Politique France

« Affaire Depardieu » : la chasse au Gégé est ouverte depuis un mois…

24 décembre 20122
« Affaire Depardieu » : la chasse au Gégé est ouverte depuis un mois… 4.87/5 30 votes

… Il serait maintenant grand temps de la tirer !

Ce fut le buzz du mois de décembre sur Internet, et le sujet d’article favori de tous nos merdias papier ou audiovisuels, bien plus encore que la terrifiante tuerie du Connecticut, les aventures tragi-comiques d’Arnaud Montebourg à Florange, ou la tartufferie propagandiste permanente du lobby LGBT et de Najat Vallaud-Belkacem en faveur du mariage gay. Bien plus surtout que les évènements sérieux de politique intérieure ou étrangère, que les véritables sujets de la VRAIE actualité. Un de ces esbroufes médiatiques, après le « droit au mariage », le « droit à l’enfant » et avant cet autre grand débat forcément essentiel qui ne saurait tarder sur le « droit à l’euthanasie », ces réformettes sociétales dont l’immense majorité des Français se fiche comme d’une guigne, mais qui sont présentées comme capitales par le gouvernement Ayrault quand elles sont en réalité destinées -dans l’esprit hypocrite et pervers d’un pouvoir et d’une presse aux ordres- à détourner l’attention des vrais sujets qui fâchent et même qui tachent, dans un monde qui s’écroule sous nos yeux. Car tout ce qui a constitué notre nation, notre civilisation part en capilotade : dilution et aujourd’hui abandon pur et simple de la souveraineté nationale par nos gouvernants de droite comme de gauche (le tristement fameux UMPS), absence totale de volonté de défendre l’intérêt général chez nos « élites », qui prennent systématiquement fait et cause pour cette Europe de Bruxelles et cette mondialisation économique sauvage qui détruisent notre industrie, notre économie et un à un tous nos acquis sociaux, qui érodent toutes les spécificités de la Nation française, encouragent la destruction de notre école publique, flattent le nivellement par le bas, favorisent l’immigration de masse, le communautarisme tous azimuts, j’en passe et des meilleures…

Pas moyen donc depuis au moins quinze jours d’ouvrir un quotidien, d’écouter une radio, de regarder un journal télé sans tomber sur le systématique lynchage du mauvais citoyen Depardieu, sur la trahison d’Obélix, la fuite honteuse de Cyrano. Ce fut un festival de condamnations, de jugements lapidaires, d’insultes, de unes et d’éditos vengeurs de journalistes scandalisés. Dans la meute journalistique justement, la médaille de l’abjection avec grand cordon et palmes revient sans conteste et bien qu’il y ait eu concours à une certaine Christine Lambert de Marianne.net, pour son si délicat Casse-toi pochtron du 15 décembre : la presse française n’avait plus réussi à nous pondre une une d’aussi mauvais goût depuis le fameux casse-toi riche con de Libération sur Bernard Arnault. Et tout le contenu de l’article suivant ce titre si délicat n’est qu’une longue logorrhée qui suinte la haine à toutes les lignes. Chapeau madame !

Je dois dire que ce feuilleton médiatique commence très sérieusement à me courir le haricot tant chaque jour il sent un peu plus les égouts, et même commence carrément à présent à puer le vieux cabinet… Et ce n’est pas le fameux « billet » d’un Philippe Torreton en justicier masqué, en Zola de Prisunic, qui risquait de relever le niveau : quand un nain de jardin part à la chasse à l’éléphant, le ridicule n’est jamais loin. Alors, et même si elle le fait à contre cœur pour les raisons évoquées plus haut, La Plume à Gratter se devait d’aborder l’« affaire Depardieu », d’en parler une bonne fois pour toutes, avant d’enfin tirer la chasse.

