Voilà ce que c’est d’utiliser un calembour pour allumer un sous-fifre : le lendemain, quand son patron décide de nous faire un grand numéro d’équilibriste électoral, la vanne est déjà éventée… damned, j’ai déjà donné ! Et bien tant pis, je redonne, je me cite moi-même, puisqu’autant la dernière sortie du Pinocchio de l’UMP le mérite et ô combien, vous allez le voir !
Ca y est, il a donc « tranché » le grand Mamamouchi de l’auberge espagnole UMP ! Et comment ! Depuis les résultats catastrophiques pour son parti lors du premier (et pour l’UMP dernier) tour de la législative partielle du Doubs relatés hier sur La Plume, Sarkozy avait fait savoir qu’il exprimerait la position du parti ce mardi… ce qui n’avait pas empêché tel ou tel dirigeant (et non des moindres, nous l’allons voir) ou lieutenant de l’ancien-nouveau patron de la « droite républicaine » (comme ils disent) de prendre les devants, pour déclarer à peu près tout et son contraire : Dominique Bussereau avait lancé le bal, très vite suivi par Alain Juppé et Marie-Chantal Kociusko-Morizet sur le mode : « tout sauf le FN, je vote donc socialiste ! ». A quoi Henri Guaino, Bruno Lemaire et quelques seconds couteaux avaient rétorqué : « pas de front républicain, pas de consignes de vote ! ». Bref le grand écart de gala, la « droite (très) forte »… en désaccords, mais totalement incompréhensible en ligne politique. Rien de bien nouveau sous le soleil, en quelque sorte. On pouvait tout de même noter que NKM, vice-présidente du parti, et à ce titre la plus haute autorité UMP juste derrière le petit Nicolas, appelait ouvertement à voter PS pour faire barrage à la « bête immonde ». Ne manquait donc plus, en cerise sur ce mille-feuilles dans le plus pur style farce et attrapes, la déclaration de l’ex-président. On a attendu, puis on a vu… et j’ai furieusement envie d’ajouter « poil au… » ! Parce qu’en matière d’enfumage médiatique, de tartufferie politique, le chouchou à sa Carlita a vraiment fait très, très, très fort ! Allez, on y va…
N’écoutant que son courage… qui ne lui disait rien…
Le bureau politique était prévu pour 18 heures, et s’annonçait assez compliqué, entre tenants de positions apparemment totalement inconciliables. Préférant prendre les devants, Sarkozy décida donc de définir la ligne… avant la réunion officielle : on est démocrate, ou on ne l’est pas, pas vrai ? Face aux parlementaires de son parti, il a donc commencé par affirmer qu’il fallait… dire « non au FN ». Il a rappelé au passage l’élément qui est pour lui de TRES loin le plus important : Marine Le Pen est largement en tête dans les enquêtes d’opinion concernant les présidentielles de 2017, ce qui veut dire qu’elle risque d’être, aux yeux de l’électorat de droite, le plus dangereux concurrent du candidat UMP (et à qui pense-t-il, le bougre, question candidat ? Suivez son regard !). Si vous avez le plus grand mal à voir quel peut bien être le rapport entre une élection législative partielle dans le Doubs et la présidentielle de 2017, c’est que vous faites vraiment preuve de très mauvaise volonté… et j’ai honte pour vous !
Mais si l’on a appris à l’usage que le petit Nicolas avait bien la colonne vertébrale politique d’une anguille et des convictions aussi fermes qu’une motte de beurre abandonnée sur le court Suzanne Lenglen un jour de finale à Roland Garros, on sait qu’il n’est pas aussi désespérément stupide que nombre de ses collègues politiciens : qu’il sait donc pertinemment qu’il serait très mal vu, par une large majorité de ses électeurs potentiels en 2017 (et on est prié de ne pas oublier que c’est là SON essentiel sujet de préoccupation), de donner une consigne de vote comme celle suggérée par le binôme Juppé-NKM. Une consigne de vote qui du reste, et au point où en est l’évolution de l’électorat UMP sur cette question, aurait toutes les chances de rester totalement lettre morte… et l’autorité, déjà sacrément chancelante, du capitaine du Titanic UMP n’y résisterait d’ailleurs probablement pas.
