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République bananière d’Ukraine, vers l’effondrement – Par Xavier Moreau

24 août 20140
République bananière d’Ukraine, vers l’effondrement – Par Xavier Moreau 5.00/5 3 votes

Publié le : 22 août 2014

Source : realpolitik.tv

Le système ukrainien poursuit son effondrement politique, économique et militaire. Le calcul du Kremlin, qui consistait à attendre, que les réalités économiques ramènent le gouvernement oligarchique à la raison, semble fonctionner. La question qui se pose aujourd’hui, est de savoir s’il restera quelqu’un pour assumer les réformes constitutionnelles qui aboutiront à la fédéralisation du pays.

Situation militaire

Le 19 août dernier, Kiev a lancé une nouvelle fois ses forces à l’assaut, et de nouveau sans résultats. En fait, les rebelles laissent approcher les troupes ukrainiennes, et en combat rapproché, la supériorité de l’infanterie de Nouvelle Russie fait la différence, particulièrement contre des troupes démoralisées, ou trop habituées aux beuveries de Maïdan. L’artillerie rebelle, plus professionnelle et manœuvrière, emporte régulièrement les duels contre celle de Kiev, qui ne peut que riposter en bombardant les agglomérations à l’aveuglette.

Les tergiversations sur le convoi humanitaire russe ne sont pas liées à la possibilité que les Russes y aient caché une division parachutiste ou des T-90, mais au fait, que cette aide remet en question les efforts de Kiev pour affamer les habitants de Nouvelle Russie. Toute la stratégie de la Junte repose sur l’espoir de répéter ce qui s’est passé à Slaviansk. Notons que la tentative de couper l’approvisionnement en eau à Donetsk a échoué, l’administration de la ville ayant réussi à rétablir les stations de pompage. Fatigués de l’anarchie kiévienne et confiants dans la maîtrise du terrain par les guerriers de la LNR, les Russes ont envoyé leur convoi qui est arrivé aujourd’hui à Lougansk. La crise humanitaire est désormais impossible à nier pour Kiev, d’autant plus que son armée en est également victime.

L’OSCE continue de donner raison à la Russie, et les soldats ukrainiens, faute de combattre efficacement les guerriers du Donbass, en sont réduits à tourner des vidéos où ils se font passer pour des soldats russes prisonniers. Tandis que Pravy Sektor et le SBU torturent et brutalisent leurs prisonniers, l’armée de Nouvelle Russie met un point d’honneur à traiter les siens correctement. Les Ukrainiens capturés sont autorisés à appeler leur famille restée sans nouvelles. L’effet est dévastateur à l’arrière, car Kiev nie l’hécatombe dont son armée est victime. C’est une nouvelle fois le choc entre la sauvagerie de la modernité occidentale et l’Europe chrétienne.

Les Russes n’ont pas besoin d’envoyer du matériel car, comme le soulignait non sans humour le premier ministre de la DNR, Alexandre Zakharchenko, le fournisseur unique et fiable en matière d’armements pour les rebelles reste l’armée ukrainienne. Du côté russe proviennent certainement des volontaires et de l’argent, mais cette guerre est une guerre civile, que Kiev est en train de perdre, faute d’avoir voulu l’admettre.

Il semblerait que la contre-offensive annoncée régulièrement depuis 3 semaines a commencé. Sur tous les points du front, les forces kiéviennes reculent. L’objectif de la Nouvelle Russie est de contrôler totalement la zone tampon avec la frontière russe et ses liaisons avec Lougansk. Ces premiers objectifs atteints, les fédéralistes pourraient se retourner, si leurs réserves le leur permettent, vers Slaviansk et Marioupol. Les jours qui viennent devraient être décisifs.

Stalingrad puis l’offensive du Têt et peut-être le débarquement du 6 juin 1944

L’état-major de Nouvelle Russie a accompli Stalingrad, car il a contenu les forces d’invasion, tout en préparant sa contre-attaque. Il est sur le point d’accomplir l’offensive du Têt par une attaque qui révèlera aux opinions ukrainiennes et occidentales que la guerre est loin d’être gagnée par Kiev et peut même être perdue. Enfin, dans la mesure où le gouvernement de Kiev a envoyé la majeure partie de ses forces s’épuiser sur le Donbass, il a créé un vide entre Donetsk et les autres villes de l’est : Kharkov, Zaporojie ou Dniepropetrovsk. L’armée allemande s’est retrouvée dans la même situation après la bataille de Normandie.

À la demande de l’ambassade des États-Unis, les médias français ont expliqué cette débâcle par un changement de stratégie, « un calcul intelligent », comme l’a appelé Harold Hyman. Tout aussi incompétent que ses homologues français, il mélange allègrement munitions éclairantes et bombes au phosphore, comme Frédéric Encel confond les T64, fabriqués à Kharkov, avec des T72. Admettons pour sa défense que contrairement à ses confrères français, le journaliste américain a au moins le mérite d’être sympathique et rigolo.

