Europe

L’avenir de l’Europe repose sur cette héroïne de pacotille – Par Dedefensa.org

2 novembre 20150
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Publié le : 31 octobre 2015

Source : dedefensa.org

Spoutnik-français rend compte le 30 octobre 2015 d’un article du Financial Times, à partir d’entretiens de l’auteur Philip Stephens avec des cadres de la haute direction allemande, notamment dans le parti de la chancelière allemande. La démission de Merkel est aujourd’hui une possibilité catastrophique qui peut survenir d’un jour à l’autre pensent-ils, ces gens interrogés, et cette possibilité entraînerait l’éclatement, c’est-à-dire la fin de l’Europe type-UE-standard. C’est une belle et bonne perspective, due à des gens de l’envergure qui convient.

« [Pour l’instant], la chancelière allemande contrôle la situation mais la rumeur enfle, selon laquelle Angela Merkel serait activement poussée vers la sortie par un nombre grandissant de cadres gouvernementaux du pays

Si la chancelière allemande Angela Merkel est destituée, l’Europe ne tardera pas d’éclater, estime l’éditorialiste du Financial Times, Philip Stephens. “L’actuelle chancelière allemande garantit la stabilité de l’Europe, et sans elle, les fissures se mettront à se creuser, ce qui marquerait le début de la fin de l’Europe”, [estime] l’analyste. Stephens a rencontré personnellement les représentants de l’Union chrétienne démocrate (CDU), parti dont Mme Merkel est membre, et a [constaté] que sa démission leur paraissait désormais tout à fait possible. “[Du] jour au lendemain, l’inconcevable est devenu probable pour bien des membres de son parti”, constate le journaliste.

De plus en plus nombreux sont les Allemands qui estiment que la politique d’ouverture totale des frontières, pratiquée par la chancelière, est en train de mener rapidement le pays au bord d’une crise sanitaire et sécuritaire inédite, tandis que le nombre de migrants clandestins ne cesse de grandir et que l’hiver approche. Selon Stephens, la classe politique allemande est gagnée par la panique au lieu d’essayer d’élaborer un plan anti-crise. Dans le même temps, le ton du mouvement allemand islamophobe Pegida à l’égard du gouvernement s’est nettement durci à mesure que des centaines de milliers de réfugiés affluent en Allemagne, de loin le premier pays d’accueil en Europe. Les attaques des nationalistes contre Angela Merkel deviennent de plus en plus fréquentes et agressives. Ils exigent sa démission… »

Cette atmosphère autour de la chancelière dans la crise des « migrants-réfugiés », – selon les conceptions qu’on en a, – est largement confirmée par le site WSWS.org, qui a toujours suivi de près l’évolution de la situation en Allemagne, avec plusieurs correspondants-militants trotskistes dans le pays. Bien entendu, les articles de WSWS.org sont parcourus de violentes diatribes sur la dialectique xénophobes, la résurgence du nazisme, etc., qui siéent à la dialectique trotskiste. Cela mis à part, – qui mérite pourtant quelques remarques ici et là, – les textes donnent comme d’habitude des informations sérieuses et instructives. Dans un texte du 30 octobre 2015, Jonathan Stern note l’évolution des services de sécurité qui vont dans le même sens que ce qu’observe Stephens.

« … Pour la première fois depuis la chute en 1945 du Troisième Reich, le recours à un discours raciste et fascisant est devenu partie intégrante de la rhétorique politique quotidienne. Pas un jour ne se passe sans que les médias invitent des représentants des partis d’extrême droite comme l’Alternative pour l’Allemagne (‘Alternative für Deutschland’, AfD) et le mouvement férocement anti-immigrés Pegida pour qu’ils déversent leur démagogie fascisante devant tout le pays. La semaine dernière, le dirigeant de l’AfD, Björn Höcke, était apparu à la télévision avec un drapeau allemand pour raviver le mythe national-chauvin d’une Allemagne de mille ans. Les sous-entendus de ses vitupérations – à savoir que l’Allemagne devrait préserver sa pureté raciale par rapport aux influences étrangères – ne pouvaient passer inaperçus.

