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De Gaulle ou Denoix de Saint-Marc : deux façons de dire non – Par Christian Vanneste

4 septembre 20130
De Gaulle ou Denoix de Saint-Marc : deux façons de dire non – Par Christian Vanneste 5.00/5 3 votes

Publié le : 03 septembre 2013

Source : bvoltaire.fr

L’un des traits dominants de notre époque est l’individualisme.

L’éclatement de la famille, le renversement du rapport entre les devoirs envers la collectivité et les droits proclamés de l’individu, la remise en cause des appartenances héritées ou subies au profit des adhésions choisies ou revendiquées vont dans le même sens. Mais cette évolution qui paraît inéluctable se décline de manière multiple et parfois contradictoire : ses « figures » sont loin d’avoir le même profil ou la même valeur. La liberté repose toujours sur la faculté de dire non, de refuser.

De Gaulle est un exemple éclatant de ce principe. En 1940, il refuse la défaite, il n’accepte pas l’abaissement de la France, et s’oppose au régime « légal » du pays. Il le fait sur le plan moral et affectif, l’honneur, mais aussi intellectuellement et rationnellement, le bon sens. Ce refus, c’est celui d’un individu qui se sent personnellement touché et engagé par la défaite nationale, et qui va ensuite toujours réagir d’une manière personnelle aux situations politiques auxquelles la France et lui-même seront confrontés.

De Gaulle, comme tous ceux de sa génération, a lu Barrès : il sera toujours à se construire sous l’œil des barbares, en l’occurrence face à des hommes pour qui il nourrissait un certain mépris, mais cet « individu », comme Barrès, va s’identifier à la Nation, à cette énergie nationale par laquelle une personnalité singulière insuffle à un pays et à une collectivité sa propre détermination. Les barbares, pour de Gaulle, ce sont les « veaux » ; tous ces Français qui ne respirent pas à la hauteur où lui-même respirait.

Mais le dissident peut l’être d’une manière plus complète. Singulier destin, ainsi, que celui d’Hélie Denoix de Saint-Marc, décédé lundi dernier à l’âge de 91 ans.

Premier refus à 19 ans. Denoix de Saint-Marc est résistant, se fait arrêter et déporter à Buchenwald. Il est l’un des trente survivants d’un convoi de mille déportés. Après Saint-Cyr, c’est l’Indochine et le refus – demeuré impuissant – d’abandonner aux mains du Viet Minh les villageois qui ont aidé les Français. Lorsque le Général de Gaulle dévoile ses véritables intentions sur l’Algérie, cet officier pense aux harkis, à la promesse qui leur a aussi été faite, et c’est un nouveau refus. Il participe au putsch d’Alger en 1961.

Deux fois dissident, d’un patriotisme animé par le sens de l’honneur, cet homme est lui aussi un « individu » qui s’identifie à la Nation dont il est le soldat, mais il le fait en moraliste, non en politique : son opposition au pays légal procède d’une sorte d’adhésion maximale au pays réel ou peut-être idéal au service duquel sa personnalité s’est forgée et dont il refuse les faiblesses. Dès lors, on ne peut qu’approuver le geste de Sarkozy en faveur de cet homme – il l’avait fait grand-croix de la Légion d’honneur en 2011 –, putschiste par exigence morale, au nom de l’idée qu’il se faisait de son pays.

Christian Vanneste

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