Décidément, avec la bande de guignols (et je reste poli) que constituent nos scribouilleurs de médias, on n’est jamais déçu ! Nos journalistes, éditorialistes et autres plumitifs de tous bords ne cessent de m’épater, dans le plus consternant sens du terme, et de me rappeler pourquoi, il y a déjà près de deux décennies de cela (nom de nom, cela ne me rajeunit pas !), malgré quelques portes à l’époque très sérieusement entrouvertes, et en dépit d’une vocation solidement ancrée en moi de vouloir dire par les mots et l’écrit à mes concitoyens la marche chaotique du monde et la réalité très souvent consternante de son incarnation politique, j’ai renoncé à entrer dans la profession journalistique, cela à l’issue de rencontres mémorables avec des « rédac-chefs » qui m’avaient démontré en ces occasions que ma conception du journalisme, avec ces mots déjà à l’époque désuets que j’y adossais par nécessité déontologique, pour ne pas dire ontologique : « curiosité », « vérité », « honnêteté », « impartialité », j’en passe et des plus démonétisés, tout comme ma flagrante inaptitude aux exercices de souplesse dorsale sous les fourches caudines du politiquement correct et de la doxa libérale-libertaire, rendaient totalement improbable mon adaptation aux codes à cette époque déjà largement en vigueur dans le petit (tout petit) monde médiatique national.
Depuis la naissance de La Plume, il n’est sans doute pas passé un jour sans que se soit présentée à moi l’occasion de rédiger, et plutôt dix fois qu’une, un billet comme celui que je vous écris aujourd’hui. Car la lecture quotidienne des articles, éditos ou simples dépêches de notre médiacrature est une inépuisable mine d’or-dures, un trou noir insondable de l’absence de pensée, un cimetière sans fin des illusions déontologiques perdues…
on ne peut pas confondre « Fillon bashing » et journalisme de trous du c…
Ainsi lors de ces derniers jours, avec l’invraisemblable « Fillon bashing » qui, comme je l’avais prévu, s’est déclenché dans l’immense majorité de la presse française dès que fut connue l’issue surprise du premier tour de scrutin des primaires de la droite et du centre.
Dieu sait que François Fillon n’est pas ma tasse de thé idéologique – très loin de là même – et que contrairement à beaucoup en ce moment semble-t-il, je n’oublie absolument rien de son si conséquent passé politique, qui n’est d’ailleurs presque exclusivement qu’un long et très inconséquent passif… Je ne me gênerai d’ailleurs pas pour tenter rapidement de dégonfler, et d’ici aux élections de 2017, la nouvelle baudruche politique de la droite LR, dès que, dimanche soir, le dernier clou sera définitivement planté dans le cercueil de l’amer de Bordeaux (qui n’a jamais aussi spectaculairement mérité ce sobriquet, à moins qu’on ne puisse désormais parler plus judicieusement encore, et quand on a vu sa tête livide suite à la divulgation des résultats du premier tour ou lors du dernier débat télévisé des primaires, de Nosferatu girondin). Mais tout de même…
La presse ? Purée !
Les attaques fielleuses, parfois délirantes (et il faut le dire carrément indignes pour certaines d’entre elles) de la quasi-totalité des médias, ont plu en averses particulièrement drues dès l’annonce du succès improbable ou en tout cas imprévu du Buster Keaton sarthois, pour tenter de tailler un short à celui qui n’en avait sans doute plus porté d’aussi large et de si ridicule depuis les mises en scènes « footing » grotesques du binôme Sarkozy-Fillon, au début du quinquennat du petit Nicolas (souvenez-vous, chers lecteurs, vous qui êtes aujourd’hui prêts à croire – à mon sens fort naïvement – que Fillon serait plus apte à incarner ou habiter dignement la magistrature suprême que son Président de cinq ans, oui, souvenez-vous un instant de « ça »… c’est cadeau !)