Les médias ont aussi décidé d’accorder une large place au rassemblement organisé par Höcke dans le centre de la ville d’Erfurt dans laquelle le führer en herbe a déclaré : “Erfurt est une belle ville allemande, elle doit rester allemande.” Un autre intervenant à ce rassemblement, Alexander Gauland de l’AfD, a accusé le gouvernement conservateur de coalition entre l’Union chrétienne-démocrate et l’Union chrétienne sociale mené par la chancelière Angela Merkel de ne pas protéger l’Allemagne. “Il est grand temps que nous arrachions le sort du peuple allemand des mains de Merkel”, a-t-il déclaré, “pour qu’il puisse rester un peuple allemand.” Les origines et la signification de telles déclarations sont parfaitement bien comprises en Allemagne. Un article récemment paru dans le magazine Stern a accusé l’AfD de “recourir au jargon nazi” et de raviver les “théories racistes” des nazis.

Le recours à la rhétorique menaçante d’apparence nazie fait partie d’un nouveau climat politique dans lequel Merkel est critiquée ouvertement par des éléments au sein de l’appareil de sécurité et de l’armée de l’état qui travaillent étroitement avec les éléments les plus à droite de la coalition dirigeante. Pas plus tard qu’hier, le président de l’Union chrétienne sociale (CSU), Horst Seehofer, a menacé de prendre des “mesures d’urgence” extralégales si Merkel n’adoptait pas une politique anti-réfugiés plus radicale. Seehofer exige l’introduction de contrôles frontaliers bien plus stricts, l’érection de clôtures aux frontières et de vastes déploiements de forces de police et de l’armée pour tenir les réfugiés à l’extérieur du pays.

Le magazine ‘Spiegel’ a qualifié le langage utilisé par Seehofer de “digne des nazis”, l’accusant de “promouvoir la pensée totalitaire.” Des sections de l’appareil sécuritaire sont en train de pousser dans cette direction. Le journal ‘Welt am Sonntag’ a rapporté que les forces de sécurité de l’état attendaient impatiemment que Merkel soit prenne des mesures à l’encontre des réfugiés soit démissionne de ses fonctions. Un haut responsable de la sécurité qui n’a pas voulu divulguer son nom “par peur de représailles” a été cité pour avoir dit : “L’afflux massif de gens venant d’autres parties du monde provoquera une instabilité dans notre pays.” »

Dans un autre texte du 30 octobre, WSWS.org donnent des précisions supplémentaires sur la façon dont les organes de sécurité, du BND (renseignement) aux services généraux anti-terrorisme et de sécurité du territoire sont particulièrement inquiets dans la crise des “migrants-réfugiés” et à la limite d’attitudes anti-Merkel extra-légales, selon ce que rapportent Welt am Sonntag et d’autres sources. On comprend le déferlement de commentaires sous forme de slogans en acier trempé de WSWS.org qui s’ensuit, vis-à-vis du “nazisme renaissant”, de fascisme-xénophobe, etc. Merkel elle-même ne parle pas différemment, elle qui avait particulièrement bien supporté, et supporte d’ailleurs toujours, la présence d’unités de Pravy Sektor et la dialectique nettement nazie du même traitant les Ukrainiens de l’Est de “sous-hommes”, avec massacres à la clef, dans la crise ukrainienne dont on sait la place qu’elle a tenu tout au long de l’année 2014 dans sa politique (celle de Merkel).

Par conséquent et pour suivre ce cas intéressant, avec ses répulsions diverses pour les réactions anti-migrants ou anti-réfugiés dont l’afflux a pour effet de déstructurer les sociétés européennes après que les « migrants-réfugiés » aient quitté leurs propres sociétés déstructurées par les actions des bombes humanitaires européennes, WSWS.org se retrouve objectivement, comme disent les marxistes, au côté de Merkel, dans la défense d’une démocratie dont les trotskistes disent par ailleurs à longueur de colonne qu’elle n’est qu’un faux-nez pour la diffusion de la dictature absolue de l’argent de l’hypercapitalisme international. Tout ce beau monde se trouve regroupé par ailleurs au côté d’un Jean-Claude Juncker, qui nous proclame avec fièvre mais dans un français un peu haché que c’est un devoir démocratique de venir en aide à ces réfugiés dont il est inutile de répéter encore une fois que c’est notre propre action qui les a suscités, cela après avoir proclamé (ledit Juncker) que la démocratie devait définitivement s’effacer devant les traités (européens) de façon à pouvoir traiter (du fait des instances européennes) la Grèce comme elle l’a été.

