifiées mais les services secrets le prennent au sérieux. À tel point que la semaine dernière, ses responsables en ont informé Donald Trump et Barack Obama.

Quelles informations ?

Première information : en 2013 à Moscou, Donald Trump, alors star de la téléréalité, invité pour le concours de miss Univers, aurait été filmé avec des prostitués dans un hôtel. Le Kremlin disposerait des vidéos, peut-être suffisamment embarrassantes pour le faire chanter, c’est la question que se posent aujourd’hui les médias américains. Des médias qui s’inquiètent surtout sur d’autres informations. Depuis cinq ans selon ce rapport, Trump, ses proches et le Kremlin auraient échangé divers renseignements économiques et politiques. Plus grave encore, Donald Trump aurait été informé de l’interférence de Moscou dans la campagne démocrate. Des accusations de trahison très lourde que Trump et son entourage réfutent ».

L’auteur de ce chef-d’oeuvre de malhonnêteté journalistique, fort courageusement, n’a pas osé signer son remarquable travail d’investigation. Les faits vérifiés, recoupés, authentifiés, présentés dans ce papier pour étayer des accusations gravissimes ? C’est bien simple, il n’en existe aucun ! Donald Trump « aurait été filmé » (par le FSB, évidemment !) en 2013… alors qu’il ne faisait même pas encore de politique ! Quelqu’un a vu ce prétendu film ? Non ! Le Kremlin « disposerait de vidéos » ? La Russie a démenti catégoriquement ! Trump et « ses proches » (c’est-à-dire qui ? On ne le saura pas plus !) « auraient échangé renseignements économiques et politiques », et « depuis cinq ans » ? Quels renseignements « économiques et politiques » aurait bien pu « échanger » Trump au cours des cinq dernières années, alors qu’il ne faisait – redisons-le encore une fois – même pas de politique ? L’article ne le dira pas plus (et pour cause !), et évite même de simplement se poser la question : évidemment, ça simplifie les choses ! « Plus grave encore » (sic), « Donald Trump aurait été informé de l’interférence de Moscou dans la campagne démocrate » ? Dans quel but ? Pour quelle raison absurde et fort périlleuse la « très méchante » et si machiavélique Russie aurait-elle pris le risque insensé d’« informer » Trump, véritable électron libre, totalement imprévisible, de ses prétendues manœuvres dans la campagne démocrate (qui, soit dit en passant, on le sait de façon réelle cette fois, a bien été piratée… par le parti lui-même, au bénéfice d’Hillary Clinton et au détriment de Bernie Sanders) ? On ne le saura pas plus ! Grotesque ! Enfin, notre scribouillard fonctionnarisé termine son vomi journalistique par des « accusations de trahison très lourde que Trump et son entourage réfutent » : « trahison très lourde » ? De qui ? Où ? Comment ? Sur quel sujet identifié ? A nouveau, pas de réponses (normal, quand on ne se pose en fait pas de questions) ! Car contrairement à ce que nous dit notre plumitif de France 2, non seulement « toutes les informations ne sont pas encore vérifiées », mais en réalité, aucune ne l’a jamais été ! Et pour cause : la lecture intégrale du pseudo rapport, diffusé par le site BuzzFeed et complaisamment relayé par CNN, n’apporte en réalité pas le moindre fait tangible, pas la moindre preuve, alléguant même des « informations » totalement erronées (ainsi du prétendu voyage de Michael Cohen, l’avocat de Donald Trump, à Prague à l’été 2016, pour y « rencontrer un envoyé du pouvoir russe », dont on sait aujourd’hui de façon formelle qu’il n’a simplement jamais eu lieu).

Ce « rapport » de 35 pages (consultable en anglais ici) s’est presque immédiatement dégonflé comme une pathétique baudruche merdiatique : son supposé auteur est injoignable et a disparu dans la nature, plusieurs erreurs (noms, dates, lieux) y ont été relevées, les services anglais en ont formellement décliné la paternité… revendiquée d’ailleurs par un site de canulars journalistiques, et les services américains (qui l’auraient reçu des mains du sénateur John McCain, virulent russophobe et adversaire de Trump au sein du Parti républicain), pourtant farouches opposants du nouveau Président, ont finalement déclaré « n’avoir aucun jugement quant à la fiabilité des informations contenues ». Ce qui n’empêche pourtant pas la presse française, de France Info au Point en passant par L’Obs ou le Huffington Post, d’y faire encore et toujours référence, en parlant également de faits « accablants », de « trahison » et de possibles (et souhaitables, CQFD) impeachment (2) ou destitution ! Vous avez dit déontologie ?

Du conditionnel, des sous-entendus, des mensonges avérés, et pas le moindre début de commencement de preuve… un pur exercice de propagande, de déstabilisation et de délation gratuites, non argumentées, mais le mal est en partie fait : « diffamez, diffamez, il en restera toujours quelque chose ! ». Ca, coco, c’est du journalisme !

Et en plus, Trump crache sur Martin Luther King !

Moins ignoble, mais tout aussi lamentable : le dernier « scandale » tout frais du jour, reproché, des dégoûts dans la plume et par nos médias, à l’abominable Donald. Je cite une nouvelle fois un article de France Télévisions (vive le « sévice public » !), mais comme pour le précédent, les « trumpophobes » obsessionnels médiatiques ont quasiment tous reproduit la même pathétique petite prose, ou plus exactement la même crotte « journaleuse », comme de médiocres et zélés petits photocopieurs de la pensée con-forme. Le titre en est : « Donald Trump critique une figure de la lutte pour les droits civiques, avant le Martin Luther King Day ». Diable ! Il n’y va pas avec le dos de la cuillère bienpensante, le bougre ! Mais qu’a-t-il dit au juste ? Et pourquoi ? Accrochez-vous, cela vaut le voyage au pays d’Ubu journaliste !