Appeler à voter FN, plutôt s’arracher un bras… Appeler à voter PS, impossible parce qu’une telle consigne ne serait, on l’a dit, à coup sûr pas suivie… restait le « ni-ni » prôné par Henri Guaino. Seule position à peu près rationnelle certes, mais pas assez politiquement correcte pour s’attirer les indulgences de la sphère médiatique, encore plus anti-FN que notre oligarchie politique. Le choix impossible, le piège à cons intégral. Ne restait plus pour essayer de se sortir de ce très mauvais pas la tentative de l’astuce, la fausse neutralité, le double langage. Le double langage ? Bon sang, mais c’est bien sûr ! C’est justement la spécialité de Nicolas le petit ! C’est donc parti, mon rikiki !
Après une petite phrase qui n’engage à rien (« laisser les électeurs choisir »), Sarkozy a lâché le morceau. Je cite : « une victoire du FN au plan national n’est plus hypothétique…, nous ne donnons pas de consignes de vote aux électeurs du Doubs mais nous leur demandons de prendre en compte cette dimension ». CQFD. En clair, je ne vous dis pas de voter PS… mais je vous le suggère tout de même, et je vous demande de ne surtout pas voter FN ! Un faux ni-ni à la Guaino pour cacher un vrai ralliement à la Juppé. Chapeau l’artiste, même si j’ai bien plutôt envie d’écrire le clown : une telle fermeté de conviction, une telle clarté de décision, ça ne s’imagine pas, ça se rêve (et quand je dis «ça se rêve », c’est une façon de parler !).
UMPS, quand tu nous tiens…
Sacré Sarkozy… sacrée UMP… jusqu’où s’arrêteront-ils ? Il paraît que la vraie-fausse position de Pinocchio a provoqué quelques remous dans son parti. J’avoue que je trouve cela étrange : les hiérarques de ce machin auraient-ils la mémoire si courte ? Oublient-ils que Nicolas Sarkozy, c’est entre autres joyeusetés :
- Bernard Kouchner (PS) nommé Ministre des affaires étrangères en 2007.
- Le traité de Lisbonne, c’est-à-dire la Constitution européenne rejetée par le peuple en 2005, et revenue par la fenêtre, en une véritable forfaiture… grâce aux votes socialistes.
- Le retour dans le commandement intégré de l’OTAN, soit la vassalisation totale de la France au service de l’impérialisme américain… que Hollande, d’accord, s’est bien gardé de remettre en cause.
- La catastrophique, l’abominable opération libyenne, qui a détruit le pays le plus développé de tout le continent africain, fait sauter le seul verrou interdisant l’immigration de masse subsaharienne, qui a déclenché la ruée vers Lampedusa et, accessoirement, des centaines de milliers de morts, dont le décompte macabre est d’ailleurs très loin d’être fini… le tout sous impérium béhachélien (vous savez, le pote à Ségolène et à François, le fan de Mitterrand, le milliardaire de « gôche » bienpensante) et avec la bénédiction du PS.
- Le mariage homo avec lequel il a en vérité toujours été d’accord (il l’a dit avant 2012, et même écrit dans un livre)… comme Taubira et Belkacem.
- Le mondialisme à tout va : la fin des frontières, le politiquement correct, l’islam favorisé et caressé dans le sens du poil (Conseil du Culte Musulman avec l’UOIF en tête de gondole)… comme le parti à la rose et son satellite EELV.
C’est enfin et peut être surtout ceci, qu’il ne faudrait surtout pas, JAMAIS, oublier :
Alors je ne sais pas pour vous, mais pour moi… et à moins d’être « cocu de naissance » (1), je pense qu’il n’y a plus qu’à tirer la chasse d’eau. Sans rancune aucune, et à la tienne, Etienne !
Marc LEROY – La Plume à Gratter
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1) Dans le livre et le film éponyme La femme du boulanger, le Marquis (Charpin), voisin et ami du boulanger (Raimu), effondré de voir que celui-ci, cocufié et ridiculisé par sa femme partie gambader avec un berger de passage, s’apprête à fêter avec force cadeau le retour de la pécheresse, lui déclare : « ah bon ! Tu n’es pas cocu par accident : tu es cocu de naissance ! »
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