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Belgique : quand l’euthanasie a un furieux air de famille avec… la peine de mort ! Par Gabrielle Cluzel

17 septembre 20140
Belgique : quand l’euthanasie a un furieux air de famille avec… la peine de mort ! Par Gabrielle Cluzel 5.00/5 4 votes

Publié le : 16 septembre 2014

Source : bvoltaire.fr

Le Belge Frank Van Den Bleeken, meurtrier d’une étudiante de 19 ans et sous les verrous depuis presque 30 ans, a obtenu le droit d’être euthanasié, évoquant une « souffrance psychique insupportable ». Selon son avocat, il sera transféré dans un hôpital pour y faire ses adieux à sa famille, puis y mourir de manière « digne »… puisqu’en Belgique, comme en France, dès que l’on évoque l’euthanasie, les mots « digne », « dignité », « dignement », ne sont jamais très loin dans la phrase.

Pourquoi tant de bruit autour de cette affaire, alors qu’en Belgique l’euthanasie, depuis sa légalisation, tourne à l’épidémie galopante ? C’est que, dans son fond comme dans sa forme, elle a un furieux air de famille avec… la peine de mort. Peine de mort volontaire, soit, mais peine de mort quand même, qui apporte en sus de l’eau au moulin des partisans de celle-ci : si l’on en croit Franck Van Den Bleeken, il serait donc plus inhumain de garder un homme ad vitam en prison que de lui ôter la vie.

Puis il est des rapprochements qui sont un peu dérangeants pour les onctueux promoteurs du « droit de mourir dans la dignité ».

Dérangeants, car il ne faudrait pas que le quidam moyen, acquis à la généreuse cause « euthanasie » à force de long et lent travail des esprits et des cœurs, s’avise de poursuivre le raisonnement. Toutes les euthanasies, au fond, ne sont-elles pas des peines de mort ? Des peines de mort « charitables », s’entend, où, comme dans le cas Van Den Bleeken, le condamné volontaire ne se supporte plus dans la prison de sa triste vie. Un condamné volontaire (ou désigné volontaire par ses proches) qui a été tacitement jugé coupable, pas d’un viol ou d’un meurtre, bien sûr, mais coupable d’être inutile, une charge pour la société, une souffrance morale et matérielle pour la famille, coupable d’offrir à nos regards un corps moche et supplicié. Coupable enfin d’avoir perdu sa dignité.

Autrefois, la dignité était livrée dans le paquetage de tout « petit d’homme », inhérente à celui-ci, qu’il soit tordu, bossu, mal foutu, et même foutu tout court. Mais aux indigents qui n’ont rien – ni la jeunesse, ni la santé, ni l’usage des membres, ni de l’intelligence –, on vient de voler ce dernier bien, par un discours insidieux qui pénètre les consciences : puisque l’euthanasie, c’est mourir dignement, le contraire de l’euthanasie, c’est vivre indignement. Toute vie, par essence, n’est donc pas forcément « digne », digne d’être vécue.

Et cette peine de mort est bien plus lâche que l’autre. Puisque (Ponce Pilate) la société s’en lave les mains. Aucun Créon n’en portera la responsabilité, c’est le condamné qui a « décidé » : l’acte est humanitaire. On vient d’inventer le concept de « bourreau solidaire ».

À la pointe du combat pour l’abolition de la peine de mort, il y avait la gauche. Et au centre de son discours, il y avait l’inaliénable dignité humaine qui interdit d’ôter la vie. Même celle des assassins. À la pointe du combat pour l’euthanasie, il y a la gauche. Exit la dignité humaine. Même celle des innocents. La vérité est que, dans l’imbroglio d’un cerveau de gauche, une chatte n’y retrouverait pas ses petits.

Gabrielle Cluzel

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