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Poutine n’est plus un « autiste », ou le « nouvel Hitler » : c’est le roi des cons !

4 mars 20158
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« Quand les bornes sont franchies, il n’y a plus de limites ! » Le Sapeur Camember

En ces temps de russophobie monomaniaque et de chasse en meute journalistique au Vladimir Poutine, il faut décidément s’attendre à tout ou presque. Pourtant, je l’avoue, nos journaleux parviennent encore et toujours à me surprendre par leurs capacités hors du commun à dépasser leurs propres limites, intellectuelles, éthiques, journalistiques, dès lors qu’il s’agit de casser du sucre sur le dos jamais assez large de l’« ogre du Kremlin », successivement traité par eux de « dictateur » (élu et réélu démocratiquement et très largement, cherchez l’erreur), d’« autocrate », de « nouvel Hitler », d’ « homophobe », d’ « homme le plus riche du monde » (riche d’argent volé, bien entendu), d’ « autiste », et demain sans doute de violeur de vieilles femmes infirmes ou de mangeur d’enfants (ou le contraire), d’extraterrestre ou pourquoi pas … d’impuissant ou d’hermaphrodite.

Ainsi de ce qui se passe en ce moment dans la presse française suite à l’assassinat de Boris Nemtsov. Résumons donc le « pitch » du nanar de série Z que nous surjouent jusqu’à l’overdose nos chers merdias :

Alors qu’il est en pleines négociations avec Kiev, la France et l’Allemagne pour tenter de trouver un accord de paix historique permettant de mettre enfin un terme au martyr du Donbass, où des milliers de civils (au moins : les services allemands parlent eux carrément – officieusement – de 50 000 victimes) ont déjà trouvé la mort (tués par qui, au fait, mesdames et messieurs les journalistes ?), et de mettre par là même un terme aux sanctions économiques frappant son pays, ainsi qu’à cette obsessionnelle russophobie et à la chasse à l’homme déclenchée contre lui par toute l’oligarchie médiatico-politique occidentale, oui, si l’on en croit la presse française, Vladimir Poutine a eu la « lumineuse » idée de faire assassiner le 28 février 2015, en pleine rue, la veille d’une manifestation organisée contre lui, un de ses opposants les plus radicaux, Boris Nemtsov, présenté depuis sa mort par nos médias comme la « principale figure de l’opposition à Vladimir Poutine » (nous allons y revenir).

Boris Nemtsov, le has been de la vie politique russe

Boris Nemtsov, jusqu’à son dramatique assassinat, était pourtant à peu près totalement inconnu en France, comme partout ailleurs en Europe. Et c’est bien dommage, car un simple survol du  parcours politique du bonhomme, devenu du seul fait de sa mort – et comme les journalistes de Charlie Hebdo – un véritable héros pour la presse française, serait à même d’éclairer la « place » qui était véritablement la sienne dans la vie politique et électorale russe. Oui, ce petit survol mérite sacrément le détour ! Petit rappel, donc :

A la chute de l’Union Soviétique, Nemtsov devient, à 32 ans, le premier gouverneur de l’Oblast de Nijni Novgorod (il le restera de 1991 à 1997). Il met immédiatement en place, dans le chaos qui s’empare de l’ancienne URSS, des réformes ultralibérales qui lui valent les louanges de Margaret Tatcher lors de sa visite en Russie, en 1993. Une sacrée référence en matière de casse économique et sociale ! En 1997, il devient ministre de l’Énergie puis vice-président (chargé de l’Économie) du gouvernement de Boris Eltsine. Un gouvernement qui va presque immédiatement brader, pour ne pas dire piller, tous les biens économiques, industriels et les ressources naturelles de l’Etat, au bénéfice des si fameux oligarques, entrainant la Russie dans la déliquescence économique, la crise et bientôt la ruine, plongeant des dizaines de millions de Russes dans une misère absolument inimaginable et une précarité à côté de laquelle la situation économique et sociale dramatique de la Grèce de 2015 ferait presque figure de société de toutes les abondances. Il participe ensuite à l’encore plus catastrophique gouvernement de Sergueï Kirienko, qui amènera la Russie au dramatique « krach » financier d’août 1998. Et quand, à la suite de ce cataclysme financier, Poutine arrive au pouvoir, il est limogé et commence une traversée du désert politique et électorale qui durera… jusqu’à sa mort en février 2015.