Situation économique

Le Premier Ministre Iatsenouk, que certains avaient tendance à considérer, à tort, comme modéré et raisonnable, se ridiculise avec ses sanctions contre la Russie. Les Européens ont appris avec effarement qu’il était question de couper les arrivées de gaz, du côté ukrainien. L’incrédulité a succédé à l’effarement quand il a proposé la privatisation partielle du réseau ukrainien de transit du gaz russe. Les installations sont dans un tel état de délabrement, que personne ne voudra sérieusement y investir. Shell a d’ailleurs immédiatement décliné l’offre, préférant collaborer avec la Russie. Tout le monde attend « South Stream », alors que les Bulgares, qui ont été menacés par John MacCain et l’UE, ont gelé le projet contre leurs propres intérêts. Il sera intéressant de voir comment le gouvernement bulgare expliquera cela à sa population, cet hiver, si Kiev coupe le gaz.

En effet, l’hiver arrive, mais pas le gaz. Les approvisionnements alternatifs se révèlent être une fable, comme nous l’avons annoncé depuis le début. Au déficit de gaz, qui empêchera de chauffer correctement les maisons pendant l’hiver, et d’avoir de l’eau chaude, s’ajoute celui du charbon (majoritairement extrait dans le Donbass). Dans 40 jours, l’Ukraine va passer du statut d’exportateur à celui d’importateur. La production d’électricité, où l’Ukraine est également exportatrice devrait être gravement affectée, notamment à Kiev. Dans la mesure où les Ukrainiens se sont précipités sur les chauffe-eau et les chauffages électriques, il faut s’attendre à des « black-out » cet hiver. L’aide du FMI est prévue pour le 29 août, mais elle n’est pas garantie. Étant donné la situation, le ministre de l’économie, Pavel Sheremet, a démissionné le 21 août.

Situation politique

La démission du ministre de l’économie n’est pas un cas isolé. Parouby a quitté le conseil de sécurité national complètement, après avoir renoncé il y a deux semaines au secrétariat général. Tatiana Tchernovol, autre figure hystérique du bandérisme militant a, quant à elle, quitté son ministère de la lutte contre la corruption.

Le gouvernement ukrainien s’est soumis aux menaces de Iarosh. Le chef du « Pravy Sektor », ne supportant pas que ses sbires soient arrêtés pour trafic d’armes, avait menacé de quitter le Donbass pour remonter sur Kiev. Des rumeurs circulent, sur le fait que Petro Porochenko aurait demandé son élimination et que les unités nazies, dont l’absence de professionnalisme en fait des cibles faciles pour les rebelles, seraient envoyées dans les zones les plus dangereuses pour y être taillées en pièces (le déploiement tragi-comique de cette unité sur cette vidéo, entrainerait un renvoi immédiat de l’École d’Application de l’Infanterie). Plusieurs leaders radicaux ont ainsi été blessés ou tués. L’efficacité de Iarosh n’est pas sans nous rappeler celle d’un autre grand stratège de la deuxième mondiale.

L’arbitraire règne partout en Ukraine. Les enlèvements et les tortures se multiplient. Les échanges de prisonniers et des dépouilles mortuaires apportent des témoignages effrayants sur les traitements subis dans les geôles de Kiev. Comme si cela ne suffisait pas, le Président Porochenko a signé un décret autorisant une détention de 30 jours sans décision d’un juge. Comme quoi, les valeurs américaines finissent par se répandre en Ukraine.

Maïdan a été déblayé, au moins en partie. Vitali Klitchko a mis la main à la pâte et n’a jamais été aussi populaire que depuis qu’il remplit des bennes à ordures, en évitant de parler. Le gouvernement ne passera donc plus devant le soviet de Maïdan. Cela n’a pas éveillé de protestation chez Anne de Tinguy, qui s’était pourtant laissée, avec beaucoup de sensualité, submerger par le bonheur, le 26 février dernier, devant l’érection de ce système politique fabuleux et original.

Dans les Carpates, les Hongrois demandent désormais leur autonomie, avec le soutien du parti nationaliste hongrois, le Jobbik. On sourit, en pensant à ceux, qui voulaient unir les nationalistes de toute l’Europe. Nous attendons avec impatience la réaction de Svoboda et de son leader Tiagnibok. Pour Kiev, la situation est des plus délicates. La Hongrie est non seulement membre de l’OTAN, mais aussi un pays ami de la Russie, dont elle partage les valeurs chrétiennes, en attendant de transporter son gaz.

Relation russo-ukrainienne

Le Président Porochenko s’apprête à rencontrer Vladimir Poutine à Minsk, le 26 août prochain, mais sa marge de manœuvre est limitée. Yulia Timochenko, qui n’a toujours pas digéré sa défaite aux présidentielles, l’attend en embuscade avec une accusation de trahison, pour le cas où le Président ukrainien accepterait la fédéralisation. Elle est soutenue par Igor Kolomoïski, qui est en train de s’emparer d’Odessa et qui peut mettre à la disposition de la « princesse du gaz », son armée privée, que composent les bandes armées du « Pravy Sektor ».

