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Les familles de dealers devront quitter leur HLM : vraiment ? Par Gabrielle Cluzel

10 octobre 20130
Les familles de dealers devront quitter leur HLM : vraiment ? Par Gabrielle Cluzel 5.00/5 2 votes

Publié le : 10 octobre 2013

Source : bvoltaire.fr

Mardi, la cour d’appel de Versailles a confirmé la résiliation du bail de deux familles de dealers occupant des HLM à Boulogne-Billancourt. On nous dit que les familles ont six mois pour partir. Passé le 1er avril, dès la fin de la trêve hivernale, elles pourront faire l’objet d’une procédure d’expulsion. Une troisième famille sera fixée sur son sort le 29 octobre et une quatrième est déjà susceptible d’être expulsée.

La décision est assez rare pour qu’elle fasse les gros titres de la presse et pour que tout ce qui compte encore un peu de générosité dans notre pays s’en émeuve. Les frères et sœurs des dealers incriminés crient à la double peine, et l’avocat dénonce gravement une « décision à laquelle il s’attendait, dans une ambiance du tout répressif et d’intolérance montante en France ».

Pas de panique, les amis, mouchez votre nez et séchez vos yeux. D’abord parce que, de vous à moi, on demande à voir. Comme l’impression que le déménagement n’est pas pour demain.

La condamnation des dealers remonte à 2010 pour des faits avérés en 2009. Ce n’est qu’au mois de janvier dernier, nous l’évoquions déjà sur Boulevard Voltaire, qu’est intervenue la décision de première instance, confirmant la résiliation des quatre baux par l’office HLM des Hauts-de-Seine. On nous l’avait alors annoncé urbi et orbi, avec roulements de tambour solennels : les familles devraient quitter leur logement dès la fin de la trêve hivernale, soit fin mars 2013. On nous parle aujourd’hui d’avril 2014…

Autant être lucide : de pourvoi en cassation en trêve hivernale, les logements ne sont pas près d’être à nouveau disponibles sur la liste de l’office HLM des Hauts-de-Seine. Notez que, depuis le temps que l’on attend, on n’est plus à un an près.

Ensuite, parce que l’on peut compter sur le cœur gros comme ça de François Lamy, ministre délégué chargé de la Ville, qui l’annonçait déjà sur Europe 1 en janvier après la décision de première instance : « On va imaginer un dispositif qui soit dans l’ensemble du parc HLM et qui permette, avec l’anonymat qui est nécessaire, de ne pas mettre ces familles dans la rue. Il faut accompagner socialement les familles dans leur parcours. » Comprenez reloger dans d’autres HLM ces familles sourdes (aux avertissements et plaintes multiples dont les enfants faisaient périodiquement l’objet), aveugles (puisque seules du quartier à ne pas avoir vu le trafic organisé), et fort peu curieuses (des rentrées d’argent massives et des stockages de matériaux insolites dans leur appartement), en leur refaisant une virginité ? Tant pis pour les autres postulants que l’on va rétrograder, et puis surtout bonne chance pour les candides nouveaux voisins.

Être parents de délinquants en logement HLM n’est pas facile ? Être parents de victimes l’est encore moins. C’est une autre double peine, celle de la pauvreté et de l’insécurité. Mais où est donc le « dispositif » prévu pour les « accompagner socialement dans leur parcours » ? Ce farceur de François Lamy a dû le cacher.

Gabrielle Cluzel

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