A partir de 2004, à l’occasion de la fameuse « révolution orange » en Ukraine, déjà très largement initiée par des personnalités (Notamment le sinistre George Soros) ou organismes occidentaux, Nemtsov commence son étrange « histoire d’amour » avec l’Ukraine, se rapprochant des intérêts des oligarques ukrainiens, jusqu’à devenir conseiller du gouvernement dirigé à l’époque par Victor Ioutchenko.

En Russie même, il tente bien de refaire politiquement surface, mais son passé et son implication dans l’effondrement économique « ultralibéral » de l’après communisme lui colle aux semelles comme un fort encombrant chewing-gum (pour rester poli). Aux élections de 2007, son parti, le SPS,  obtient ainsi … 0,97 % des suffrages. Ca, c’est de l’opposition qui dérange, en effet !

Après le coup d’état du Maïdan, son compagnonnage avec l’oligarchie politico-économique ukrainienne continue, et quand les évènements dramatiques du Donbass surviennent, Nemtsov prend ouvertement le parti du nouveau gouvernement de Kiev, et organise plusieurs marches (erratiques) en soutien au gouvernement de Porochenko. Il déclare également l’annexion de la Crimée comme étant illégale. Quand on sait le consensus absolument écrasant existant dans la population russe, concernant la position de Vladimir Poutine sur la crise ukrainienne et le rattachement de la Crimée, on peut imaginer la remarquable popularité de la « principale figure de l’opposition à Vladimir Poutine », comme dit la presse française, au moment de son assassinat !

Voilà ce qu’était réellement, aujourd’hui en Russie, et politiquement parlant, Boris Nemtsov. Et la manifestation de « soutien et d’hommage du peuple russe » « sous le choc » ayant eu lieu le lendemain de son lâche assassinat (manifestation par ailleurs rappelons-le prévue avant même cet assassinat) le prouve : elle a réuni… de 20 000 à 40 000 personnes, dans un pays de 143 millions d’habitants. A rapprocher par exemple des millions de Français descendus dans la rue le fameux 11 janvier 2015 suite à la tuerie de Charlie Hebdo.

De Vladimir à Casimir, ou quand le « nouvel Hitler » devient subitement le roi des cons

Alors que, et que cela nous plaise ou non, il n’a sans doute jamais été plus populaire dans son pays, notamment grâce à son soutien aux insurgés russophones du Donbass (soutien souvent jugé d’ailleurs par les Russes comme étant encore trop prudent), mais pas seulement : le niveau de vie des Russes a par exemple plus que doublé depuis son arrivée au pouvoir. Alors qu’il est au plus haut dans les sondages avec plus de 85 % d’opinions positives (de quoi faire sacrément fantasmer notre part de flan élyséenne, Barack Obama ou même tatie Merkel)… le « joueur d’échecs » Poutine n’a rien trouvé de mieux (selon notre médiacratie) que faire assassiner en pleine rue la veille d’une manifestation d’opposition, et en pleine « nouvelle guerre froide », un « mort politique » dont le poids électoral était totalement dérisoire : moins de un pour cent, rappelons-le. Un peu comme si un François Hollande, même (lui ) à moins 30 % dans les sondages, se décidait subitement à faire assassiner, parce qu’il le trouvait gênant, un Jacques Cheminade, ou un François Asselineau ! Je pouffe…