Laurent Joffrin, en inévitable « premier de la crasse », a bien évidemment ouvert le bal des vampires à la petite sem(h)aine, commençant presque en douceur son fameux (ce n’est qu’une clause de style) éditorial « Sacristie » dans le Libé du 21 novembre en qualifiant le désormais favori des primaires de « Schtroumpf grognon du conservatisme ». Le bien nommé sieur Mouchard (son véritable nom, la nature fait parfois fort bien les choses, convenons-en) s’est ensuite lâché bien plus librement, à tel point qu’on peut même dire qu’il en a fini par faire sa prose sous lui. Extraits : « ce chrétien enraciné a passé une alliance avec les illuminés de la manif pour tous »… vous n’avez rien lu : « Il y a désormais en France un catholicisme politique, activiste et agressif, qui fait pendant à l’islam politique »… si. Ou encore : « Le révérend père Fillon s’en fait le prêcheur mélancolique. D’ici à ce qu’il devienne une sorte de Tariq Ramadan des sacristies, il n’y a qu’un pas ». Ca ne s’invente pas…
Mais ce n’était pas assez pour notre cuistre in-con-tinent, qui vomit plus encore qu’il n’écrit sa haine des cathos comme d’autres défèquent sur la place publique, pas assez pour ce Libé à la sauce Mouchard, qui apparemment fier de sa débilité plus sidérale que sidérante, en a remis une sacrée couche en première page du 24 novembre, avec la Une « anti-Christ » suivante :
Vous voyez bien que je n’invente rien. D’ailleurs, à ce niveau de sombre connerie, cela pourrait-il s’inventer ?
Ne pouvant accepter d’être ainsi dépassé en matière de crétinisme éditorial et de sectarisme à front bas, l’Obs a bien entendu aussitôt surenchéri dans le « Fillon bashing », sur une ligne censément un peu plus « politique » :
Rebaptisant tout de même au passage dans le corps de l’article, et pour ne pas être en reste question « cathophobie », François Fillon en… « catho-Fillon ». Apparemment l’horreur absolue, pour ce deuxième journal de merde, on pourrait même dire ce second canard WC. Et ce ne sont là que deux exemples parmi beaucoup d’autres…
Mais les attaques en « cathophilie » scandaleuse, en « avortophobie » arriérée et autres crimes de non-modernité branchouille qui avaient initialement été déclenchées contre le vainqueur écrasant du premier tour de scrutin ont fait presque immédiatement un gigantesque flop. Pire, elles ont certainement servi celui qu’elles voulaient abattre auprès d’une très large majorité de l’électorat potentiel des primaires, si ce n’est ces bataillons venus de la gauche en nombre pour fausser l’issue du vote de premier tour au bénéfice d’Ali Juppé, et par haine viscérale de Nicolas Sarkozy. Un Juppé qui s’est dès le lundi suivant grandement rapetissé (si j’ose dire) et très probablement définitivement grillé dans l’entre-deux tours en participant, parmi les tous premiers, à cet hallali, à ce procès en sorcellerie chrétienne et « conservatrice » intenté à l’improbable « moine-soldat » François Fillon.
Le bide pathétique et finalement contreproductif du lynchage en déficit de modernité déclenché durant les premiers jours de l’entre-deux tours sévèrement revenu dans ses ratiches, notre merdiacratie devait impérativement trouver un autre angle d’attaque : ce ne pouvait pas réellement être la virulente mise en cause de la politique économique « tatchérienne » et ultralibérale (pléonasme) que prétend mettre en œuvre le Sarthois : le second choix énamouré (après Juppé) de nos journaleux scandalisés, la roue de secours de la bienpensance oligarchique est en effet Emmanuel Macron, la presque copie conforme économique, bien qu’estampillé de « gauche » (je pouffe) des têtes d’affiche du camp prétendument d’en face ! Il fallait donc trouver une autre fenêtre de tir à vue, une autre indécence idéologique, une autre infamie malpensante à dénoncer : ce fut presque aussitôt, pour ceux qui sont dans leur écrasante majorité les petits laquais dociles de l’Empire US version Obama, celle de la prétendue russophilie de l’ex-Premier ministre de Pinocchio !
Fillon et son « ami Poutine » qu’ils nous médisent, ou comment passer de la russophobie rabique à la tartufforussophobie tragicomique
Du jour au lendemain, du simple fait qu’il avait plusieurs fois exprimé l’idée (on ne peut plus censée) qu’il serait plus judicieux de retrouver un certain pragmatisme diplomatique, plus efficace de discuter à nouveau sereinement avec la Russie, que cela soit dans l’intérêt économique de l’Europe, ou pour gagner en efficacité dans la lutte contre l’Etat Islamique, Fillon a été taxé par son adversaire de second tour et ses affidés d’« ami de la Russie » (ce qui serait en soi et bien entendu « ignoblement ignoble », CQFD), de russophile invétéré, voire de candidat du Kremlin.
