Culture & Cinéma

Le bon temps… si vous préférez… Par Nouratin

10 novembre 20150
Le bon temps… si vous préférez… Par Nouratin 5.00/5 2 votes

Publié le : 08 novembre 2015

Source : nouratinbis.wordpress.com

Que le sieur Alain Delon franchisse plus ou moins allègrement la barre symbolico-catastrophique des quatre-vingts balais me laisserait relativement indifférent -non que le personnage me soit antipathique, bien au contraire, mais je ne le connais pas personnellement, comprenez vous ?- s’il ne comptait, quasiment jour pour jour, onze années de plus que votre serviteur. Or nous ne le savons que trop, hélas, onze ans cela passe en un clin d’œil et, le temps simplement de vous projeter par la pensée dans un futur aussi proche, vous vous y retrouvez pour de bon avec, en plus, le vague sentiment de vous être fait cocufier quelque part, comme on dit puis. Je vois aujourd’hui s’étaler à la une de tous les media qui se respectent la tronche burinée, fatiguée, ravagée, avachie, d’un type dont je fus, temporibus illis, horriblement jaloux tellement il était beau et rendait sinoques les gonzesses ; voilà qui me renvoie bien égoïstement, certes, à mon triste cas personnel, à l’image à la con que m’offre cette saloperie de miroir, à l’indifférence et au total désintérêt que je lis désormais dans les yeux des jeunes femmes. Sacré Delon, va ! Demain j’aurai ton âge et le fait qu’en raison du tien tu feras sans doute carrément peine à voir ne changera rien à ma détresse… sans évoquer la probabilité que nous nous retrouvions alors tous les deux à déguster les pissenlits sans les arracher. Putain d’Adèle ! On peut dire ce qu’on veut mais pour vivre sereinement sa vieillesse, comme ils disent, il faut une sacrée dose de sagesse et de détachement… d’aveuglement, non, plutôt ?

Cependant, le nouvel octogénaire en question, adulé comme pas possible par une sphère médiatique décidément bien versatile, ne manque pas, chaque fois qu’il en a l’occasion,  de « déraper » comme un beau diable nauséabond. La dernière fois c’était pour apporter son soutien à Mme. Morano en faisant savoir haut et fort que celle-ci possède une paire de testicules que lui envieraient bien des hommes, politiques ou autres. Considérant qu’il parlait sans doute au figuré, enfin je le suppose, et partageant en pareille hypothèse son point de vue, je ne saurais vous cacher combien je lui sais gré, au sieur Delon (et non pas au « scieur de long » comme l’avançait San Antonio) de cette sorte de déclaration. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer sur le sujet et je reste persuadé que ce genre de type, lorsqu’il brave les foudres de la bien-pensance, fait plus de bien à notre pays que la totalité des bénis oui-oui humanitaro-gaucho-compatibles du show-biz… et pourtant ça fait du monde. Je n’en voudrais d’ailleurs pour preuve que le superbe documentaire qui lui fut consacré cette semaine par le Service Public de l’Audiovisuel, lequel, ne pouvant faire l’impasse sur les quatre vingts ans du demi-dieu japonais, prit le parti d’un black-out absolu sur les positions politiques de ce dernier.  Après une heure et demie de delonnage à visée exhaustive, impossible de se faire la moindre idée à ce sujet… bon, vous comprenez, si on allait expliquer au bon populo que ce mec là affiche des opinions totalement réacs assorties d’une amitié avec les Le Pen, prône le rétablissement de la peine de mort, déclare l’homosexualité « contre-nature » et considère Cyril Hanouna comme un gros piège à cons audiovisuel doublé d’un vomitif pire que l’émétine ou le sirop d’ipéca, on prendrait le risque de déstabiliser quelque peu le système ; y a trop de gens qui l’aiment ce bonhomme, faudrait pas qu’ils se mettent à déraper eux aussi !

Et d’ailleurs, pendant qu’on y est, pourquoi nous priverions nous de remarquer que si la France compte bien – et seulement – deux « monstres sacrés » cinématographiques d’envergure mondiale encore un peu en vie : Bardot et Delon (1), ils professent tous les deux les opinions les plus ignoblement nauséabondes qui se puissent trouver dans ce pays de cons. Tous les deux ! Or donc, ce que la France a pu engendrer de plus magnifique en termes de talent, de charme, de capacité de séduction, d’attractivité sexuelle et d’aura médiatique serait complètement vérolé de la pensée, systématiquement malsain d’esprit, aveuglé par la haine de l’autre et le repli sur soi? Vous ne trouvez pas ça curieux, vous ? Et si par impossible c’était le contraire ? Si les deux spécimen en question, qui ont tout connu en termes de gloire et de célébrité, qui n’attendent plus rien de personne, dont la vie se termine assez tristement dans une décrépitude d’autant plus pénible qu’ils furent les plus beaux et les plus adorés…et si ces deux là se révélaient simplement lucides et sincères, au contraire du tout-venant des peigne-culs ordinaires, non ? Ça ne tient pas la route comme hypothèse, cette idée saugrenue ? Hé non, bien sûr, que vais-je donc imaginer là comme calembredaine ! La raison du plus fort est toujours la meilleure, nul ne saurait nager à contre-courant ; demandez à Galilée, demandez à Giordano Bruno ! Le Dogme on ne s’y attaque pas, c’est sacro-saint, défendu, verboten, forbidden, vietato ! « Touche pas à mon poste » comme dit le gros rigolo dégueulasse précité… nul ne saurait faire du tort à la pensée obligatoire, celle qui conserve le pouvoir aux ordures qui le possèdent, celle qui maintient et conforte aujourd’hui le désordre établi, l’infâme bordel organisé qui nous engloutira tous dans le naufrage programmé de notre vieille civilisation.

Parce qu’ils peuvent dire ce qu’ils veulent, tous ces enclumiers bien-pensants, Bardot et Delon ça reste deux vestiges splendides de notre passé civilisé. Des gens du monde, élégants, racés (oh merde, c’est permis, ça ?), éduqués, un peu cultivés, même, peut être…bref tout le contraire de ce qui se fait de nos jours. Nous vivons l’époque des Joey Starr, des Karim Benzéma, des Cyril Hanouna. Ils n’ont plus rien à foutre dans ce cloaque fétide, nos vieillards sacrés, ils lui sont totalement étrangers… au fond ils n’existent même plus vraiment… quand ils disparaîtront pour de bon la médiatosphère leur consacrera un énorme battage, on les dégustera jusqu’à la nausée au moins une bonne semaine chacun en omettant de dire, bien sûr, à quel point ils rappelaient les « heures les plus sombres de notre histoire » et en évoquant au contraire les plus flamboyantes à sons de trompes, à tire-larigot, à qui mieux-mieux, ad nauseam, sans retenue, sans discernement… sans rien y comprendre ! Parce qu’ils appartiennent à un temps qui n’existe plus… le bon temps… si vous préférez…

Bonsoir et à bientôt, j’espère.

Et merde pour qui ne me lira pas.

Nouratin

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