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Face à une barbarie sans nom… qui en a un, je ne suis pas Charlie

8 janvier 20151
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Je ne suis pas Charlie… Je suis comme l’immense majorité de mes compatriotes horrifié par le massacre abominable qui a eu lieu hier en ses murs… mais je ne suis pas Charlie. J’ai la plus grande compassion pour les malheureuses victimes, dessinateurs, journalistes, employés ou policiers et pour leurs familles foudroyées par l’horreur et le chagrin… mais je ne suis pas Charlie. Je crois, je sais que la France doit se réveiller, faire front et se dresser, la plus unie possible face à une pareille barbarie… mais je ne suis pas Charlie.

Je ne suis pas Charlie, parce que je n’ai jamais aimé ce journal médiocre, sectaire, dégoulinant de moraline de « gôche », vulgaire et provocateur à seule fin de faire le « buzz » et de vendre du papier. Je ne suis pas Charlie, parce que je réprouve sa ligne éditoriale qui tire depuis toujours à la Grosse Bertha du rire gras et ordurier sur les convictions religieuses des chrétiens ou des musulmans, qui ridiculise ou offense gratuitement leurs convictions les plus profondes, tout en épargnant totalement la troisième Religion du Livre, allant pour ce faire jusqu’à licencier l’un de ses pères fondateurs, Siné, pour une simple allusion (dérisoire) lors de la conversion du fils Sarkozy au judaïsme. Oui, je ne suis pas Charlie, parce que je n’aimais pas et que je n’aime toujours pas Charlie Hebdo.

Je ne suis pas Charlie parce que je déplore la tendance de notre époque « médiatico-bienpensante », consternante et simpliste jusqu’à en devenir obscène, qui consiste systématiquement à « faire de l’évènement télé », des « images » de tout… et de rien. A déposer des gerbes de fleurs ou des bougies, à arborer des pins aux « messages » débilissimes ou des rubans à la boutonnière, à organiser des marches blanches ou des manifestations de « solidarité », des commémorations, des « jours de », des Téléthon, des Concert des Enfoirés, des grand-messes de compassion et de générosité ostentatoires et pour bonne partie factices, cela à la moindre occasion, de la plus terrible à la plus anecdotique. A interroger, à filmer et passer sur tous les médias des entrevues dérisoires, totalement vides de sens ou d’information, de mères éplorées, de frères incrédules, de neveux en colère, de voisins de palier ou de commerçants de proximité qui n’ont rien à dire, ne savent rien, mais se précipiteront bientôt chez eux pour se « voir à la télé », non sans appeler les copains au téléphone pour les prévenir qu’ils ont eu, les veinards, leur petite minute de célébrité. Je ne suis pas Charlie parce que je conchie ce relativisme indécent, ce confusionnisme permanent, ce simplisme bienpensant, ce voyeurisme abject. Je ne suis pas Charlie, parce que je sais, contrairement à ce que répètent en boucle nos perroquets médiatiques, trop contents au fond de pouvoir utiliser ce drame abominable pour redorer le blason sérieusement terni d’une caste journalistique totalement vendue au politiquement correct, que ce massacre n’est pas une attaque contre la « liberté de la presse » : c’est une expédition punitive, une exécution pour le seul et unique délit de blasphème à l’égard de la religion musulmane et de son Prophète. Les déclarations filmées des deux tueurs après leur sinistre besogne le prouvent sans contestation possible. Je ne suis pas Charlie, parce que je sais que ce n’est pas avec des slogans simplistes et de la « com » à deux balles qu’on condamne puis qu’on affronte une des pires menaces de notre temps. Menace que nos deux derniers présidents ont d’ailleurs, avec une irresponsabilité criminelle dont il faudra bien qu’un jour ils aient à rendre compte, copieusement, méthodiquement encouragée, nourrie, financée et armée à l’occasion de leur folles aventures ou politiques en Afghanistan, en Libye, en Syrie ou au Mali. Je ne suis pas Charlie, parce que je méprise au plus haut point la plupart de ces Jean Moulin de bastringue, télés, radios, journaux, sites internet ou simples péquins, qui se drapent dans des costumes de résistants face à l’obscurantisme, costumes infiniment trop grands pour eux, au dérisoire prétexte qu’ils arborent pour quelques heures et avant de passer à autre chose un logo « je suis Charlie » à leur boutonnière, sur leur sac à dos ou sur leur page Facebook, même si je sais que certains de ces péquins, malheureusement peu lucides, aveuglés par l’horreur de l’évènement et le manichéisme de notre époque, le font en toute sincérité. Je ne suis pas Charlie enfin parce que je me refuse à jamais de faire partie de ces pathétiques « Mutins de Panurge » que dénonçait, ridiculisait à raison le regretté Philippe Muray.