Le lynchage médiatique est toujours une bassesse de médiocres

Je n’ai jamais aimé les chasses en meute. Citant Victor Hugo, j’ai toujours eu tendance à faire miens les premiers vers d’un fameux poème de l’auteur de Notre Dame de Paris : « J’aime l’araignée et j’aime l’ortie, Parce qu’on les hait ». Dès que je vois un quidam quel qu’il soit être victime d’un lynchage, fut-il médiatique, j’ai instinctivement, viscéralement tendance à prendre son parti contre la masse déchaînée. Question de principe, de configuration mentale, de colonne vertébrale à peu près verticale (on essaie en tout cas). De prime abord, tout m’incitait pourtant à regretter et même à réprouver l’exil fiscal annoncé de Gérard Depardieu. Il est toujours déplaisant d’apprendre qu’un contribuable français aisé décide de s’exiler à l’étranger, fut-ce à cinq-cents mètres de la frontière, pour fuir le fisc. Sauf que… Lorsque la meute qui fait chasse est composée entre autres de Jean-Marc Ayrault, Harlem Désir, Aurélie Filippetti, Noël Mamère, Claude Bartolone, Philippe Torreton et autre Jean-Michel Apathie, on en vient très vite à se méfier et à y regarder d’un peu plus près. Quand on a de tels ennemis, on ne peut pas en effet être tout à fait mauvais ! Et quand participent à la curée jusqu’à une Marine Le Pen ou un Nicolas Dupont-Aignan qu’on avait pourtant connus nettement plus inspirés (Dupont-Aignan notamment qui a carrément franchi le mur du çon à une vitesse stratosphérique en comparant Gérard Depardieu avec les collabos sous l’occupation nazie…Rien que ça… Bravo, mon petit Nicolas !), on a envie de crier STOP !

Le deux poids deux mesures pour un forcément méchant artiste « sarkoziste »

Il y a des décennies que des gens aisés ou carrément richissimes quittent la France pour aller s’abriter sous des cieux fiscaux plus cléments. Nouveaux riches et héritiers d’empires industriels, capitaines d’entreprises, sportifs professionnels, artistes en tous genres… La liste est tellement longue qu’elle sera bientôt la copie conforme du Who’s Who. C’est ainsi qu’il y a de cela près de 45 ans tout de même (1975) Charles Aznavour est allé planquer ses sous en Suisse. 45 ans, c’est un bail… C’est en tout cas plus que toute la carrière de Gérard Depardieu, ce qui a sans doute largement permis au premier de mettre « à gauche » certainement encore plus que les 145 millions d’euros que Depardieu a donc déboursé jusqu’à aujourd’hui pour la communauté nationale. Cela n’a pas empêché Little Big Charles d’être -et durant son exil fiscal- élevé au grade de commandeur de la Légion d’Honneur… Ce qui ne manque pas de sel, convenons-en !

Et il est très loin -comme on l’évoquait plus haut- d’être le seul à avoir choisi ainsi que ce soit pour un temps ou plus définitivement l’éloignement pour raisons fiscales : Johnny Hallyday, son fils David, Isabelle Adjani , Patricia Kaas, Michel Polnareff, Alain Delon, Florent Pagny, Marie Laforêt, Michelle Laroque, Daniel Auteuil, Laetitia Casta, José Garcia, Dany Boon, Omar Sy ou Emmanuelle Béart pour les artistes, Marc Lévy, Michel Houellebecg ou Eric-Emmanuel Schmidt pour les écrivains, Guy Forget, Yannick Noah, Amélie Mauresmo, Jo-Wilfrid Tsonga et l’intégralité des joueurs et joueuses de tennis français (à l’exception notable de Nathalie Tauziat), tous nos meilleurs footballeurs, les pilotes automobiles Sébastien Loeb, Jean Alesi ou Alain Prost pour les sportifs, sans parler des grands patrons ou héritiers de grandes fortunes comme la famille Mulliez (Auchan), Eric Peugeot, Daniel Hechter, Jean-Louis David, Jean Taittinger, Philippe Hersant, Claude Berda (AB Groupe), Corinne Bouygues, Alain Afflelou, la famille Defforey (Carrefour), la famille Halley (Promodès), Gérard Bourgoin (Poulets de Loué )… Et la liste est très loin d’être exhaustive : on pourrait continuer ainsi un bon moment.

