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Théorie du genre : quand le CNRS propage lui aussi la « rumeur »…

6 février 20141
Théorie du genre : quand le CNRS propage lui aussi la « rumeur »… 5.00/5 57 votes

On le sait à présent… depuis quelques jours, nos gouvernants (Najat Vallaud-Belkacem, Vincent Peillon et Manuel Valls en tête) n’en finissent plus de nous le dire, de nous le répéter jusqu’à l’overdose : la théorie du genre n’existe pas et (n’existant pas) elle ne saurait donc actuellement de quelque façon que ce soit s’introduire dans les écoles de la république.

Dormez en paix, braves gens, parents inquiets, la bergerie est bien gardée, vos chères têtes blondes à l’abri de toute tentative de lavage de cerveau, de matraquage idéologique version LGBT. tout cela n’est qu’une invraisemblable fumisterie, bien pire même, une abjecte rumeur relayée par tout ce que la France compte de réactionnaires haineux, de sinistres individus d’extrême-droite, d’ennemis de la république et de ses « valeurs », si fièrement défendus par nos courageux ministres de la Hollandie.

La théorie du genre n’existe pas, et c’est donc notamment la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud Belkacem qui nous le dit :

 

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« Une soi-disant théorie du genre qui n’existe pas »… sidérante déclaration en vérité, faite face à un journaliste -comme d’habitude- soit totalement servile, soit totalement incompétent (l’un n’empêchant sans doute pas l’autre), de la part d’une donzelle qui disait pourtant en août 2011, dans une entrevue au journal 20minutes.fr, et en réponse à la question « En quoi la théorie du genre peut-elle aider à changer la société » :

« La théorie du genre, qui explique «l’identité sexuelle» des individus autant par le contexte socio-culturel que par la biologie, a pour vertu d’aborder la question des inadmissibles inégalités persistantes entre les hommes et les femmes ou encore de l’homosexualité, et de faire œuvre de pédagogie sur ces sujets ».

… Et bien alors, Madame Vallaud-Belkacem ? Sont-ce là les premiers symptômes fort préoccupants d’une bien précoce maladie d’Alzheimer (1), ou plus vraisemblablement la preuve aveuglante d’une malhonnêteté, d’un culot, d’une duplicité incontestablement dignes d’être cités dans le Guiness des Records ?

« Des énormités »… « On ne parle aucunement de sexualité à des enfants de primaire », nous dit également Najat face à ce journaliste-serpillère d’Europe 1.  Là aussi, quelle surprise, venant de celle qui déclarait dans la même entrevue de 2011 : « Il est essentiel d’enseigner aux enfants le respect des différentes formes d’identité sexuelle, afin de bâtir une société du respect ».

Mais en 2011, il n’y avait pas encore eu la Manif pour Tous et ses centaines de milliers, ses millions même de manifestants pacifiques mais inflexibles, pas eu de Jour de colère, pas eu de Journée de retrait de l’école, pas eu le rapport Lunacek, ou le rapport Standards pour l’éducation sexuelle en Europe de l’OMS de sinistre mémoire et déjà évoqué sur La Plume, dont je vous conseille de visionner quelques lignes (qui détaillent un programme «scolaire » de primaire très explicite et on ne peut plus sexuel) à la suite de cet article (3). Et surtout, le gouvernement Ayrault de la Hollandie n’était pas encore un champ de ruines, et Normal 1er ne battait pas encore et jour après jour tous les records d’incompétence et d’impopularité.

Najat Vallaud-Belkacem pouvait donc faire sans prendre de risque une déclaration d’amour à la « théorie du genre qui n’existe pas » (je ne m’en lasse pas), déclaration qui faisait d’ailleurs suite à l’époque aux remous bien timides qu’avait engendrés chez quelques députés UMP l’introduction de la dite théorie dans les manuels de sciences, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, selon la volonté de son ministre de l’éducation nationale d’alors, l’inénarrable Luc Chatel. Une porte-parole du PS volant en cette occasion au secours d’un ministre UMP… Mais comme le théorie du genre, l’UMPS « n’existe pas », bien entendu !

Une théorie du genre « qui n’existe pas » -on le répètera jamais assez, à l’attention des imbéciles réactionnaires- ce qui n’empêche pourtant pas le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique), organisme public s’il en est, d’en faire ardemment la promotion, comme le prouve le document en ligne que je viens de découvrir presque par hasard sur son site officiel, qui date de 2012, et dont je vous laisse entièrement juge : vous le trouverez en effet reproduit intégralement ci-dessous, mon sang se coagulant à l’idée qu’on y change une virgule (2). Accrochez-vous, cela vaut le détour !

