Société France

Profanation de lieux de culte et respect de la religion : le deux poids, deux mesures…

21 octobre 20121
Profanation de lieux de culte et respect de la religion : le deux poids, deux mesures… 5.00/5 21 votes

… Des tartuffes de gauche

La dernière initiative d’un collectif baptisé Génération Identitaire n’en finit pas d’agiter et d’indigner le petit monde de la bienpensance politique, principalement à gauche. Le collectif en question a investi pendant six heures ce samedi 20 octobre non pas la mosquée, mais bien -et seulement- le chantier de la grande mosquée de Poitiers (qui n’est pas terminée et n’a donc pas encore été consacrée lieu de culte) pour protester contre « l’islamisation de la France », déployant pendant quelques heures une banderole « 732, génération identitaire » sur le toit de cet édifice. Le même collectif Génération Identitaire réclamant en cette occasion la mise en place d’un référendum national sur l’immigration et la construction de lieux de culte musulmans en France.  Cette action a aussitôt été dénoncée comme étant une « provocation inacceptable » par notre Premier Ministre Jean-Marc Ayrault.

Quoique l’on puisse penser sur le fond de cette opération qui a bien été -et contrairement à ce que certains cherchent aujourd’hui à nous faire croire- une action non violente, il est particulièrement intéressant et révélateur de relever les réactions qu’elle a suscitées, notamment chez les principaux partis politiques de gauche.

Ainsi le Parti Socialiste, par la voix de son désormais tout nouveau premier secrétaire Harlem Désir, qui a déclaré : « Je condamne avec la plus grande vigueur l’occupation de la future mosquée de Poitiers par le groupe d’extrême droite Génération Identitaire. Je condamne cet acte de haine commis par des fanatiques violents qui agressent non seulement les musulmans de France mais aussi la République qui garantit la liberté de culte et  le principe de laïcité. Je demande la dissolution de ce groupuscule fanatique dont les agissements violents sont une menace pour l’ordre public, la sécurité des personnes et pour la cohésion républicaine ».

On commencera par faire remarquer à monsieur Désir, qui prend en l’occurrence son patronyme pour une réalité, qu’on peut chercher pendant des heures et toujours en vain la moindre trace de « fanatiques violents qui agressent » et de « menace pour l’ordre public » dans l’action en question. Il est de plus particulièrement savoureux de relever que c’est bien l’ancien responsable emblématique de SOS Racisme qui condamne aujourd’hui et avec une telle vigueur une action médiatique et revendicative, certes par ailleurs discutable, voir contestable, mais pour l’unique raison que ceux qui l’ont menée ne pensent pas comme lui. Car quelle a été de tout temps la politique de communication de SOS Racisme, si ce n’est justement de monter de telles manifestations et actions « commando » spectaculaires pour parvenir à attirer l’attention des médias ?

Jean-Luc Mélenchon, le co-président du Parti de Gauche, bouffeur de curé notoire s’il en est, a de son côté et une nouvelle fois démontré que sa laïcité de combat est bien à géométrie très variable : pourfendeur obsessionnel du catholicisme, mais défenseur zélé de certaines autres religions -en cette occasion de la religion musulmane- il a en effet déclaré : « La violence de l’extrême droite vient de franchir un seuil incompatible avec la République. Les groupes coupables doivent être dissous! » ajoutant encore « dorénavant, en plus de l’antisémitisme rampant ou ouvert qui l’a toujours infecté, elle milite ouvertement pour la haine des musulmans. Adepte du choc des civilisations, elle voudrait diviser les Français selon leurs religions. Mme Le Pen, qui voulait interdire les kippas et les foulards dans la rue, a été entendue. Dans la même veine ses émules sont passées aux actes contre des bâtiments », et demandant enfin qu’ « une enquête soit menée sur les éventuelles complicités… ».

« Violence…Extrême…Incompatible avec la République…Coupable… Antisémitisme…Rampant… Infecté… Haine… » On appréciera au passage le vocabulaire tout en nuances de la Méluche, qui se dresse encore une fois avec emphase et même avec violence contre un fascisme qui n’existe en l’occurrence évidemment pas. Mais l’outrance et la haine -réelle, cette fois, et tout comme pour son petit camarade de jeu Harlem Désir- envers ceux qui commettent le crime de ne pas penser comme lui sont, il est vrai et on le sait depuis un bon moment déjà, les principales marques de fabrique du bonhomme. Au nom de la défense de la démocratie, de la solidarité, de la générosité et de la tolérance, bien entendu !

Le Parti Communiste a pour sa part déclaré dans un communiqué : « cette provocation stupide et pleine de fiel est inacceptable »… « Ce groupuscule doit être dissous et ses responsables poursuivis pour provocation à la haine raciale », ajoutant dans son communiqué « Cette provocation est la provocation de trop. (…) Il faut que les pouvoirs publics se ressaisissent au plus vite ».