Je ne suis pas Charlie parce que les victimes du massacre barbare qui s’est produit ce mercredi ne sont pas « des héros » comme l’a pathétiquement et très « médiatiquement » affirmé François Hollande dans son intervention d’hier soir, qui « méritent le Panthéon » comme a ensuite ajouté Jeannette Bougrab, compagne de Charb, qui, contrairement au cuistre précité, a elle bien-sûr l’excuse de son terrible désespoir. Ce ne sont que les malheureuses victimes, qui avaient été précédées de beaucoup d’autres et qui seront hélas suivies de bien plus encore, en France, en Algérie, en Angleterre, en Afghanistan, en Australie, en Syrie, aux Pays-Bas, au Pakistan, au Mali et un peu partout à travers le monde, d’une barbarie sans nom… qui en a pourtant un : le fondamentalisme musulman.

Marc LEROY – La Plume à Gratter

 

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16 Responses to Face à une barbarie sans nom… qui en a un, je ne suis pas Charlie

  1. christine le 9 janvier 2015 à 0 h 53 min

    Je trouve cet article excellent Marc.

    Tu y écris exactement ce que je pense de Charlie et aussi de la façon dont cette abomination est récupérée.

    Comme Nouratin, j’aurais aimé écrire ce texte; et avec Trechelaplaine je constate que notre Eglise est sans rancune, comme l’aurait voulue le Christ.

    Cependant, combien de martyrs supplémentaires faudra-t-il compter sur notre sol pour que nos élus se décident à faire autre chose que marcher en cœur et allumer des bougies ?

    • marc le 9 janvier 2015 à 22 h 35 min

      Merci Christine !

      Pour nos « élus », je crois qu’ils ne comprendront que le coup de pied au cul… et je crois que ça peut le faire ! En 2015… en 2017… un peu plus tard… je ne sais. Mais prépare les godasses. tu sais, les chaussures de sécurité, avec la coque en fer pour protéger les doigts de pieds des accidents de travail, dans les usines ou au jardin ! Raaahhh Lovely, comme dirait Gotlib !

      Bises

  2. Fanch le 8 janvier 2015 à 20 h 30 min

    Très bon article, encore une fois.

    Censurer Zemmour de iTele était tout a fait acceptable et loué par les bien-pensants. Censurer Charlie Hebdo leur était impensable. Ceux qu’ils protègent depuis tant d’années s’en sont occupés.

    Ou est la bassine? je ne me sens pas bien.

    • marc le 8 janvier 2015 à 21 h 17 min

      Oui, à censure, censure et demi…

      Pour la bassine, je vous comprends. J’ai eu moi même un sacré haut le coeur, et je m’attends au pire dans les jours qui viennent (légion d’honneur à titre posthume ? Panthéon ? Charlie publié dans la Pléïade ?). « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnait » Audiard ! Au final, difficile de ne pas avoir la gerbe…

      Amitiés et bonne année 2015, malgré tout

      • Fanch le 9 janvier 2015 à 22 h 00 min

        Prémonition mon cher, comme d’habitude : Charlie, Citoyen d’Honneur de la ville de Paris (même si le titre n’est pas spécialement honorifique quand on voit qui l’a reçut).

        Bonne année à vous aussi, elle commence bien mal hélas.

        • marc le 9 janvier 2015 à 22 h 32 min

          C’est vrai, mais je ne vais pas frimer… c’était tellement facile : avec ces cuistres, on n’est jamais déçu !

          oui, drôle (c’est une façon de parler) début d’année… Je pense que 2015 va faire date. Pour le pire d’abord… pour le début du meilleur peut-être ensuite… espérons!

