Politique France

« Mur des cons » du Syndicat de la Magistrature : du minable au honteux…

26 avril 20131
« Mur des cons » du Syndicat de la Magistrature : du minable au honteux… 4.95/5 38 votes

… en passant par l’ignoble.

Certes, le dicton a bien raison : on est toujours le con de quelqu’un… Ce n’est pas La Plume à Gratter qui pourrait affirmer le contraire. Et votre serviteur n’a pas hésité régulièrement à désigner ici à l’attention de ses lecteurs d’une plume vengeresse, parfois acerbe, telle ou tel responsable politique, telle ou tel journaliste ayant fait assaut remarquable et particulièrement méritoire en matière de connerie. Les Palmarès de la Connerie Ambiante, entre autres billets d’humeur, sont là pour en témoigner (1, 2, 3).

Certes, plusieurs des nominés de ce « mur des cons » du Syndicat de la Magistrature semblent pouvoir très légitimement revendiquer le qualificatif que leur a attribué d’office cette organisation syndicale très clairement politisée à gauche (et qui avait d’ailleurs carrément appelé à voter Hollande aux dernières élections présidentielles, rappelons-le). Difficile en effet de ne pas aussitôt penser au petit vocable de trois lettres immortalisé par l’ami Brassens lorsque l’on évoque des personnalités aussi remarquables que Nadine Morano, Eric Raoult, David Pujadas ou Bernard Laporte… Mais si l’on peut en revanche apprécier ou non Eric Zemmour, Alain Bauer, Christian Vanneste, Alain Soral ou Robert Ménard (entre autres), il paraît bien peu judicieux de les traiter de cons pour autant. Sauf bien-sûr à qualifier tous ceux qui ne pensent pas comme vous de cons. Force est alors de constater que le dénominateur commun de l’immense majorité des promus de ce mur n’est pas la connerie mais bien plutôt l’expression affichée, à un certain moment et sur un quelconque sujet, d’une opinion clairement divergente de la bien-pensance « gaucho-droits-de-l’hommiste » à front de taureau, qui semble donc devoir être l’alfa et l’oméga indépassables en matière d’intelligence de nos petits juges de la pensée conforme encartés au SM.

Il n’est pas anodin de constater à cet égard que le presque seul homme politique socialiste honoré sur le « mur des cons » est Manuel Valls, un ministre « de gauche » faisant ouvertement la même non-politique « de droite » que celui qui fut son prédécesseur place Beauvau avant d’être élu Président de la République, j’ai nommé Pinocchio Sarkozy. L’efficacité d’un positionnement médiatique dur en paroles bien plus qu’en actes ayant hélas fait dans les sondages la preuve de son efficacité, celui qui sait surtout faire gazer mères de famille, vieillards et enfants dans des manifestations citoyennes et pacifiques ou faire verbaliser les passants pour cause de port de T-Shirt de la Manif pour Tous dans les jardins du Luxembourg, et dont l’ambition politicienne est telle qu’elle l’oblige à se promener partout le nez au vent pour éviter que ses dents ne rayent le parquet, ne pouvait dès lors qu’exhiber un peu partout en paroles sarkoziennes jusqu’à la caricature les gros bras qu’il n’a pourtant pas plus que son illustre modèle. Valls, pauvre clône de Sarkozy… Ce qui a donc très largement suffit à le voir épinglé sur le « mur des cons » du Syndicat de la Magistrature. Pourtant, si Manuel Valls est certainement une crapule politicarde arriviste de la pire espèce, il est tout ce que l’on veut sauf un con, justement.

On est toujours le con de quelqu’un…

Certes, la moquerie, l’ironie, la mauvaise foi même sont des conséquences inévitables de la vie démocratique. Parfois pour le meilleur, souvent pour le pire : elles peuvent ainsi et aussi bien nous offrir -parfois- un Pierre Desproges que nous infliger -souvent- un Stéphane Guillon. Et certains ont donc eu beau jeu dans un premier temps de relativiser la portée de cette lamentable histoire : « blague de potache », « espace privé », « défouloir »… il n’y aurait vraiment pas là de quoi fouetter un chat. Voire… Car ce qui pourrait effectivement être un argument tout à fait recevable presque partout ailleurs ne l’est justement plus du tout dès lors qu’il s’agit d’évoquer la justice et ceux qui sont censés la rendre. Les membres du SM qui ont érigé ce « mur des cons » (et pour une écrasante majorité d’entre eux bien évidemment classés politiquement « à droite ») sont des juges de la République. Censés être, à ce titre, impartiaux, et donc, apolitiques. Bien-sûr, chacun d’entre eux a bien le droit d’avoir une sensibilité politique personnelle, une grille de lecture philosophique, religieuse ou sociétale, des affinités, des valeurs qui lui sont propres. Mais certaines professions, certaines fonctions imposent en tout premier lieu à ceux qui les exercent ou les occupent , un sens de la déontologie, une aptitude radicale à justement s’exonérer de ces déterminismes individuels qui ne sauraient souffrir la moindre exception.

C’est le cas -ou plutôt cela devrait être le cas, car on en est en vérité très, très loin- notamment du métier d’enseignant du service public, et donc à l’évidence de celui de magistrat. Car comment l’un des potentiels justiciables épinglés sur ce fameux mur pourrait-il seulement espérer, en cas de procédure judiciaire et pour quelque raison que ce soit, être traité avec impartialité par un des juges affiliés au Syndicat de la Magistrature (pour rappel, 30% des juges français sont membres dudit syndicat), juge le considérant donc dès le départ comme un con, voire même un nazi en herbe (Brice Hortefeux est par exemple qualifié d’ « homme de vichy » sur le mur du SM) ? Comment justice impartiale et pareille police de la pensée pourraient-ils donc faire bon ménage ?

