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En Tunisie, les salafistes font la loi

27 août 20120
En Tunisie, les salafistes font la loi 5.00/5 1 votes

Publié le : 26 août 2012

Source : marianne2.fr

Depuis plusieurs semaines, en Tunisie, les débordements et affrontements provoqués parles mouvements salafistes ne cessent de se multiplier. Dans le même temps des émissions satiriques sont censurées et des artistes empêchées de se produire. un climat de terreur qui fait craindre une complicité entre le gouvernement, les islamistes au pouvoir, et les salafistes.

« Les salafistes font la police à Sidi Bouzid » ; « Des salafistes maltraitent l’imam de la mosquée Errahma à la Cité El-Khadhra » ; « Ennahdha au cœur des violences, mercredi soir, à El-Hancha » ; « affrontements entre salafistes et chiites dans la ville de Gabès » ; « un élu français agressé par des salafistes à Bizerte » ; mais aussi des émissions de télévision satiriques arrêtées, des artistes empêchées de se produire sur scène, des festivals annulés sous la menace des salafistes.

Depuis quelques jours, les titres de la presse tunisienne en disent long sur le climat de terreur que font régner les islamistes dans le pays.
D’après le site Maghreb Intelligence, plusieurs sections locales d’Ennahada dans le centre et le sud-est du pays
 « sont aujourd’hui les otages d’activistes salafistes qui disposent d’argent en provenance des pays du Golfe et comptent sur l’appui de généreux donateurs parmi la diaspora tunisienne en Europe ».

Peu nombreux mais très actifs, les salafistes, pratiquent une politique de « bousculade par événement  afin de maintenir sous pression, à la fois Ennahda et le gouvernement de Jebbali ».  « Bousculade par événement » comme à Sidi Bouzid dans la nuit de mercredi à jeudi où des centaines de militants salafistes ont attaqué un quartier de cette ville, berceau de la révolution de 2011.

« Selon les habitants de la cité, le conflit avec les salafistes a débuté lundi soir lorsque ces derniers auraient tenté d’enlever un homme ivre afin de le punir selon les règles de la charia. En réaction, des jeunes de la cité ont passé à tabac mercredi trois partisans de cette mouvance religieuse sunnite fondamentaliste, qui aurait alors réuni des centaines de ses partisans pour attaquer le quartier jeudi à l’aube ». La police n’est pas intervenue, officiellement pour ne pas envenimer la situation. Même inertie des forces de l’ordre au moment de l’agression dont a été victime Jamel Gharbi, élu régional de la Sarthe.  Les salafistes font la loi ?

Une complicité objective entre Ennahda et les salafistes ?

Reçu en France avec les honneurs en juillet 2012, le président Marzouki qui s’était exprimé devant les députés tentant de rassurer sur les relations de son parti de centre gauche avec Ennahda, n’a pas pris le risque de condamner toutes ces violences. A sa décharge, le président tunisien revenait tout juste du 4ème sommet islamique extraordinaire qui se tenait en Arabie Saoudite, un royaume véritable banque du développement salafiste.

De son côté, le ministère de l’Intérieur tunisien se borne à évoquer une « mauvaise appréciation de la situation » concernant les événements survenus à Bizerte.

L’apathie des autorités fait naître de nombreuses inquiétudes et certains soupçonnent de complicité les islamistes du parti au pouvoir, Ennahda. « On laisse faire les salafistes », estime la dramaturge Leïla Toubel.
« Ce qui est grave dans cette affaire, en plus de l’activisme des extrémistes religieux qui prend chaque jour plus d’ampleur, c’est le laxisme des autorités qui capitulent à chaque fois devant les diktats de quelques énergumènes barbus », estime le journal en ligne Kapitalis, très critique du pouvoir, au moment de l’annulation d’un concert.

Alors que jusqu’ici le phénomène salafiste, largement sous-estimé, apparraissait comme rejeté par les autorités de l’état et le parti Ennahda, il apparaît difficile aujourd’hui de ne pas suspecter une forme de complicité objective entre le parti Ennahda dont le but est d’imposer une vision conservatrice de l’islam par la voie démocratique et les salafistes qui refusent le jeu politique. Avec en point de mire, l’objectif d’une islamisation profonde de la société tunisienne.

Selon un ancien ambassadeur tunisien à Rabat, « les salafistes savent que, du point de vue électoral, ils ne pèsent pas beaucoup, mais qu’Ennahda a besoin d’eux pour remporter les prochaines échéances électorales. Alors, ils font tout pour maintenir un climat de tension peu propice au vote et en même temps poussent le gouvernement à épouser une partie de leurs desiderata ».

Régis Soubrouillard
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