Parmi les nommés ci-dessus, quelques uns méritent tout particulièrement le détour.

Ainsi Emmanuelle Béart, militante acharnée de la générosité et de la solidarité, toujours prête à protester avec le DAL, à crier sa révolte sur les plateaux télé devant le manque de générosité de la France vis-à-vis des sans-papiers. Une passionaria de gauche qui se planque en Belgique pour ne pas payer ses impôts… Classieux comme aurait dit Gainsbourg, non ?

Ainsi Dany Boon, qui dès le succès invraisemblable de Bienvenue chez les Chtis a pris la poudre d’escampette fiscale direction les Etats-Unis, ce qui ne l’a bien-sûr pas empêché par la suite de donner des consignes électorales pour contrer  Marine Le Pen à Hénin-Beaumont. Un acteur richissime (tant mieux pour lui) qui se sauve dès ses premiers millions encaissés pour ne pas payer trop d’impôts, et qui se permet ensuite de dire aux Français comment ils doivent voter… Classieux aussi, non ?

Enfin cerise sur le gâteau… Yannick Noah. Noah, qui durant la quasi-totalité de sa carrière tennistique a été un exilé fiscal en Suisse. Qui l’a encore été durant une partie de sa carrière artistique. Qui non content d’avoir été exilé fiscal, a aussi -et contrairement à Gérard Depardieu- carrément fraudé le fisc pendant plusieurs années… Et qui refuse encore aujourd’hui de régulariser sa situation. Mais pendant que Depardieu faisait ce printemps -il est vrai assez pathétiquement- le kéké pour Nicolas Sarkozy, Noah appelait lui et dans ses meetings à voter pour François Hollande. L’un avait choisi le camp du mal, l’autre celui du bien. « Selon que vous serez de gauche ou de droite, les jugements de presse vous feront blanc ou noir » pourrait dire l’adage en vigueur dans nos chers médias français. On en a d’ailleurs la confirmation avec la différence de traitement médiatique sidérante des casseroles supposées d’Eric Woerth il y a de cela deux ans et de celles -également à cette heure supposées-  de Jérôme Cahuzac aujourd’hui : dans le premier cas, il était urgent de lyncher, dans le second, il est devenu urgent d’attendre d’en savoir plus !

Des journalistes qui donnent des leçons de patriotisme et de civisme… Du haut de leur abattement fiscal !

La aussi, on est prié de ne pas rire : les journalistes qui fustigent un Depardieu fuyant la France pour ne plus être taxé à 85% (soyons honnêtes, qui accepterait un tel taux d’imposition sans grincer des dents ?) sont les mêmes qui se battent comme des diables depuis des années pour qu’on ne touche surtout pas à leur abattement fiscal, abattement pourtant aujourd’hui totalement indu (il était à l’origine censé prendre en compte des notes de frais qui sont à présent intégralement réglées par les journaux et entreprises de presse audiovisuelles. Et du reste, à quoi pourraient bien correspondre les notes de frais d’un David Pujadas, d’un Alain Duhamel ou d’un Jean-Michel Apathie ?). Mais qu’importe, les journalistes veillent au grain, et les politiques (eux-mêmes protégés par un statut fiscal privilégié) ne se font pas prier pour leur donner satisfaction : le Sénat vient ainsi en novembre 2012 de maintenir leur abattement fiscal. « Merci la droite, merci la gauche ! Quel plaisir de travailler pour vous, on est heureux comme des fous », auraient pu en leur temps chanter d’autres charlots !