On a tout de même connu plus crédible, moins « abracadabrantesque » comme explication, non ? Ce qui n’a donc pas empêché toute la presse française on l’a dit, et plus largement la presse occidentale, d’attribuer (dans la minute) et sans aucun élément de début de commencement de preuve, la responsabilité directe de cet assassinat politique au maitre du Kremlin. Pourtant, on dit souvent : « cherchez à qui profite le crime »… personnellement j’ai comme qui dirait une vilaine petite idée… mais si l’un des lecteurs de La Plume pense que c’est bien à Vladimir Poutine que cet assassinat délirant profite, qu’il n’hésite surtout pas à me le faire savoir et, si possible, qu’il écrive un billet pour nous expliquer son brillant raisonnement. Je m’engage solennellement à le publier ici : après tout, noyés comme nous le sommes tous dans une actualité souvent consternante et parfois comme ici carrément dramatique, ce n’est pas tous les jours que l’on a l’occasion de pouvoir rigoler un bon coup !

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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8 Responses to Poutine n’est plus un « autiste », ou le « nouvel Hitler » : c’est le roi des cons !

  1. NOURATIN le 5 mars 2015 à 17 h 34 min

    Je me garderai bien de vous faire un billet pour essayer de vous prouver la culpabilité du camarade Putin, ne serait-ce que pour vous faire rire…il me faudra trouver autre chose. Et puis vous avez déjà le Schtroumpf à trognon comme bouffon, je pense que cela doit suffire à votre bonheur.
    Bravo pour cet article qui n’était pas « à gerber » comme dit l’autre pignouf mais qui serait plutôt à largement diffuser pour que nos media cessent un peu de nous désinformer sur ce genre de sujet.
    Amitiés.

  2. Schtroumpf Grognon le 5 mars 2015 à 5 h 52 min

    Toujours aussi vendus à Poutine c’est lamentable !
    Si vous étiez extrème gauche je comprendrais cet aveuglement idéologique, mais d’après ce qu’il me semble, vous seriez plutôt extrème droite donc quel intérêt ?
    Y aurait-il un lien avec l’argent que le FN est allé emprunter à Poutine récemment ?
    En tous les cas, vos articles sont gerbants !

    • Schtroumpf Grognon le 5 mars 2015 à 6 h 04 min

      Et en plus vous desservez le FN (qui fait beaucoup d’efforts pour paraitre respactable aux yeux des électeurs) en faisant ainsi l’éloge d’un antidémocrate corrompu comme Poutine.
      Eh oui, comment penser que le FN est enfin devenu un parti normal quand un des sites qui lui sont favorables défend avec un tel aveuglement Poutine qui a fait et continue de faire massacrer les Tchechènes (voir reportage d’Arte d’hier ou avant hier), qui est en train d’annexer un pays voisin, et qui fait assassiner son opposition (voir cet article du canard enchainé d’hier par exemple : https://app.box.com/s/wskjrpv10s82l9yxdt0zqo299gqfkchd ) ? Ca n’est pas très démocratique tout ça donc mieux vaudrait que le « FN nouvelle génération » prenne la défense de personnes un peu plus démocratiques s’il veut améliorer son image de marque.

    • marc le 5 mars 2015 à 7 h 26 min

      Schtroumpf grognon, évoquant Vladimir Poutine dans ce billet, je m’attendais bien évidemment et comme d’habitude à votre « commentaire », et je n’ai pas été déçu…

      Que répondre à vos « arguments » ? Je ne suis ni d’extrême gauche (quel surprenant éclair de lucidité !) ni d’extrême droite (c’est quoi d’ailleurs au juste, selon vous, l’extrême droite ?). Je ne suis d’aucun parti politique, je me méfie de tous, même si je pense effectivement que le vote Marine Le Pen est aujourd’hui de loin le seul susceptible d’enfin faire bouger les lignes et de permettre à la France de gagner la seule bataille qui compte à mes yeux, celle de la souveraineté nationale, garant incontournable du respect de la volonté populaire et donc de la vraie démocratie. Je ne suis « vendu » à personne, pas plus à Vladimir Poutine qu’à un autre. Mais je ne supporte pas l’outrance, le manichéisme à semelles de plomb, la propagande éhontée, et essaie simplement de voir le monde tel qu’il est (très désespérant) et tel qu’il va (très mal), sans me faire manipuler ou trimbaler par des médias qui jouent constamment les zélés petits télégraphistes du système de ploutocratie mondialisée qui nous opprime. A cet égard, vos références à Arte et au Canard enchainé pour « comprendre la réalité du monde » me font doucement rigoler, tant il est vrai que l’humour est la politesse du désespoir : pourquoi pas Libération, Le Monde, Charlie Hebdo ou Fox News, pendant que vous y êtes ?