Si Porochenko veut faire bouger les choses et notamment la constitution ukrainienne il devra, tôt ou tard, mettre sa démission dans la balance. Élu pour faire la paix, il est de plus en plus impopulaire en Ukraine et risque de perdre les élections parlementaires. Il bénéficierait dans ce cas-là des soutiens français et russe. La question est de savoir, si Angela Merkel, qui doit le rencontrer à Kiev le 23 août, sera capable d’oublier son propre revanchisme anti-russe.

La Russie est désormais le seul pays qui semble s’intéresser aux résultats de l’enquête sur la destruction du Boeing malaysien. Gageons que la publication du rapport, si elle a lieu, devrait être un grand moment dans l’histoire des médias français, dans le même genre que l’assassinat de James Foley, soit disant détenu par Bachar al-Assad depuis 2012.

Échec des sanctions

Les sanctions sont un échec quasi-total. L’UE, qui ne doute décidément de rien, vient de demander à l’Amérique du Sud de sanctionner la Russie, ainsi qu’à la Serbie. La réponse ne s’est pas fait attendre des uns comme des autres. Côté américain, c’est sur la Chine et la Corée que Washington espère, avec beaucoup d’optimisme et de candeur, faire pression. Le Japon continue à faire semblant. Les agriculteurs russes et serbes peuvent ainsi dire un grand merci à l’UE et à l’OTAN. De son côté la Russie battra en 2014 son record de production de blé, et vient d’ailleurs de signer un contrat de livraison avec l’Égypte dans le cadre de la reprise de la politique arabe, héritée de l’Union Soviétique. Grâce aux sanctions, la valeur en bourse des actions des sociétés agricoles russes a augmenté de 20%.

Les 125 millions d’euros proposés par l’UE n’étant qu’une goutte d’eau dans l’océan du désastre, les idéologues européistes tentent d’expliquer aux producteurs européens que c’est encore plus dur pour les Russes. Même si cela était vrai, ce serait une bien piètre consolation pour les paysans français, qui, contrairement à Bruxelles et Washington, ne sont pas en guerre contre la Russie. Pas plus pour les Lettons, qui n’en peuvent plus eux aussi, ou que les Espagnols, qui protestent désormais ouvertement. Le pauvre Jacques Rupnik voyait dans la crise ukrainienne un test pour l’Europe (en fait l’UE, mais la nuance est trop subtile pour son enthousiasme de supporter de football). Il va être servi.

L’UE et l’OTAN vivent toujours dans les années 1990, et il est temps que la France rentre dans le XXIème siècle et cesse de s’occuper des caprices de la Pologne pour se tourner vers les BRICS et l’Asie. Dans l’immédiat, la France a bien joué sa partie lors du salon de l’armement, qui s’est tenu à Moscou du 13 au 17 août, et où Dimitri Rogozine a annoncé que les sociétés qui avaient été présentes dans les moments difficiles ne seraient pas oubliées.

Concernant Exxon Mobil, que nous avions évoquée lors de notre dernière analyse, la compagnie pétrolière n’a pas manifesté d’intérêt pour les tuyaux rouillés de Naftogaz. Elle a, en revanche, inauguré en direct avec Vladimir Poutine et Igor Setchine (qui se trouve sur toutes les listes de sanctions) son premier forage américano-russe en Arctique, le 9 août dernier.

La Russie attend donc calmement que la situation se décante. Les contre-sanctions ont été comme une douche froide pour l’UE qui, visiblement, pensait que Moscou se laisserait punir comme un enfant pris en faute. Le gouvernement français, dont il faut saluer une nouvelle fois la persévérance sur le Mistral, s’est laissé entraîner dans ces sanctions stupides et stériles en raison de la nullité des « spécialistes » qu’il consulte sur les questions russes et ukrainiennes. Les journalistes français doivent, bien entendu, ne jamais être consultés, et les Gomart, Encel, Tertrais, Rupnik et autres Heisbourg, dont l’incompétence nuit gravement aux intérêts français, doivent être mis à l’écart. La Fondation pour la Recherche Stratégique et l’IFRI doivent se remettre en cause urgemment, impérativement et sérieusement.

En conclusion

Pour finir sur une note humoristique, nous présenterons un exemple filmé, de la manière dont on joue avec les enfants en Galicie. Cela ressemble davantage à une cérémonie Vaudou, et on se dit qu’après une enfance pareille, même Oleg Tiagnibok a des excuses…

Enfin, ultime et excellente nouvelle, un budget pour la constitution de Russia Today en français, de 29 millions d’euros, a été voté. Le Kremlin a fini par prendre en compte l’absence de liberté d’expression en France et tente désormais d’y porter remède.

Xavier Moreau

 

 

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