Europe

Des « lendemains qui chantent » sont-ils possibles en euro dictature ?

11 mai 20120
Des « lendemains qui chantent » sont-ils possibles en euro dictature ? 5.00/5 1 votes

Publié le : 10 mai 2012

Source : comite-valmy.org

Légitimement, les Français ont donc concrétisé leur rejet de Nicolas Sarkozy en élisant – par défaut – son adversaire social démocrate François Hollande. Nous ne boudons pas le sentiment de délivrance largement ressenti dans les milieux populaires et qui est aussi le nôtre, tout en demeurant vigilants et mobilisés.

Cependant, l’embastillement de la France dans cette prison des peuples qu’est l’euro dictature perdure, même si le nouveau geôlier local a changé d’apparence et fait des promesses du style « fracture sociale » qui pourraient à nouveau s’avérer n’engager que ceux qui y croient.

Cette sanction populaire est amplement méritée et nous partageons ce rejet profond de Nicolas Sarkozy exprimé par le peuple de France, conséquence naturelle de la politique européiste antisociale et antinationale, antirépublicaine et antidémocratique, impérialiste et belliciste, particulièrement aggravée de manière cynique et arrogante, ces cinq dernières années.

Devenant encombrant aux yeux de ses maîtres de l’oligarchie américano-occidentalistes, Nicolas Sarkozy a été lâché par ceux-ci, qui se sont choisi et ont promu un autre fondé de pouvoir vassalisé en la personne d’un François Hollande qui a pour mission, si le peuple de France laisse faire, de mener pour l’essentiel la même politique, au service des « marchés » et du pouvoir des oligopoles financières.

François Hollande au pouvoir, la social-démocratie néo ou sociale-libérale, européiste et atlantiste, retrouve toute la capacité de nuisance qu’elle a démontré en particulier depuis la Libération, en entraînant avec d’autres, notre pays dans une fuite en avant dans la voie de l’Europe supranationale des régions et de la vassalisation américano occidentaliste.

Pourtant, il est nécessaire de souligner que François Hollande n’a pas été élu aussi facilement que l’orchestration médiatique entend le faire croire. Avec 48,63% des suffrages exprimés, il a devancé Sarkozy, sans recueillir la moitié des votes en raison du nombre historiquement élevés des bulletins blancs et nuls. Ceux-ci représentent 2,15 millions d’expressions citoyennes qui ont refusé de choisir entre deux candidats de l’oligarchie financière. Plus difficile à quantifier, le refus de vote militant a également été apprécié comme comme étant significatif.

Dans le domaine économique et social, sans l’intervention d’un mouvement populaire puissant, la politique de François Hollande, en raison de son adhésion fanatique aux dogmes de Maastricht, à la concurrence libre et non faussée ainsi qu’au traité de Lisbonne, pourrait suivre le même chemin (dicté par les marchés et les agences de notation) que celui de ses prédécesseurs, avec peut-être un habillage de démagogie sociale. Pour ne prendre que cet exemple significatif, lors de sa campagne, François Hollande a annoncé vouloir renégocier le Pacte budgétaire européen. Il a déjà essuyé plusieurs non catégoriques, de José Manuel Barroso et Martin Schulz respectivement présidents de la Commission et du « parlement » européens. Pour Angéla Merkel « le pacte budgétaire européen est non négociable.

Le Comité Valmy ne souhaitant pas jouer les oiseaux de mauvais augure, jugera sur pièce la politique de François Hollande, du Parti socialiste et de ses alliés mais se fait peu d’illusion quant à leur idéologie et leur nature de gérants loyaux du capitalisme. En même temps nous considérons que la putréfaction et les contradictions internes du système, conjuguées à l’essor du mécontentement du monde du travail, peuvent conduire à une situation qui mettrait François Hollande dans l’obligation de gérer la sortie de l’euro, contrairement à ses objectifs fondamentaux.

Pour un proche avenir, il est possible de pronostiquer qu’à la manière de la mise en scène de 2007, qui a conduit au traité de Lisbonne, soit déjà dans les cartons la préparation d’un nouveau psychodrame de manipulation politique, destiné cette fois à persuader le bon peuple, du lancement et de la crédibilité d’une réorientation de l’UE dans le sens de la croissance.

En matière de renoncement national et républicain, nous pouvons nous attendre à davantage d’engagement dans la voie antinationale, anti-laïque, ethniciste et communautariste de l’Europe fédérale des Länder. Ainsi François Hollande a-t-il promis par exemple de s’attaquer à l’unité de la République en inscrivant dans la Constitution le Concordat d’Alsace – Moselle.

