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Juncker parle de la Grèce : tout va très bien madame la marquise !

9 novembre 20122
Juncker parle de la Grèce : tout va très bien madame la marquise ! 5.00/5 17 votes

Ce qui est vraiment épatant avec les technocrates non élus de Bruxelles, c’est qu’on a beau toujours s’attendre au pire quand l’un d’eux décide d’ouvrir la bouche pour nous parler de la crise en Europe, on reste à chaque fois sidéré par la mauvaise foi et le culot affichés, proprement himalayens. Ces grands mamamouchis de l’oligarchie européiste arrivent systématiquement à se surpasser, à nous surprendre, encore et toujours, par leur cynisme, leur aveuglement volontaire, plus encore par l’obscénité absolue de chacune de leurs prises de parole.

Ce mercredi était ainsi présenté devant l’assemblée par le gouvernement grec « Goldman Sachs-compatible » d’Antonis Samaras le énième plan d’austérité imposé au peuple hellène par la troika (Commission Européenne, Banque Centrale Européenne et FMI) pour tenter de sauver le système et l’Euro. Cela en dépit de nouvelles, massives et très spectaculaires manifestations de citoyens hostiles à ces mesures jugées encore une fois non négociables par la Commission Européenne avant le versement de la sempiternelle dernière « tranche d’aide » financière à la Grèce.

Au deuxième jour d’une grève générale qui paralysait  l’économie et les administrations du pays, des dizaines de milliers de manifestants avaient ainsi convergé en fin d’après-midi vers la place Syntagma (où est situé le Parlement) à l’appel des syndicats opposés à un plan d’austérité qui encore une fois frappera d’abord de plein fouet les plus pauvres et continuera, comme ses prédécesseurs, de ruiner le peu qui reste de l’économie réelle du pays. Car les remèdes de cheval qui se sont succédés depuis le début de la crise grecque n’ont bien évidemment pas empêché la dette publique -qu’ils étaient pourtant censés réduire- d’exploser. Au contraire : celle-ci devrait ainsi atteindre 189% du PIB en 2013.

« C’est eux ou nous ! », « Arrêtez le massacre ! », proclamaient les banderoles des manifestants, estimés à plus de 100 000 (pour un pays de 10 millions d’habitants) par la majorité des observateurs présents.

« Si les parlementaires votent en faveur de ces mesures, ils auront commis le plus grand crime politique et social jamais commis contre le pays et le peuple », déclara avant le vote Nikos Kioutsoukis, secrétaire général du syndicat GSEE, ajoutant « Nous ne les laisserons pas détruire le pays ».

Pour disperser les manifestants, les forces de l’ordre n’hésitèrent pas à tirer des grenades lacrymogènes tandis que ceux-ci répondaient à coups de cocktails Molotov et de pavés. Bref, la Grèce est aujourd’hui dans une situation pré-insurrectionnelle, qui peut déboucher sur tous les possibles, y compris les plus tragiques.

Devant ce spectacle apocalyptique, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a gardé tout son sang froid, et devrait-on même dire, tout son sens de l’humour… Noir. Très noir. Il a ainsi déclaré devant l’association de la presse étrangère à Singapour, et sans bouger les oreilles : « Nos amis grecs n’ont pas d’autre choix », ajoutant  comme une cerise sur le gâteau : « et mon impression est que les réformes qui sont mises en œuvre en Grèce sont de mieux en mieux comprises par les citoyens grecs »… Cela ne s’invente pas.

Pendant que le peuple souffre et gronde partout en Europe, nos nouvelles têtes poudrées, totalement sourdes et aveugles à la réalité,  incapables de remettre en cause les dogmes ultralibéraux qui ont présidé à la « déconstruction européenne » de ces vingt dernières années, continuent donc de danser dans leurs palais leur sidérant menuet.

Mais attention, mesdames et messieurs les « marquises » : dans peu de temps, et  nous sommes de plus en plus nombreux à l’espérer, c’est une autre danse qui vous sera imposée par les masses sacrifiées sur l’autel de l’Europe fédérale et de la concurrence libre et non faussée. Une Carmagnole nettement plus populaire, certains d’entre vous diront d’ailleurs populiste, mais vous ne nous la ferez plus avec vos excommunications politico-médiatiques de carnaval.

« Ah, ça ira, ça ira, ça ira Les eurocrates à la lanterne… Ah ! ça ira, ça ira, ça ira ! Les eurocrates on les pendra ! »

 Marc LEROY – La Plume à Gratter

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2 Responses to Juncker parle de la Grèce : tout va très bien madame la marquise !

  1. NOURATIN le 12 novembre 2012 à 19 h 41 min

    Peut être cela va t-il péter, c’est possible et même probable mais je ne vois pas ce qui pourrait en sortir de bon. De toute façon, notre sort d’occidentaux est dores et déjà scellé, nous sommes foutus.
    Amitiés.

  2. christine le 10 novembre 2012 à 12 h 10 min

    Il ne faudrait pas que les individus tardent trop à se réveiller; j’ai l’impression que chaque jour qui passe plombe un peu plus la santé économique et morale des peuples.
    J’ai bien peur qu’un sursaut tardif ne puisse se faire que dans la violence et il est toujours difficile d’apaiser les révoltes et les révolutions qui peuvent parfois être détournées à leur profit par des hommes sans scrupules… Christine.

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