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Serge Letchimy, un gars du pays (oui mais duquel ?) par Coralie Delaume

7 novembre 20120
Serge Letchimy, un gars du pays (oui mais duquel ?) par Coralie Delaume 5.00/5 1 votes

Publié le : 07 novembre 2012

Source : l-arene-nue.blogspot.fr

Il faut savoir perdre son temps. En baguenaudant mollement sur le site de l’Assemblée nationale, par exemple. Ca permet de faire quelques jolies découvertes. Par exemple, on peut découvrir que les députés de la nation, même si c’est a priori paradoxal, ne sont pas tous du même…pays.
Vous souvenez-vous de Serge Letchimy, député de Martinique, c’est-à-dire d’un département français d’outre-mer, enfin…croyait-on ?
C’est lui qui, sacrifiant à la mode désormais très installée de l’« oh oui baby, hitlérise-moi », avait traité Claude Guéant de quasi-nazi, suite à la déclaration totalement imbécile de ce dernier sur « l’inégalité des civilisations». Dans ce « Letchimy vs Guéant », belle illustration de la guerre atroce et cruelle que se livrent les compétiteurs du grand concours « plus bourricot, tu meurs », il avait été fort difficile de départager les duettistes.
Cette fois, Serge Letchimy revient et il n’est pas content. Nous non plus, d’ailleurs. Car via les péroraisons d’icelui dans l’enceinte du palais Bourbon, nous venons d’apprendre que la République n’est plus du tout « une et indivisible », ainsi qu’on l’imaginait. Selon le député, elle est au contraire composée de multiples « pays ».
Début octobre, l’Assemblée nationale discutait en effet un projet de loi relatif à la régulation économique outre-mer. L’élu en profitait alors pour déclarer : « je rappelle que, sur les 400 000 habitants que compte la Martinique, mon pays, 80 000 personnes vivent sous le seuil de pauvreté ». Mince: c’est vraiment bête pour « son pays ». Et l’on espère que M. Letchimy n’a pas eu trop de difficultés à obtenir un visa, afin de venir exposer cet alarmant constat dans l’hémicycle.
Le lendemain, 10 octobre, l’orateur poursuivait (vidéo ici, compte-rendu intégral de séance ici ), cette fois-ci en mode « rafale » et sous l’œil désapprobateur de… de personne: « certes, nos pays ont besoin d’un programme beaucoup plus important en termes de développement économique (…) si la progression du PIB dans nos pays est très rapide (…) on n’en voit pas les résultats en termes de création d’activités (…) les problèmes doivent être traités au fond, qu’il s’agisse de la responsabilité économique directe, de la construction d’une nouvelle démocratie économique pour ces pays ou, surtout, de la valorisation de leurs richesses ». Soufflez, relâchez…
Il y a peu, nous nous insurgions contre l’erreur grossière commise par l’INSEE parisienne, qui, à l’occasion d’un rapport sur les discriminations, osait classer les Français d’outre-mer dans l’étrange catégorie des « immigrés-au-sens-large ». Nul doute, pourtant, que ces statisticiens auraient trouvé en Serge Letchimy un allié de poids.
Cette fois, nous n’en feront pas tout un plat-(pays), car nul n’est prophète en son pays et qu’en celui des aveugles, les borgnes sont rois.
Déplorons simplement qu’un pallier supplémentaire vienne à nouveau d’être franchi dans le domaine de l’absolu n’importe-quoi. Après la République « une et multiculturelle » d’Edgar Morin, voici venu le temps de la République « disparate, chamarrée, divisée, hétéroclite et explosée façon puzzle ».
Coralie delaume
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