Mais si le « mur des cons » du SM est particulièrement minable sur la forme et donc véritablement honteux sur le fond, il sait aussi se vautrer carrément dans l’ignoble. Car non content de désigner à la vindicte syndicalo-bienpensante politiciens et journalistes, magistrats et avocats « non-conformes »,  intellectuels et célébrités diverses et variées, il épingle encore et surtout à son palmarès de l’infamie Jean-Pierre Escarfail, le père de la malheureuse Pascale, jeune fille violée et tuée par Guy Georges, ou Philippe Schmitt, père d’Anne-Lorraine, violée puis assassinée de 34 coups de couteau par un récidiviste dans le RER en 2007. Celui-ci, bouleversé par le drame affreux qu’il venait de vivre, avait il est vrai notamment osé critiquer les libérations irresponsables de violeurs récidivistes et le laxisme de certains juges d’application des peines… De quoi justifier donc, aux yeux de nos chers magistrats du SM, le qualificatif de « con ». A ce stade de saloperie intégrale, l’envie de vomir n’est plus très loin.

Ayant initialement pris l’affaire par-dessus la jambe, et bien plus encore avec un petit sourire narquois, devant le scandale qui s’amplifie, le gouvernement, le Parti Socialiste et Christiane Taubira (madone du mariage gay, et donc nouvelle sainte du petit monde politico-médiatique) elle-même se sentent donc aujourd’hui obligés de condamner du bout des lèvres cette « action de potache » (dixit Françoise Martres, présidente du SM), cette « démarche inappropriée » (dixit Marisol Touraine, la Ministre des Affaires sociales et de la Santé), tandis que le sénateur socialiste Jean-Pierre Michel, celui-là même qui s’est récemment particulièrement illustré grâce à son remarquable sens du dialogue dans le vrai-faux débat sur le fameux et fumeux Mariage pour Tous, d’ailleurs ancien membre du Syndicat de la Magistrature dont il a même été l’un des fondateurs et le premier secrétaire général (ceci expliquant sans doute cela), droit dans ses bottes de petit kapo de la pensée conforme déclare pour sa part carrément : « je trouve ça plutôt rigololes personnes raillées… N’ont que ce qu’elles méritent »…

Mais ne nous y trompons pas : c’est bien l’esprit SM, celui-là même qui a érigé ce désormais fameux « mur des cons », qui règne aujourd’hui plus que jamais au gouvernement, et plus singulièrement au Ministère de la Justice. C’est bien tout le cabinet de Christiane Taubira, tout le ministère qui suit les diktats du Syndicat de la Magistrature. « Il y a eu un changement de ton très net. On respire mieux Place Vendôme », avait ainsi carrément déclaré Xavier Gadrat, le secrétaire national du SM lorsque la garde de Sceaux s’était rendue -fait d’ailleurs en lui-même totalement invraisemblable- au congrès du syndicat en novembre dernier. Changement de ton ? En effet, puisque presque toutes les mesures prises par Christiane Taubira (suppression des peines planchers, de la rétention sûreté, des tribunaux correctionnels pour les mineurs,…) collent d’on ne peut plus près aux désidératas du Syndicat de la Magistrature. Et si celui-ci « respire mieux » place Vendôme, c’est aussi parce qu’il y croise de très nombreux amis : plusieurs des conseillers et chargés de mission du cabinet (pénitentiaire, récidive) sont en effet directement issus du Syndicat, et lorsque la ministre confie la direction d’un groupe de travail à un magistrat, c’est très généralement une personnalité estampillée SM qui est choisie, au grand dam d’ailleurs de l’USM (Union Syndicale des Magistrats), syndicat pourtant majoritaire, mais estampillé « de droite ». Il y a peu encore, c’est bien à Nicole Maestracci, éminente personnalité du SM s’il en est (et par ailleurs nommée au Conseil constitutionnel par François Hollande) que la garde des Sceaux a confié la fameuse « conférence de consensus » (sic) sur la lutte contre la récidive, ce qui devrait définitivement rassurer ce « con » de Philippe Schmitt… Avec Taubira aux manettes, on n’en a donc pas finit de la « justice » politique à la sauce SM !

Pour finir, qu’il soit permis à l’auteur de ces lignes de citer l’une de ces fameuses répliques signées par le Grand Michel Audiard dans l’indépassable film de Georges Lautner Les Tontons Flingueurs, réplique d’ailleurs en passe de devenir LA citation de référence, obligatoire, incontournable, définitive, par les tristes temps qui courent : « Les cons, ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît ! ». N’est-ce pas, le SM ? N’est-ce pas Jean-Pierre Michel ?

Marc LEROY- La Plume à Gratter

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Une réponse pour « Mur des cons » du Syndicat de la Magistrature : du minable au honteux…

  1. campagnard56 le 28 avril 2013 à 13 h 54 min

    Bonjour a tous,
    Veuillez d abord m excuser pour l absence d accents et autres apostrophes mais j ecris avec un clavier qwerty.

    Rien de bien nouveau au sein de la magistrature francaise qui est gangrenee.

    Je tiens a rendre hommage a votre ecriture et soutiens votre vision de la societe, son diagnostic et son devenir si la situation n evolue pas comme nous sommes nombreux a le penser.

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