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Mariage pour tous : la force injuste de la loi – Par Dominique Jamet

27 mai 20130
Mariage pour tous : la force injuste de la loi – Par Dominique Jamet 5.00/5 4 votes

Publié le : 27 mai 2013

Source : bvoltaire.fr

Ces Français qui ne sont certes pas des habitués, encore moins des professionnels de la manifestation, et qui, pourtant, par centaines de milliers, voire par millions, sont descendus dans la rue spontanément, pacifiquement, puis résolument dans l’espoir, jusqu’ici bafoué, de s’y faire entendre, ces multitudes qu’aucun parti – et l’UMP pas plus que le PS, le Front de gauche ou le Front national – ne serait capable de réunir, ces foules considérables ne méritaient-elles pas un peu plus de considération ? Si elles ont été prises en compte, ce n’est malheureusement que par une partie de l’opposition qui, sous l’égide du néfaste Jean-François Copé, a tenté la plus classique et la plus sordide opération de récupération politicienne d’un mouvement réellement populaire.

Le candidat socialiste sorti vainqueur de l’élection présidentielle avait pris un engagement, nous dit-on. Il en a pris d’autres qu’il s’est empressé d’oublier, de remettre ou de renier, et ce n’est certainement pas à cause de celui-ci qu’il a été élu. Était-il vraiment urgent, nécessaire et tout simplement opportun de chambouler à la va-vite une institution sociale vieille de plusieurs millénaires pour complaire à un groupe de pression, apparemment influent et bien en cour, mais dont rien ne démontre qu’il est représentatif de la minorité dont il s’autoproclame le porte-parole ?

Dans l’état actuel de nos mœurs, l’homosexualité peut être ici un atout, voire un tremplin, là une déviation que certains regardent de travers, mais la discrimination sociale et professionnelle sur cette base appartient à un passé révolu, et l’homophobie n’est le plus souvent, Dieu merci, qu’une invention d’obsédés, une fable racontée par des bergers qui crient au loup. Dix ans après l’adoption du PACS, notre société était sans doute prête à admettre l’égalité des droits fiscaux, successoraux et sociaux entre les couples homosexuels et les couples « normaux » ; en d’autres termes l’union civile. Elle n’était en revanche pas disposée et ne le sera pas de sitôt à étendre le mot et la notion de mariage à des rapprochements par nature stériles et moins encore à accepter tous les artefacts – adoption-filiation, gestation pour autrui, procréation assistée – sur lesquels il est clair que les inspirateurs et les promoteurs de la loi Taubira entendent fonder des ersatz de familles que récusent la biologie et le sens commun.

Il est des sujets où la démocratie directe doit l’emporter sur la démocratie parlementaire, et c’est notamment le cas lorsqu’une disposition censée s’imposer à tous met en jeu des questions de conscience. Hélas, on sait de reste, depuis le rejet du traité européen de 2005, que les gouvernements redoutent et fuient comme la peste les occasions de consulter le peuple, par peur de la réponse qu’il leur donnerait, quelle que soit la question posée. Le bouleversement de civilisation auquel nous venons d’assister est entaché par la procédure suivie qui ne permet pas de décider s’il repose sur la seule source de légitimité dans une démocratie, à savoir l’assentiment populaire. La loi qui vient d’être débattue, votée et promulguée dans la hâte propre aux mauvais coups n’est que la loi de celui qui est provisoirement le plus fort. Si elle a rassemblé -et elle a rassemblé -, c’est contre elle. Hollande, combien de divisions ?

Dominique Jamet

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