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DSK a encore des amis influents et bien placés… Par Dominique Jamet

1 mars 20130
DSK a encore des amis influents et bien placés… Par Dominique Jamet 4.50/5 2 votes

Publié le : 01 mars 2013

Source : bvoltaire.fr

Si l’hypocrisie est l’hommage que rend le vice à la vertu, il semble qu’il y ait beaucoup de vice dans certaines rédactions bien parisiennes, à voir les mines offusquées que suscite l’affaire Iacub-DSK jusque dans des journaux pourtant peu bégueules, et qui s’en font d’ordinaire une gloire. Ainsi de Libération, où l’éloge fait par Philippe Lançon du livre « scandaleux » de la chroniqueuse du quotidien est le prétexte aux reproches sévères de professeurs de vertu plutôt inattendus. Ainsi du Nouvel Observateur où la publication d’extraits de Belle et bête est le prétexte à d’obliques règlements de comptes. Une partie de sa rédaction accuse Laurent Joffrin d’avoir porté atteinte à la moralité d’un magazine qui, après avoir longtemps tiré de substantiels profits de ses annonces coquines s’enorgueillit pourtant, entre autres, d’accueillir régulièrement les manifestes de toutes sortes de « salopes » (sic). Joffrin, en l’occurrence, prête le flanc pour avoir omis de prévenir de son initiative l’illustre et vénérable fondateur de l’hebdomadaire, Jean Daniel qui, de fait, vexé, marmonne qu’il n’a pas créé l’Obs (en 1964) pour le voir tomber si bas.

Passons. L’épisode scabreux qui est venu opportunément gonfler les ventes de l’organe de la gauche bon chic bon genre a révélé que, contrairement à ses dires, Dominique Strauss-Kahn n’est pas l’homme blessé, seul et sans défense qu’il prétend être. De Marianne au Monde en passant par Le Point, l’ancien ministre de l’Économie, des Finances et du Temps libre – tant mieux pour lui — peut toujours compter sur le même réseau d’amis influents et bien placés qui sont venus à sa rescousse. Quant à la justice, elle a fait partiellement droit à sa plainte pour atteinte à sa vie privée et à sa dignité.

Dans la mesure où il est permis de supposer que la première motivation de l’éditeur de Belle et bête, puis de la direction du Nouvel Observateur était d’ordre financier, quelle que soit d’autre part la valeur littéraire du petit brûlot de Marcela Iacub, il n’est pas absurde que le juge des référés ait accordé au plaignant de substantiels dommages et intérêts qui, soyons-en assurés, seront consacrés à l’amélioration de la race porcine. Le tribunal, en revanche, n’a pas prononcé l’interdiction du livre, et c’est fort bien ainsi.

En effet, s’il est constant que celle qui fut pendant sept mois sa maîtresse consentante – et comblée ? – n’a pas hésité, en évoquant cette liaison, à dévoiler l’intimité de son amant, cette indéniable violation du secret de la vie privée n’est pas de la même nature que celle qui résulterait de l’indiscrétion, de l’intrusion, de l’obscène curiosité d’un photographe, d’un reporter, d’un détective privé et de toute autre personne qui, étrangère aux faits, chercherait à s’emparer et à tirer profit de quelque chose qui ne lui appartient ou ne la concerne en aucune manière. Les raison profondes du comportement de Marcela Iacub semblent plutôt d’ordre affectif, qu’elles relèvent de la jalousie, de la rancœur, de la déception ou de tout autre sentiment, fut-il aussi insolite et aussi aberrant que son désir initial d’aller voir au plus près de quelle étoffe était tissé le « pervers ». La révélation de l’affaire entre ces deux-là ne relève pas du voyeurisme, mais tout au plus de l’exhibitionnisme. Dans le style direct et vulgaire propre à notre siècle, Marcela Iacub ne se conduit pas autrement vis-à-vis de DSK – lui aussi largement majeur et plus que consentant – que Médée avec Jason, George Sand avec Musset ou Camille Claudel avec Rodin.

Aussi bien le tribunal, dans sa sagesse, n’a-t-il pas considéré comme condamnable le fait d’avoir franchi un mur qui, par la faute du plaignant lui-même, n’est plus depuis longtemps qu’un tas de ruines. Il n’a pas plus retenu l’accusation d’avoir infligé de nouvelles souffrances aux enfants de l’ancien directeur du F.M.I. Personne, à ce jour, n’a plus fait souffrir ces enfants que leur propre père.

Quant à la « dignité » de Dominique Strauss-Kahn, la justice ne s’est pas intéressée à cet aspect des choses. L’ancien futur président de la République n’est actuellement revêtu d’aucune dignité officielle. Pour ce qui est de sa dignité personnelle, le plus sage est de ne pas s’attarder.

Dominique Jamet

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