  3. Bluebair2.0 le 8 janvier 2015 à 18 h 07 min

    Cette phrase nous vient de ce moment hollywoodien magnifique dans Spartacus, si je ne m’abuse. Alors que tous les esclaves se lèvent, un a un, pour protéger leur chef, en disant: « Je suis Spartacus ».
    Ils sont prêts au sacrifice suprême pour ne pas le laisser mourir seul. Et d’ailleurs ils sont tous crucifies a la fin. Evidemment il est plus confortable de mettre une image sur Facebook en se faisant croire qu’on agit. Est-ce qu’un seul des « Je suis Charlie » est prêt a se prendre un coup de kalachnikov dans la tronche pour protéger notre pays?
    En face, nous avons des gens qui ont une foi inébranlable en leur Dieu. Alors il va peut-être falloir se préparer autrement qu’en allumant des bougies. Excusez-moi d’être brutal.

    • Bluebair2.0 le 8 janvier 2015 à 18 h 17 min

      Tout ça pour dire que je suis plus que d’accord avec l’article. Bravo.

      • marc le 8 janvier 2015 à 21 h 11 min

        Oui Bluebair, la réponse est déjà dans votre question : n’est pas Spartacus (ou Jean Moulin) qui veut !

        Et merci de votre continuel soutien, malgré la distance, qui m’est si cher au cœur !

        Bisosus

  4. NOURATIN le 8 janvier 2015 à 18 h 06 min

    Il ne me reste plus qu’à trouver autre chose à raconter après cet admirable article.
    Vous avez tout dit, je n’ai rien à ajouter sinon que j’eusse aimé écrire ça.
    Amitiés.

    • marc le 8 janvier 2015 à 21 h 08 min

      Mon cher maître,

      nous sommes donc deux à avoir eu au moins une fois le regret de ne pas avoir écrit le papier de l’autre !

      Félicitations pour Nouratinbis, mais une petite suggestion : vous devriez mette le texte de l’article en noir ou en gris plus foncé : la couleur actuelle ne facilite pas la lecture (notamment de ma mère, 81 ans aux fraises, qui vous lit chaque semaine et dans l’anonymat avec un vif plaisir… comme ma soeur à San Francisco, que je ne remercierai jamais assez pour m’avoir fait découvrir votre prose à nulle autre pareille).

      Bonne année et longue vie à Nouratinbis et à son taulier !

      Amitiés

  5. trechelaplaine le 8 janvier 2015 à 17 h 26 min

    Entièrement d’accord avec vous. La liberté de la presse n’est pas visée dans cette affaire. Il s’agit de l’exécution d’une punition judiciaire inspirée par certains textes de l’exégèse coranique qui ont force de loi dans la Sharia: « …celui qui insulte le Prophète, c’est un mécréant……quant à son verdict…c’est la mort. Et quiconque doute de sa mécréance ou de son châtiment est un mécréant  » Cheik As Salam Ibn Tamiyya, « As Sarim al masloul ala shatim er rasul ».

    A l’opposé, en sonnant le tocsin des cloches de Notre Dame de Paris en hommage posthume aux victimes anticléricales de Charlie hebdo, l’Eglise montre qu’elle n’est pas rancunière !

    • marc le 8 janvier 2015 à 21 h 01 min

      Nous sommes – une fois de plus – d’accord !

      amitiés et bonne année 2015

  6. Jacques Etienne le 8 janvier 2015 à 16 h 22 min

    Bravo et merci! Vous avez écrit à quelques nuances près ce que je pense de la question. Ça fait plaisir de constater qu’on n’est pas seul à trouver ridicule la matière dont on répond à cet événement.

    • marc le 8 janvier 2015 à 21 h 00 min

      Merci Jacques !

      J’en profite pour vous adresser avec un peu de retard mes meilleurs voeux pour l’année 2015, et vous redire ici que j’avais repris dans les colonnes de La Plume votre excellent texte : « Aux abois, oui et non ». Je vous avais mis un message sur votre blog, mais je ne suis pas sûr que vous en ayez eu connaissance…

      http://www.laplumeagratter.fr/2014/12/27/aux-abois-oui-et-non-par-jacques-etienne/

      amitiés

      • Jacques Etienne le 9 janvier 2015 à 12 h 16 min

        Recevez en retour mes meilleurs voeux. Aurais-je oublié de vous remercier du partage. En ce cas, je le fais maintenant !

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