Il est vrai que pour WSWS.org, il n’y a qu’une seule référence qui vaille pour clore le débat de la vertu politique, qui est celle de Leon Trotski, – cela, sans trop s’étendre tout de même sur son rôle à la tête de l’Armée Rouge en 1919-1921, durant la guerre civile où les soldats bolcheviks ne montrèrent guère de tendresse pour tous les « blancs » qui tombaient entre leurs mains et pour les paysans russes qui habitaient dans les zones tenues par les « blancs ». Tout cela écrit, non pour accabler WSWS.org dont nous savons que rien ne peut accabler son impeccable dialectique, mais pour souligner l’inconvénient qu’il y a, aujourd’hui plus que jamais, à ne pas identifier l’« ennemi principal » pour s’y tenir dans une logique d’implacable stratégie contre « la source de tous les maux ». L’« ennemi principal », c’est le Système, et dans cette occurrence-là l’« ennemi principal » c’est l’acteur qui le représente, c’est-à-dire Merkel ; cette logique vaut d’autant plus que son éventuel départ pourrait effectivement menacer l’ensemble européen extrêmement branlant, et que, dans cette autre occurrence-là, à un niveau plus haut, l’“ennemi principal” c’est l’Europe-UE.

Qu’importe que la bataille passe par quelques groupements catalogués, souvent à la va-vite, fascistes et nazies xénophobes, dans la mesure où ils ne sont que les instruments d’une réaction d’une situation dans laquelle ils n’ont aucune responsabilité ; dans la mesure également où cette réaction est logique et justifiée parce qu’elle répond à une menace de déstructuration venue directement et indirectement du Système, par l’intermédiaire du rôle jouée par les pays-BAO dans la destruction par déstructuration et dissolution déstructurante des pays d’où viennent les réfugiés-migrants. Quant à la « menace nazie » jetée habituellement dans cette sorte d’activité allemande qui n’a rien d’original ni de structuré, il devient lassant de répéter qu’elle ne représente rien (sinon une manœuvre du Système pour détourner l’attention) parce que l’Allemagne ne représente plus grand’chose en potentiel de capacité militaires et en capacité de reconstitution d’une puissance militaire du plus haut niveau en n’ayant aucune capacité technologique suffisante et nulle disposition de l’arme nucléaire, – et c’est alors en revenir à la question de savoir ce qu’aurait valu Hitler, sinon rien, sans la puissance militaire allemande reconstituée entre 1925 et 1936. (Effectivement, aujourd’hui une telle reconstitution est impossible pour l’Allemagne, parce que ce pays est définitivement un pays de seconde zone en ce qui concerne les capacités d’une base technologique militaire qui est de plusieurs rangs en-dessous des trois pays qui en disposent, la France, la Russie et les USA.)

Par contre, on admettra que cette crise des « migrants-réfugiés », malgré le désordre et le désarroi considérables qu’elle cause, a la vertu essentielle de l’antiSystème si elle déstabilise l’actuel pouvoir allemand. Elle en a la capacité à cause de sa dynamique. En effet, il s’agit d’une crise qui dure et s’amplifie constamment parce que le flot de « migrants-réfugiés » ne cesse pas ; elle ne peut être enterrée dans ses effets comme c’est souvent le cas dans les appareils politiques des pays du bloc-BAO ; au contraire, elle ne cesse de s’exacerber avec des effets grandissants sur la position des différents acteurs politiques qui songent toujours à leur électorat, et c’est pour cette raison qu’on peut juger comme très sérieuse la situation où se trouve Merkel. La chancelière, qui est une bonne gestionnaire lorsqu’il s’agit de défendre l’euro-mark et de faire pression sur les pays-UE en crise pour qu’ils payent plus, n’a rien d’une Jeanne d’Arc capable de soulever l’enthousiasme patriotique d’une nation. Par ailleurs, la querelle des camps de réfugiés n’a pas la grandeur d’une mission divine qui est forcer le destin pour faire couronner un roi aux abois dans la cathédrale de Reims, en plein pays bourguignon. Nos dirigeants-Système sont mal équipés pour affronter des temps héroïques.

Dedefensa.org

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