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Jeanne d’Arc contre le nouvel ordre mondial – Par Pierre Hillard

3 mai 20130
Jeanne d’Arc contre le nouvel ordre mondial – Par Pierre Hillard 5.00/5 1 votes

Publié le : 02 mai 2013

Source : bvoltaire.fr

Sainte Jeanne d’Arc est célébrée en France, chaque 1er mai, comme la libératrice d’Orléans ayant bouté les Anglais hors de France. Si ce rappel historique est juste, il masque la véritable mission de Jeanne. En effet, on se garde bien d’expliquer la cause profonde poussant une jeune fille de 17 ans à secourir le dauphin Charles et la France prêts à succomber sous les coups de l’Angleterre.

L’âme de la France, sa civilisation et les caractéristiques propres de son peuple sont dus à un fait majeur : le baptême de Clovis dans la nuit de Noël 496. Cet événement capital permit de jeter les fondements du premier royaume catholique après la chute de l’Empire romain. Alors que l’hérésie arienne (du nom du théologien Arius mettant à mal, sous l’influence de la gnose, le principe de la Trinité) fait des ravages en Europe occidentale et en Orient, le pouvoir politique franc s’associe aux représentants de l’Église restés fidèles à l’orthodoxie de la foi fixée d’une manière définitive par le concile de Nicée (325). Ainsi, l’évêque saint Remi put baptiser et oindre par la « sainte Ampoule » Clovis selon la célèbre formule « Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré. »

Cet acte spirituel et politique conférait à tous les successeurs de Clovis une mission capitale. En effet, depuis la médiation de saint Remi, le souverain est le « Lieutenant du Christ » chargé de tenir le royaume en « commende », c’est-à-dire un bien consacré à Dieu qui doit être défendu et administré afin de permettre aux sujets du royaume de France de gagner le Ciel. Au cours des siècles, les rois de France en tant qu’hommes ont été plus ou moins à la hauteur. En revanche, la fonction et la mission royales, elles, sont inaltérables.

Au début du XVe siècle, alors que la France sombre dans la désolation, la naissance de Jeanne le 6 janvier 1412 est le premier clin d’œil de la Providence. La date du 6 janvier correspond à l’Épiphanie qui signifie « Manifestation », c’est-à-dire l’hommage rendu par les Rois mages représentant les pouvoirs terrestres devant le Roi de l’univers et des nations : le Christ. La naissance de Jeanne à Domrémy est l’autre clin d’œil rappelant le lien avec l’évêque saint Remi (« Dominus Remigius » : « maître » ou « seigneur » Remi).

Croquis représentant Jehanne d’Arc, exécuté de son vivant dans la marge d’un registre du Conseil du Parlement de Paris en date du 10 mai 1429, par le greffier Clément de Fauquenbergue.

La ville d’Orléans sur le point de tomber allait être le coup de grâce permettant au royaume de France de devenir un « dominion » anglais. Alors, il s’est produit un événement unique dans l’histoire du monde. Une jeune fille obtient du dauphin Charles de réunir une armée dont les soldats, après s’être confessés, reprennent Orléans. Cette victoire fait trembler sur ses bases la confiance des armées anglaises qui ne pourront pas empêcher les troupes françaises de reconquérir le territoire national. Le sacre de Reims, grâce à la clairvoyance de Jeanne, permet de rétablir la légitimité politique du dauphin. Devenu roi, son pouvoir n’est plus contesté.

Cependant, l’action de Jeanne ne s’arrête pas là. Outre son rôle politique et militaire, sa mission première fut de rappeler la signification du baptême de Clovis. Dans son esprit surnaturel, elle réaffirme que le véritable roi de France est le Christ déléguant au souverain, le « Lieutenant du Christ », le droit de gouverner son royaume. Ainsi, par un acte notarié appelé la « triple donation », du 21 juin 1429 à l’abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, Jeanne demanda solennellement au dauphin de lui remettre son royaume.

Après avoir hésité, le dauphin accepta, ce qui fit dire à Jeanne qu’il était « le plus pauvre chevalier de France ». Puis, elle ajouta ces phrases hors normes qui résument toute la science politique française :

« Jehanne donne le royaume à Jésus-Christ.
Jésus-Christ rend le royaume à Charles. »

Ce texte, véritables « Tables de la Loi » de l’Israël du Nouveau Testament, a été perdu. En revanche, l’authentification de cet événement extraordinaire relatant ces propos se trouve dans un document rédigé, au cours de l’été 1429, à l’intention du pape Martin V. Ce document d’une immense portée spirituelle et politique, appelé « Breviarium historiale », est disponible aux archives de la Bibliothèque vaticane 1.

La proclamation par le tiers état, le 17 juin 1789, de l’Assemblée constituante est la rupture avec le baptême de Clovis. D’une certaine manière, le Christ est détrôné au profit d’une souveraineté populaire, en fait, en faveur d’une oligarchie animée d’une Agapè inversée. Cependant, ne croyons pas que la mission et l’esprit de Jeanne soient finis…

Pierre Hillard

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