Pour la politique étrangère, c’est du pareil au même. En témoigne le fait que François Hollande s’est déjà significativement affirmé prêt, comme Nicolas Sarkozy, à mener une guerre contre la Syrie. Comme Sarkozy avant lui il a envisagé d’accélérer le retrait des troupes Françaises d’Afghanistan et à nouveau Obama a dit non. Là encore les citoyens apprécieront à partir du critère de la pratique.

La nomenklatura sociale-démocrate de politiciens professionnels est à nouveau en mesure de gagner du terrain et pourrait devenir envahissante. Avec Mitterrand elle a mené en matière d’Europe une politique désastreuse en choisissant la voie supranationale pour le traité de Maastricht. Elle entend manifestement aujourd’hui persévérer sur la même ligne de renoncement à la nation et à la souveraineté populaire au profit de l’euro dictature.

Ce n’est pas cela qui a été choisi par les électeurs ce 6 mai, et les apparatchiks du PS ainsi que leurs satellites se tromperaient lourdement en interprétant le vote de rejet de Nicolas Sarkozy comme une adhésion de masse à la politique de leur parti. 55% des électeurs ayant voté pour François Hollande disent l’avoir fait pour barrer la route à un retour de Nicolas Sarkozy.

Les dirigeants du Front de Gauche, influencés par le nihilisme national trotskyste et refusant l’évidence que les questions sociale et nationale sont inséparables, ont refusé d’incorporer la revendication de la souveraineté populaire, liée à l’indépendance nationale, à leur démarche. Ils ont ainsi limité leur propre résultat électoral et surtout, ils ont choisi de persévérer dans le chemin sans issue du mirage de l’Europe sociale, ne voulant pas reconnaître que cette Europe de la finance n’est pas amendable.

Une occasion historique d’entreprendre la construction d’un mouvement populaire à partir des vrais problèmes qui sont imposés à notre peuple, ainsi qu’aux autres peuples européens, a été manquée, rejetée. La responsabilité politique du Front de gauche est d’autant plus lourde que les illusions à nouveau semées par leur inconséquence, vont freiner la nécessaire mobilisation populaire en retardant la prise de conscience des citoyens soumis à une intense manipulation de la part des médias.

Le score du Front National au premier tour de cette élection présidentielle a été de 17,90%, ce qui représente 6.421.808 voix. Il ne saurait signifier que notre peuple est raciste et xénophobe. Cette performance découle de l’incurie et de la dégénérescence de ceux des dirigeants politiques, notamment chez les communistes et à la CGT, qui, en perdant leurs racines et leurs principes, deviennent inaudibles et coupent leurs organisations d’une forte proportion du peuple. Que le Parti Communiste Français, tout en restant internationaliste, relève le drapeau de l’indépendance nationale et redevienne patriote, comme il le fut notamment pendant la Résistance, il retrouvera alors naturellement le peuple de France, tandis que l’influence du Front National connaîtra un reflux rapide.

Après cette élection sous influence et non véritablement démocratique, il apparaît plus urgent que jamais de construire la véritable alternative politique qui s’impose objectivement et devrait selon le Comité Valmy se traduire dans une dynamique anti oligarchique de front républicain patriotique et social. Ce rassemblement populaire appelé à devenir majoritaire, sera également antifasciste et anti-impérialiste.

Devant la faillite de la 5ème République qui, après le Général De Gaulle, a été transformée en instrument de fausse alternance en dépouillant le peuple de sa souveraineté, la France de sa liberté et les travailleurs de leurs conquêtes sociales, un changement profond de société s’avère nécessaire et urgent. L’idée de la convocation d’une Assemblée Constituante pourrait alors s’imposer. Pour donner à cette perspective toute sa crédibilité, notre Comité estime qu’il serait dès maintenant souhaitable de lancer une réflexion populaire pluraliste sur la nature et le contenu des nouvelles institutions à construire pour que la France républicaine retrouve sa liberté et soit en mesure de résister victorieusement aux tempêtes qui s’annoncent dans notre pays, en Europe comme dans le reste du monde.

Claude Beaulieu, Jean-Yves Crevel, Jean Lévy, Geneviève Blache, Jacques Maillard, Isabelle Voltaire, pour le Bureau national du Comité Valmy

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