La presse mainstream a aussitôt enchaîné d’enthousiasme, et les interventions médiatiques ou articles accusateurs se sont multipliés comme des champignons à comiques sur les ondes, le web et les médias audiovisuels. Ne cherchez pas : tous ou presque, journaux, télés, radios y sont allés de leur charge de brigade pas vraiment légère. Je n’effectuerai pas ici, après les quelques saillies cathophobes citées ci-dessus, par manque de temps (et de courage) et pour ne pas rendre la lecture de ce papier de chasse à la mauvaise foi journalistique encore plus pénible, la recension des-dits articles. Je me contenterai d’en évoquer un seul, paru sur Le Point sous la plume d’un certain Marc Nexon (dont le patronyme « contrepéteux » est assez savoureux) et intitulé : « François Fillon, l’ami de Vladimir Poutine » :
L’auteur y affirme notamment que « Vladimir Poutine peut se réjouir. Si François Fillon entre à l’Élysée, il comptera un nouvel ami dans le cercle des dirigeants occidentaux », que « l’ancien Premier ministre français entend travailler ardemment (sic) avec la Russie », que « Fillon était l’un des rares à déplorer le refus de François Hollande de recevoir le maître du Kremlin désireux d’inaugurer une église orthodoxe à Paris » (ce qui est totalement faux, des dizaines d’hommes politiques, de droite ou de gauche – comme par exemple et parmi les plus connus Sarkozy ou Mélenchon – ont sévèrement condamné la consternante dérobade hollandienne), que Fillon éprouve une « fascination pour le président russe », que lorsqu’il le rencontre c’est « comme s’il avait vu Dieu le Père » (ben oui, carrément !), etc.
Une proximité, une amitié fusionnelle qui saute en effet aux yeux, qui sonne comme une parfaite évidence quand on sait par exemple que François Fillon a notamment déclaré, le 27 octobre 2016, que la présidence de Vladimir Poutine était celle d’« un régime instable et dangereux », ou un peu plus récemment encore, que la Russie était « un pays dangereux parce qu’il est bourré d’armes nucléaires, et qui n’a jamais connu la démocratie ». Avec des amis de cette nature, convenez-en, on n’a presque pas besoin d’ennemis !
Mais le plus beau dans cette propagande aussi malhonnête qu’elle est grotesque, apparaît en fait dès la première ligne de l’article de Marx Nécon Marc Nexon, en rendant la lecture plus poussée dès lors totalement inutile. Peut-être n’y avez-vous pas même prêté attention ? Je cite : « Les deux hommes se tutoient et s’apprécient »… vraiment ?
Alors là, de trois choses l’une (et si tant est qu’ils se passent bien des services d’un interprète lorsqu’ils se rencontrent) :
1) François Fillon a des talents linguistiques jusque là cachés et parle couramment le russe, ce qui lui permet de tutoyer son « ami Vladimir » en russe…
2) Vladimir Poutine parle parfaitement français (sans l’avoir jamais fait lors de ses rencontres officielles avec des dirigeants français), ce qui l’autorise à tutoyer son « ami François » en français…
3) Les deux hommes échangent en fait en anglais, et alors… la mise en avant d’un tutoiement comme preuve d’amitié devient carrément loufoque, l’anglais ayant justement la particularité fort embarrassante pour notre journaleux du Point… de ne pas faire de différence entre le tutoiement et le vouvoiement !
A votre avis, quelle est l’hypothèse la plus crédible ?
C’est parfois à de petits détails comme celui-ci, d’apparence anodins, que l’on peut mesurer la crapulerie propagandiste, la mauvaise foi et la volonté de manipulation de l’opinion qui habitent nos pisseurs de copie conforme de la presse nationale. Oui, décidément, jusqu’où s’arrêteront-ils, nos merdiacrates ?