      Je vous laisse avec vos certitudes « excommunicatrices » et fort peu argumentées, vos « sources de désinformation », sources que vous partagez totalement, même si vous vous en défendrez sans doute vigoureusement, avec BHL, Hollande, Sarkozy ou l’état profond américain, entre autres fort sympathiques compagnons de voyage. Vous ne vous posez apparemment pas la moindre question sur cette proximité là… c’est votre droit. Je ne vous insulterai pas, contrairement à vous en vous traitant de « vendu », ou en qualifiant votre prose de « gerbante ». Je vous suggèrerai simplement d’être un peu cohérent (ou cohérente peut-être, si comme je le pense parfois, vous commentez sous faux drapeau ?) avec vous-même : puisque mes articles vous font gerber, pourquoi continuer à vous faire mal en venant les lire puis les conchier sur La Plume ? Tous les dégoûts sont certes dans la nature, mais la vie est dramatiquement courte : ne perdez plus votre temps (et par ricochet le mien) en venant lire et « commenter » mes horreurs : allez sur le site de Libé ou du Nouvel Obs, voire les blogs fanatiquement favorables à Pravyi Sektor et autres héroïques « patriotes ukrainiens » fièrement dressés face à l’abominable ogre russe. Vous y trouverez de quoi satisfaire vos obsessions et votre russophobie de concours. Pour ma part, je suis las de répondre à vos anathèmes. Je ne le ferai donc plus. Sans haine ni irrespect, mais je n’ai pas de temps à perdre à pisser aussi vainement dans un violon.

      Salutations

      • lors le 5 mars 2015 à 8 h 43 min

        vous n êtes pas seul MARC moi aussi je suis souverainiste anti-euro anti empire et considère que nous partageons beaucoup de valeurs chrétiennes avec la RUSSIE de POUTINE. Comme vous dans un récent papier je me demande si le FN ne veut pas être trop politiquement correct , mais c est a mon avis la dernière chance réelle de retrouver la FRANCE . Par ailleurs je ne recherche pas mes infos à une seule source :  » Les abeilles pillotent deçà delà les fleurs ; mais elles en font après le miel, qui est tout leur ; ce n’est plus thym, ni marjolaine… » MONTAIGNE LES ESSAIS, FORMATION DU JUGEMENT. Le schtroumpf lui pillote sur de la monoculture qui finit par faire mourir la terreau…

        • marc le 5 mars 2015 à 14 h 35 min

          sympa la citation, lors ! Pilloter, quel joli verbe !

          Nous sommes d’accord : cette volonté du FN à être accepté par le système (ligne Philippot) est parfois plus qu’agaçante : vouloir donner des gages à une oligarchie qui vous méprise (caste politique, médiacratie, CRIF et autres parasites de la Nation) est une preuve de manque de moelle, ou au moins de grande naïveté. Mais hors Marine, pas de solution aujourd’hui en France : et à mon avis, le pays ne peut plus se permettre d’attendre… en 2022, il sera sans doute déjà trop tard…

          Et nous sommes encore d’accord : l’histoire, la culture russes ont toujours fait de nos deux pays des nations aux liens tous particuliers. Les Russes aiment la France depuis toujours, et nous leur crachons à la gueule par médias et oligarchie interposés. Quel gâchis !

          amitiés

  3. teiki le 5 mars 2015 à 3 h 02 min

    Excellent comme toujours.

    • marc le 5 mars 2015 à 7 h 30 min

      Merci teiki, et bienvenue sur La Plume !

      amitiés

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