Face à ce défilé de belles âmes qui bénéficient d’un statut fiscal très favorable, Depardieu a beau jeu de mettre en avant sont imposition 2011 carrément confiscatoire de 85% et de préciser dans sa lettre ouverte du JDD « j’ai commencé à travailler à l’âge de 14 ans comme imprimeur, comme manutentionnaire puis comme artiste dramatique. J’ai toujours payé mes taxes et impôts quel qu’en soit le taux sous tous les gouvernements en place ». Il pourrait ajouter que contrairement à la plupart de ses collègues artistes, il a tout de même lui attendu l’âge respectable de 63 ans, et même le déclin d’une carrière incroyablement et effectivement « richement » remplie pour enfin quitter la France.

Depardieu ajoutant dans sa réponse à Ayrault et en guise de bouquet final, de coup de pied de l’âne, un assassin : « Nous n’avons plus la même patrie, je suis un vrai Européen, un citoyen du monde, comme mon père » qui pète à la figure de tous ces cuistres donneurs de leçons qui aujourd’hui lui crachent dessus.

Les européistes pris à leur propre jeu, ou le festival des faux-culs

Car le plus cocasse dans cette histoire est là : ce sont bien ceux-là mêmes qui l’accablent que Depardieu pourrait citer à la barre comme témoins de la défense dans le procès médiatique qui lui est intenté aujourd’hui. « Vrai européen, citoyen du monde » qu’il nous dit le Gégé… Et de fait, il applique à la lettre en partant à Néchin l’Acte Unique Européen qui prévoit la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes. Et qui a négocié et mis en place cet Acte Unique ? Le gouvernement dirigé à l’époque par Laurent Fabius, notre actuel Ministre des Affaires Etrangères ! Qui l’a défendu à longueur de colonnes dans les journaux et à coup d’éditoriaux radio et télé ? Les journalistes qui n’ont pas de mots assez durs pour fustiger Depardieu ! Qui a vanté et voulu la ratification du traité de Maastricht ? Qui a entériné les négociations du Gatt entrainant l’ouverture intégrale des frontières ? Qui a appelé à voter oui au traité constitutionnel européen, si ce n’est toute la classe politique UMPS et la quasi intégralité de la presse française ? Qui a totalement soutenu ensuite le traité de Lisbonne porté par Sarkozy, qui faisait entrer par la fenêtre de la maison France le traité constitutionnel pourtant rejeté par les Français et par referendum deux ans plus tôt ? Qui vient de faire voter par l’ Assemblée Nationale le traité budgétaire européen et soutient ce fameux MES (mécanisme européen de stabilité) prévoyant de transférer à Bruxelles le contrôle du budget français, et donc des impôts de nos compatriotes ?

Lorsque Depardieu se revendique « citoyen européen », il a donc beau jeu de mettre en avant une « qualité » que les socialistes français présentent comme étant une nécessité et dont ils ont fait le but ultime à atteindre, leur unique ambition pour la France depuis près de trente ans. Et ce sont donc aujourd’hui les mêmes qui, pris à leur propre piège, l’accablent de reproches ou même l’agonissent d’injures ?

Avouez que dans le même temps où l’on se pince le nez, on peut tout aussi bien avoir envie d’en pisser de rire !

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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2 Responses to « Affaire Depardieu » : la chasse au Gégé est ouverte depuis un mois…

  1. NOURATIN le 25 décembre 2012 à 20 h 51 min

    Oui,cependant, vous comme moi et bien d’autres, nous rions tous jaune parce que cette espèce de décadence vomitive, l’hypocrisie abominable de nos petits dictateurs de la pensée, les ânerie qu’on tente de nous faire gober à longueur de temps, tout cela devient douloureux, à force.
    Si je pouvais partir, je crois que j’irais le plus loin possible, pas à cinq-cent mètres…
    Amitiés.

  2. Bluebair le 24 décembre 2012 à 22 h 35 min

    La Plume, toutes mes confuses, au moment de mettre mes 5 etoiles a cet article qui en merite six ou sept, mon doigt a glisse sur mon Android et a effleure le 4… c’est sensible, ces ecrans, mince.
    Alors les 4.9 sur 5 c’est moi… OUIIIINNNN!
    On peux reparer?

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