« Haine raciale », nous affirme donc le PCF… Mais en quoi la dénonciation, voire même la détestation éventuelle de l’Islam, religion universaliste (comme le catholicisme, et contrairement par exemple à l’hindouisme ou le judaïsme) réunissant de ce fait des fidèles noirs, blancs ou jaunes et ne pouvant donc en aucune manière être définie par des critères raciaux pourrait-elle donc bien relever du racisme ? Une fois de plus, le Parti Communiste fait donc ce « crétinissisme » amalgame islamophobie-racisme qui resurgit systématiquement dès que quelqu’un ose questionner la compatibilité de la religion musulmane avec la laïcité républicaine à la française…

EELV s’est « contenté » de son côté et par la voix de son antenne locale de demander « la condamnation de ces militants d’extrême droite pour trouble à l’ordre public ».

On attend encore -et non sans une certaine impatience- le communiqué du parti groupusculaire du vrai-faux facteur Olivier Besancenot…

Il est évident en effet qu’un collectif qui réclame -et que l’on soit d’accord ou non avec lui n’y change absolument rien- en réalité et tout simplement… Un référendum, est « incompatible avec la République », et « trouble l’ordre public »... L’heure est donc effectivement grave, et on attend désormais l’appel à la délation des « éventuels complices » évoqués par Mélenchon, puis l’ordre de mobilisation générale pour sauver la Patrie en danger, et enfin, si besoin est, le retour prochain de la guillotine place de la Concorde pour châtier les vilains fascistes islamophobes !

Cette hystérie devant la « foi musulmane outragée » ne manque en vérité pas de sel quand on se rappelle que ce sont quasiment systématiquement les mêmes qui avaient défendu, et avec quelle vigueur, une sacro-sainte liberté d’expression face à toutes les religions, revendiquant même le droit absolu au blasphème, lors des fameuses polémiques médiatiques ayant suivi l’exposition « artistique » du Piss Christ en Avignon, les manifestations dénonçant la scénographie toute en subtilité de la pièce Golgota Picnic, ou la publication des secondes caricatures de Mahomet par Charlie Hebdo. Autant de provocations ayant elles aussi choqué des croyants et défrayé la chronique mais acceptées et même justifiées, elles, au nom donc de cette fameuse laïcité de la République Française. Acte laïc, le fait d’exprimer publiquement et spectaculairement sa christianophobie ? Oui, et plutôt mille fois qu’une ! Acte laïc, que d’afficher (en jouant cependant à ce sujet sacrément les faux-culs) son islamophobie de gauche façon Charlie Hebdo? Oui, avec quelques pincettes, mais oui tout de même… Mais acte laïc, que d’exprimer une islamophobie « identitaire », supposée de droite cette fois ? Ah non alors, là c’est une autre chose ! Vade retro, satanas, la peste brune est immédiatement de retour ! Enfin, et en étant cette fois vraiment très taquin … Acte laïc, que d’exprimer une éventuelle judéophobie (purement religieuse évidemment) ? Euh… Oui… Bon… Là, changeons carrément de sujet, le terrain étant légalement, et plus encore médiatiquement (c’est bien le seul d’ailleurs) définitivement interdit.

Ces appels à la vengeance d’une République laïque outragée, malgré leur sidérant excès, ont bien déjà été entendus : plusieurs membres du collectif Génération Identitaire ont été placés en garde à vue pour « incitation à la haine raciale, participation à un groupement en vue de la préparation de dégradation de biens et vol en réunion, vol et dégradation en réunion »… Rien que ça ! Pour le déploiement d’une banderole presque absconse et une simple demande de référendum… On ne peut que se montrer un brin perplexe devant un tel zèle, surtout lorsque l’on songe -et ce ne sont que des exemples parmi d’autres- aux très nombreuses prières de rue (notamment celles de la rue Myra) pourtant totalement illégales qui n’ont-elles jamais été sanctionnées, ou à ces innombrables squats, réellement accompagnés eux de « dégradation de biens », totalement hors-la-loi mais pourtant largement tolérés par les autorités, squats dont certains durent d’ailleurs depuis plus de dix ans.

Selon que vous êtes politiquement correct ou pas, la justice vous fera blanc ou noir

Mais le plus frappant en fait, c’est bien le deux poids, deux mesures qui préside au traitement politique, médiatique et demain sans doute judiciaire de cette lamentable histoire.

