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Snipers de Kiev : ce que révèle la divulgation de la conversation téléphonique de Catherine Asthon – Par Theo Canova

27 mars 20140
Snipers de Kiev : ce que révèle la divulgation de la conversation téléphonique de Catherine Asthon – Par Theo Canova 5.00/5 2 votes

Publié le : 19 mars 2014

Source : cercledesvolontaires.fr

 Catherine Ashton avec Urmas Paet, l'homme par qui la vérité et le scandale arrive concernant les morts de la place Maidan...

C’est une véritable bombe médiatique qu’a diffusée la chaîne de télévision Russia Today le 5 mars dernier. En effet, ce n’est rien de moins que 11 minutes de conversation entre Urmas Paet, le ministre des affaires étrangères estonien et Catherine Ashton, la haute représentante de l’UE aux affaires étrangères qui sont dévoilées. Les services secrets russes y sont pour beaucoup, mais puisqu’ils utilisent en l’occurrence la vérité pour dénoncer les malversations à l’œuvre dans certains mouvements, on aurait tort de ne pas s’y intéresser…

Très vite, le ton est donné, bien loin de ce que la presse « mainstream » raconte en boucle sur toutes les grandes chaînes, on découvre toute la précarité de la situation sur la place Maidan au lendemain du coup d’État Ukrainien : absence totale de confiance entre les manifestants et le nouveau gouvernement, risques de ré-insurrection et de blocage du parlement, pression et insécurité des parlementaires qui se font quotidiennement intimider et agresser et enfin la menace grandissante de sécessions des régions de l’est (pro-russe) si de l’argent n’est pas immédiatement insufflée dans ce pays en perdition. Tel est la situation réelle à Kiev, bien loin des contes pour enfants sur un gentil peuple Ukrainien libéré du tyran Ianoukovitch. Surtout que les Ukrainiens ont déjà eut droit en 2004 à une pseudo « révolution populaire » qui a fini par se retourné contre eux (1).

Mais l’information la plus explosive, celle qui va sûrement peser dans les relations internationales, c’est le récit d’Urmas Paet à propos des snipers de Kiev : « toutes les gens tués par les snipers, les forces de police mais aussi les manifestants, l’ont été par les mêmes snipers », « il y a de plus en plus le sentiment que les snipers n’ont pas été commandités par Ianoukovitch, mais par quelqu’un de la nouvelle coalition », « cette nouvelle coalition refuse d’ouvrir une enquête sur ce qui s’est vraiment passé ». À ces mots, la Russie a immédiatement saisi l’occasion pour demander des investigations de la part des Nations Unies. Inutile de préciser qu’il va dès lors être plus compliqué pour les américains – qui recevaient la semaine dernière Arseni Iatseniouk -, de légitimer ce gouvernement.

Le jeudi 20 février (jour de l’attaque des mystérieux snipers), 66 personnes dont 6 policiers sont tuées (2) (3) ; le bilan final sera de 82 morts, 622 blessés dont 15 policiers et au moins un journaliste (4). L’attaque du 20 février a été filmée et, sur ces images, on peut voir que certains tirs viennent de derrière les manifestant : pour être précis, ils proviennent du même bâtiment que celui d’où a été pris la vidéo. Y a-t-il une collusion entre les cameraman et les snipers ?

Ces manœuvres terroristes s’inscrivent dans une stratégie dite de « guerre de quatrième génération » (5). Ces guerres asymétriques ont pour but de renverser un gouvernement sans intervention directe de l’armée. Le principe est de créer une rupture entre le gouvernement et la population en s’appuyant principalement sur les réseaux d’information et le financement de partis politiques d’opposition, comme Svoboda. En Ukraine, les États-Unis aurait dépensé 5 milliards de dollars pour favoriser ce coup d’État selon Scott Rickard, un ancien agent de la CIA (6). Le soutient politique et militaires des forces de l’opposition ont aussi été extrêmement appuyés, comme l’atteste la présence de soldats israéliens au Maidan (7), ainsi que la présence de nombreuses personnalités occidentales, dont BHL exhortant la foule à renverser le gouvernement.

Dans ce contexte, l’utilisation de snipers permet à la fois de rendre la contestation plus extrême, plus légitime et d’isoler le gouvernement sur la scène internationale. Ce cocktail explosif a déjà pu être observé en Iran en 2009 (8), en Egypte (9) et en Syrie lors des manifestations contre Bachar El-Assad. En Ukraine, cela a permis aux dirigeants du camp occidental d’écraser le gouvernement élu par le peuple et de mettre la main sur un pays tout en proférant de grandes et belles phrases sur la Démocratie, la Paix, la Liberté et les Droits de l’Homme. Machiavel doit se retourner dans sa tombe, on a trouvé plus fort que lui.

Theo Canova

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(1) 2005-2010 : la politique ukrainienne sous Viktor Iouchtchenko (Wikipedia)

(2) L’Ukraine annonce des mesures antiterroristes, l’Europe menace de sanctions (La Dépêche)

(3) Ukraine : la journée la plus meurtrière depuis le début de la crise (Le Monde)

(4) La chute du président Ianoukovitch, le retour de l’opposante Timochenko : récit d’une folle journée (Le Parisien)

(5) Syrie, le laboratoire d’une « guerre de quatrième génération » ? (Le Grand Soir)

(6) Ukraine : un agent US affirme que le coup d’Etat a été fomenté par les USA et l’UE (Cameroon Voice)

(7) Ukraine : Des Soldats Israéliens Parmi Les Putschistes (Planete Non Violence)

(8) Iran: morte devant les cameras, Neda est devenue une icône (Le Post)

(9) Les même tracts ont été retrouvés lors des pseudos révolutions en Egypte et en Ukraine (Fawkes News)

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