John Lewis, démocrate de 76 ans, depuis trente ans à la Chambre des représentants en qualité d’élu de la Géorgie (un perdreau de l’année politique, quoi), a affirmé dans une entrevue sur la chaîne de télé NBC et dans le cadre d’une émission qui doit être diffusée ce dimanche (c’est à dire aujourd’hui), qu’il n’avait pas l’intention, contrairement à tous les usages en vigueur  aux Etats-Unis, d’assister à la cérémonie d’investiture du nouveau Président américain. Un camouflet, une incivilité politique qu’il explique par ces mots : « je ne considère pas ce président élu comme un président légitime… Les Russes ont contribué à l’élection de cet homme. Et ils ont pris part à la destruction de la candidature de Hillary Clinton ».

Ben voyons… à noter qu’au moins sept autres élus démocrates ont annoncé, avec le même sens démocratique, le même respect du résultat issu du vote des cinquante états américains et donc du peuple souverain, qu’ils boycotteraient cette cérémonie d’investiture. Dont acte. C’est John Lewis qui a donc dégainé le premier (et manqué en cette occasion du plus élémentaire respect démocratique). Là-dessus, comme il en a pris la singulière et un brin surréaliste habitude, le Donald tweete cette réponse :

tweet de Trump

« Le parlementaire John Lewis ferait mieux de passer du temps à s’occuper d’aider sa circonscription, qui est dans une situation terrible et qui se délite (sans parler d’être infestée par le crime) plutôt que de se plaindre à mauvais escient des résultats de l’élection. Paroles, paroles, paroles – pas d’action ni de résultats. Triste ! »

La violence inouïe, l’ignominie de cette « attaque » n’aura évidemment échappé à personne, sauf à quelques nauséabonds irrécupérables (dont votre serviteur, autant l’avouer). De quoi pourtant déchaîner une nouvelle tempête médiatique contre le salopard présidentiel, car John Lewis n’est pas n’importe qui, non mais sans blague :

« La critique de Donald Trump n’est pas passée inaperçue à deux jours du Martin Luther King Day, ce jour férié qui célèbre chaque année aux Etats-Unis l’anniversaire de la naissance du héros assassiné de la lutte pour les droits civiques. Samedi 14 janvier, à six jours de son installation officielle à la Maison Blanche, le président américain élu s’en est pris sur Twitter à John Lewis, une autre figure afro-américaine de la lutte pour les droits civiques et le seul membre du Congrès encore en vie à avoir connu Martin Luther King ».

Et d’enchaîner avec des photos noir & blanc de John Lewis (sa négritude est outrageusement, indécemment même mise en avant dans cette pseudo affaire) à l’époque où il militait effectivement pour les droits civiques, étant pour ces raisons plusieurs fois arrêté (par de futurs électeurs de Trump, sans aucun doute !), illustrations totalement hors sujet, mais mises là pour tenter de bien enfoncer le clou, émotionnel et scandalisé -bien qu’en réalité fort ténu – de l’ignominie dénoncée dans l’article…

John Lewis militant

Répondre à une offense publique et démocratique, et d’un ton somme toute badin, à quelqu’un qui est « le seul membre du Congrès encore en vie à avoir connu Martin Luther King », non mais vous vous rendez compte ? C’est un peu comme si un jour un homme politique avait osé dire du mal, ou simplement répondre, je ne sais pas moi… tiens : à une attaque de Charles Pasqua, sous prétexte que celui-ci avait été un jour l’un des plus jeunes résistants de France pendant la seconde guerre mondiale ! Nul homme politique français, bien entendu, ne s’y serait jamais risqué, et Pasqua étant lui aussi, du fait de son glorieux passé, une « icône patriotique médiatique » indépassable, il est évident que nos journalistes auraient de la même façon immédiatement condamné le coupable ! Ben non, en fait… alors quoi : deux poids, démesure ?

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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1) Alain Soral, pour ceux qui l’ignoreraient.

2) Signifiant « mise en accusation », l’impeachment permet d’engager des poursuites judiciaires pénales à l’encontre des hauts fonctionnaires, y compris un Président de la République, avant la tenue d’un procès proprement dit, l’impeachment trial.

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2 Responses to Ils nous « Trump » énormément : les médias français, de la propagande à la désinformation…

  1. Couhin Henri le 24 janvier 2017 à 21 h 21 min

    Votre article est très touchant et transcendant, je n’arrête pas de vous admirer dans les bistros de tvlibertés et je suis charmé par vos sincères colères. Permettez moi de vous embrasser.
    Henri

  2. PR CALGUÈS le 16 janvier 2017 à 13 h 26 min

    Ouais ! Déplorable.
    Peut-être que le bonhomme Trump va y arriver malgré le « Deep State » qui pèse de tout son énorme poids.
    Sans être un fanatique de l’individu ce bashing un peu trop appuyé pour ne pas être suspect me rend Trump de plus en plus sympathique.
    Comme me sont devenus sympathiques Poutine, Bachar El Assad, Thérésa May, Hofer, etc.
    Finalement on devrait être quelques uns à penser comme ça.

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