Car rappelons-nous donc un peu et, une fois encore, pour l’ exemple :

Le 07 avril 2008 au matin, jour du passage de la flamme olympique à Paris, Robert Ménard, secrétaire général de Reporters sans Frontières et Jean-François Julliard, responsable de la recherche à RSF, investissent illégalement le sommet de la cathédrale Notre-Dame de Paris, y campent pendant plusieurs heures en compagnie de deux guides de haute montagne les ayant assistés lors de l’escalade, non sans avoir déployé sur la facade de la cathédrale une banderole dénonçant le régime chinois et réclamant le boycott des Jeux olympiques de Pékin… Provocation aux croyants, déploiement de banderole, occupation illégale d’un lieu de culte pendant plusieurs heures (lieu de culte dûment consacré lui et ô combien représentatif, mais chrétien, ce qui est apparemment nettement moins grave !)… Comme dans l’affaire de Poitiers, tout y est ! Mais on attend encore aujourd’hui les condamnations indignées des partis évoqués plus haut au nom du respect de la foi et de la dénonciation de la haine raciale. Et si à l’époque un Mélenchon exprima bien une divergence de vue très nette sur le bien-fondé de l’opération de RSF, il ne lui vint pas le moins du monde à l’idée cette fois là de demander des poursuites contre ces Reporters sans Frontières « adeptes du choc des civilisations », et encore moins de demander la dissolution de leur association pour incitation à la haine raciale. Les chinois avaient pourtant été terriblement choqués eux aussi  -on se demande bien pourquoi, tiens !- par cette manifestation qu’ils ne manquèrent pas d’assimiler à une forme de racisme.  Mais manifestation apparemment donc bien cent pour cent « démocratique, laïque et républicaine » pour nos chers partis de gauche, contrairement à celle de samedi à Poitiers.

Beaucoup plus récemment, et si l’on passe sur les épisodes « artistiques » français évoqués plus haut (Piss Christ et Golgotha Picnic), l’affaire des Pussy Riots en Russie…Vous savez, ces fameuses Pussy Riot, devenues du jour au lendemain des stars mondiales, ou plus exactement « occidentales », grâce à des médias notamment français totalement énamourés. Les Pussy Riot… Si l’on traduit de l’anglais (alors qu’elles bien sont russes) littéralement les « chattes déchaînées » ou plus exactement « l’émeute des chattes », le mot chatte n’évoquant en rien pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris le petit félidé qui ronronne sur le canapé du salon. Ces musiciennes sans musique, ces artistes sans œuvre, dont les principaux si ce n’est les seuls titres de gloire et actes de « protestation politique » ont été pour l’une, enceinte de plusieurs mois, de se faire prendre en levrette en public dans un musée, pour l’autre de se masturber -toujours en public et devant des enfants- dans un supermarché avec un poulet mort pris pour l’occasion au rayon boucherie…Actions hautement subversives et riches de sens, on en conviendra aisément. Enfin, et c’est ce qui leur a valu une renommée mondiale si méritée, de profaner l’autel de la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou le 21 février 2012 pour y danser et chanter (même si la vision de la « performance » en question incite à fortement relativiser le bon usage de ces deux verbes, comme on peut le voir ci-dessous) un sabbat anti-Poutine, avec notamment des paroles comme « Marie mère de Dieu, deviens féministe » ou ce magnifique « merde, merde, merde du Seigneur » devant des fidèles et un personnel religieux sidérés…

Image de prévisualisation YouTube

la « performance artistique » des Pussy Riot dans la Cathédrale du Christ Saint Sauveur

 Là encore, donc, occupation illégale de lieu de culte, et provocation des croyants… Et condamnation par notre classe politique des donzelles, ou demande de sanctions ? Que nenni ! Car cette fois là aussi, l’attaque visait la chrétienté, bien qu’orthodoxe…elle était donc tout à fait tolérable, pourquoi pas souhaitable, et cent pour cent «laïco-compatible ». Et comme de plus elle visait également le grand-méchant Vladimir Poutine, elle en devint aussitôt héroïque pour toutes nos belles âmes de gôche et aussi, il faut le dire, pour certaines de droite.

Mosquée de Poitiers, Notre Dame de Paris, Cathédrale de Moscou… Trois exemples… Et deux poids, deux mesures, donc. Mais heureusement pour nos cuistres de l’indignation sélective, et on le sait depuis longtemps, le ridicule ne tue pas. Imaginons toutefois avec une pointe de regret et pour un court  instant l’hécatombe, si tel n’était pas le cas !

 Marc Leroy – La Plume à Gratter

 

 

 

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Une réponse pour Profanation de lieux de culte et respect de la religion : le deux poids, deux mesures…

  1. Pascale le 3 novembre 2012 à 3 h 14 min

    Sans aucun doute un des meilleurs articles de La Plume…. Et quelle chute magnifique!
    Nous devons depasser ici les pitoyables Indignes de l’an dernier; creons vite le collectif des « Ulceres de France » et preparons-nous a cogner fort. Ne pas rester a genoux…
    A quand un site avec abonnement? Je signe tout de suite.

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