Marc LEROY – La Plume à Gratter
Votre plume, Marc, est délectable à lire. Je n’en dirais pas autant de toutes celles qui encensent ou dénigrent, selon le cas, les divers candidats en lice. D’autant plus que la vedette d’aujourd’hui sera le vilain petit canard de demain.
Je vous avoue que parfois j’en ai un peu marre d’entendre toujours parler de ces supercheries organisées. C’est pire que « Dallas » que je regardais parfois dans ma jeunesse.
C’est tout de même passionnant quelque part, de suivre le presque « Juppé président », puis le tout aussi presque « Fillon président », pour continuer sans doute par le presque « Macron président » et ainsi de suite.
Vous avez entendu parler du général Didier Tauzin ? Apparemment pourtant, il se présente. Mais les merdias n’en parlent pas du tout, préférant nous envoyer à la face le discours niais de François Dernier qui quitte le combat (n’ai pas pu suivre plus de deux minutes, et encore !)
Pauvres de nous ! Mais avouons que parfois ça fait rigoler.
Merci et bisous à vous et à tout le monde.
Et si tout cet enfumage étain destiné à nous faire élire Fillon à défaut de Juppé ? On a bien vu le nombre exploser des électeurs FN, malgré leur diabolisation… Et comme ils ont vu l’inverse de ce qu’ils souhaitaient se produire, on est en droit de se demander si, finalement, tout ceci n’est pas orchestré pour que LR/PS continue leur destruction de la France, la fin justifiant les moyens.
Bises et bon courage à vous, Marc Leroy !
Merci à vous, chère brise automnale qui me souffle affectueusement dans La Plume (en tout bien tout honneur, hein ?)
Bises à vous si vous êtes une dame, amitiés si vous êtes un homme…
Je pense que les merdias ont rendu un fameux service à Fillon.
Le discrédit journalistique est tel que plus la presse écrite et audio-visuelle crache sur quelqu’un, plus ce quelqu’un a des chances de réussir.
C’est en tout cas ce qu’ils ont compris pour Marine.
Donc il fallait un pare-feu.
Tout cela est étudié pour… et Fillon sera un élu de circonstance de plus.
Terne, sans relief, mais libéral, si son programme est maintenu.
On va morfler.
Bises toi !
salut la Mouette, comment ça va au soleil des Dom-Tom ?
Concernant Fillon, je pense que la messe n’est pas dite : nous avons six mois pour dégonfler cette nouvelle baudruche ! il faut rester motivés, les angle d’attaques ne manquent pas pour ramener l’ex « collaborateur » de Pinocchio, à sa juste mesure, celle du vide et de la tiédeur, celle d’un politicien du système plus coté à l’argus, comptable du bilan intégral du quinquennat sarkozien.
On va s’amuser !
Bises
Je suis assez en phase avec Bluebair…
Merci Marc d’avoir encore une fois épinglé ces merdias minables et pathétiques !!
Pas de problème, Christine, La Plume est là pour ça !
Bises
La réthorique de gauche, haineuse et revancharde n’a pas tardé à inonder les médias, elle pointe déjà sa sâle tronche partout.
Ainsi, dès aujourd’hui peut-on lire des déclarations sans ambiguité comme celle qui suit :
27/11/2016, Martinez, secrétaire général de la CGT, interviewé sur France Info, naturellement ! :
« LES FRANÇAIS sont CONTRE les thèmes forts du programme de François Fillon ET d’Alain Juppé, donc la MOBILISATION SERA D’ACTUALITÉ pour être CLAIR».
Le futur Président de la République devra sans aucun doute aller courageusement au clash face à des interlocuteurs aussi obtus que Martinez.
Et il y en aura des interlocuteurs obtus !
Souhaitons que les Français ne se laissent pas de nouveau intoxiquer par cette propagande et qu’ils affrontent ces menaces sans trembler, tous en bloc derrière leur Président.
Ben tiens, je pensais ne pas voter du tout (Fillon n’est pas non plus ma tasse de thé), mais votre article m’a décidé, rien que pour enfoncer le clou, à voter Fillon. Et puis, étant moi-même en quelque sorte chrétien intégriste et ami de beaucoup de Russes, j’ai pris la mouche… Merci pour ce petit coup de pied au derrière pour citoyens fainéants!