La Plume parcourt le Net

Palestiniens, gens sans terre – Par Dominique Jamet

29 novembre 20140
Palestiniens, gens sans terre – Par Dominique Jamet 5.00/5 4 votes

Publié le : 28 novembre 2014

Source : bvoltaire.fr

Il fut un moment question, lors de la naissance d’Israël, de faire cohabiter au sein d’un même État deux peuples, celui qui depuis vingt générations vivait sur la terre de Palestine, celui qui y faisait son retour après deux mille ans d’exil et d’errance. Beau rêve que soixante-cinq ans de guerres et de haine ont fait voler en éclats et dont ne témoignent plus aujourd’hui que deux millions d’Arabes, israéliens malgré eux et traités en citoyens de seconde zone, en suspects, voire en ennemis par les autorités et la majeure partie de la population d’un pays dont ils n’avaient pas demandé à devenir ressortissants.

Faute que prévalent la raison et l’amour, une autre solution s’est donc imposée et, dès 1967, prenant acte de l’incompatibilité d’humeur entre deux communautés pourtant issues d’une même souche, l’ONU, dix-neuf ans après avoir porté l’État hébreu sur les fonts baptismaux, déchirait à regret le mouchoir de poche que se disputaient deux adversaires apparemment irréconciliables et traçait les frontières qui devaient délimiter les territoires de deux États et de deux peuples.

Il importe de rappeler avant toute chose qu’Israël ne se contente pas d’ignorer mais viole et bafoue constamment la résolution 242 et que l’occupation par son armée de terres qui ne lui appartiennent pas, puis le grignotage constant, par le biais d’achats forcés, d’expulsions et surtout de colonies, de ce qui est censé être le territoire de la Palestine indépendante et souveraine, constituent non seulement un déni de justice vis-à-vis du peuple palestinien, mais un défi au droit international et la source de la guerre inégale, toujours recommencée et désormais permanente qui oppose deux peuples dont l’un, le plus fort, vit dans la crainte, et l’autre, le plus prolifique, vit dans la peur et dans la haine.

Nous n’y sommes pour rien, affirme avec la même impudence que la plupart de ses prédécesseurs M. Netanyahou. Comment pourrions-nous reconnaître l’indépendance de la Palestine alors que le Hamas et ses alliés, le Hezbollah, l’Iran, refusent de reconnaître Israël ? Lorsqu’il subordonne vaguement l’éventualité d’un changement de politique israélien à un changement d’attitude du Hamas, M. Netanyahou et son gouvernement se fichent tout simplement du monde. Auraient-ils oublié qu’après avoir pendant trois décennies lutté contre Israël, un certain Yasser Arafat avait déclaré caduque sa lutte et qu’un certain Yitzhak Rabin, en tirant les conséquences, avait reconnu comme un interlocuteur et un partenaire valable le président de l’Autorité palestinienne ?

Que reste-t-il de ces premiers pas et de cet espoir depuis que Rabin a été assassiné par un fanatique juif et qu’Arafat, ignoré, humilié, persécuté, a disparu dans des circonstances troublantes ? Comment le gouvernement israélien ose-t-il prendre prétexte de l’existence d’une faction palestinienne aussi belliqueuse et bornée que peuvent l’être les partis juifs nationalistes et religieux pour ignorer l’existence et l’autorité légitime de Mahmoud Abbas et tourner le dos aux voies d’un règlement pacifique ? Depuis les accords de Camp David et d’Oslo, Israël n’a cessé de revenir sur ses engagements et de régresser sur le chemin alors tracé.

Ben Gourion aimait à dire qu’il ne serait content que le jour où il verrait, sur les quais d’Haïfa, un policier juif poursuivre un gangster juif. Le père fondateur d’Israël, qui savait à quel enfer il avait échappé et n’avait pas oublié d’où il venait, entendait par là qu’une telle scène signifierait qu’Israël serait devenu un pays comme un autre. Il aura suffi de trois générations pour que la réalité dépasse son rêve. Israël, en ce début du XXIe siècle, n’a plus rien à envier à bien d’autres ‭États sur le plan de l’hypocrisie, de l’agressivité, de la sottise et du repli sur soi. Israël est dans sa région le meilleur recruteur et le premier responsable de l’explosion de l’islamisme. Cent trente-cinq États, à ce jour, ont reconnu la Palestine dont l’évidence s’impose à qui n’a pas décidé d’être aveugle.

Il est triste que le peuple israélien refuse au peuple palestinien ce que le monde, pendant vingt siècles, a refusé au peuple juif : une identité, un foyer national, une patrie.

Dominique Jamet

EmailPrintFriendlyBookmark/FavoritesFacebookShare

Mots clés : , , , , , , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*