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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GIS Institut du genre et appel à projets (document du CNRS)

L’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS et le GIS Institut du Genre lancent deux appels à projets dans le domaine des études du genre et des sexualités dont la date limite est le 14 mai 2012.

Fondé en 2012 à l’initiative de l’Institut des Sciences Humaines et Sociales du CNRS, l’Institut du Genre est un Groupement d’Intérêt Scientifique qui réunit 35 partenaires institutionnels. S’appuyant sur des UMR et des équipes explicitement engagées dans la recherche sur le genre, il constitue un lieu de coordination, de référence et d’accueil scientifique des recherches françaises sur le genre et les sexualités.

Le GIS a défini 10 axes de recherche à développer : Axe 1 : Epistémologie et théories du genre : genèse et généalogie du champ ; catégories opératoires et modes d’analyse. Axe 2 : Politique, Care, Justice Axe 3 : Territorialités, Espaces, Mondialisation Axe 4 : Genre et Temporalités Axe 5 : Genre, Production, Marché Axe 6 : Création, Arts et Littératures Axe 7 : Sexualités, Hétéronormativités et LGBT Axe 8 : Genre, Famille, Parenté Axe 9 : Genre, Religions et Sécularisations Axe 10 : Corps, Santé, Société

En 2012 le GIS Institut du genre lance un appel à projets concernant deux de ces thématiques.

1) Pratique et théorie du genre : la question de l’interdisciplinarité

Les études de genre ouvrent un vaste champ de recherche. Les questions afférant à la construction « genrée » et aux rapports sociaux de sexe traversent en effet tous les champs du savoir et de la pensée. Elles concernent un très grand nombre de pratiques sociales et culturelles, et s’expriment dans des productions artistiques et symboliques diverses. Aussi leur traitement requiert-il la collaboration de savoirs et d’approches disciplinaires multiples. Les études de genre sont parmi les rares qui soient “nées” en SHS et se soient ensuite étendues aux autres champs de recherche. Cela tient en partie au fait qu’elles se sont tout de suite développées dans l’interdisciplinarité. Elles ont contribué au rapprochement innovant de plusieurs disciplines (par exemple le droit et la sociologie, l’éthique et la géographie, l’art et la science politique) et à l’ouverture des disciplines SHS les unes aux autres. Elles ont favorisé l’émergence d’interactions nouvelles entre les SHS et les disciplines des autres secteurs scientifiques de la recherche. L’interdisciplinarité constitue donc à la fois un préalable théorique et un horizon des recherches dans ce domaine. Sa conception et sa mise en œuvre posent cependant des questions théoriques, méthodologiques, pédagogiques et institutionnels multiples. L’Institut invite des chercheuses et chercheurs de toutes disciplines SHS à présenter des projets qui visent à faire progresser la réflexion sur l’interdisciplinarité et sur sa mise en pratique : les questions peuvent être abordées sur le plan de la méthodologie, de la mise en œuvre institutionnelle en France et ailleurs, ou de la théorie. Le projet pourra concerner un ou plusieurs de ces plans. Il pourra porter sur l’analyse d’expériences déjà menées en la matière.

Cet appel à projet concerne en priorité l’axe 1 du programme scientifique mais peut concerner transversalement un ou plusieurs autres axes.

2) Les recherches LGBTIQ Les recherches dans le domaine des études « Lesbiennes, Gaies, Bisexuelles, Transgenre, Intersexe et Queer » forment un nouveau champ scientifique interdisciplinaire. Elles s’inscrivent dans une généalogie théorique considérant les sexualités comme des constructions historiques et culturelles. Elles ont contribué à développer une analyse critique des notions d’homosexualité et d’hétérosexualité à la faveur d’une déconstruction des catégories de la sexualité, telles qu’elles sont produites par un regard (hétéro)normé. Les études LGBTIQ visent à interroger les discours dominants et les normes qui régissent la reproduction de l’ordre sexuel comme ordre social. Les relations entre sexualités et genre, articulées à des dispositifs de pouvoir et de hiérarchisation, sont l’objet d’enquêtes empiriques et théoriques dans des disciplines de plus en plus nombreuses, depuis les études littéraires jusqu’aux sciences humaines et sociales, en passant par les études juridiques. Les transformations sociales liées à la visibilité croissante de la diversité des sexualités et des formes relationnelles entre les individus conduisent à repenser les corps et les pratiques, à reconfigurer les orientations sexuelles et le genre. Les projets pourront relever d’approches diverses et s’appuyer sur des études de terrain et/ou de sources documentaires.

Les propositions pourraient, par exemple, porter sur (liste non exhaustive) :
Les catégories de classement
Les modes d’articulation entre genre et sexualité(s)
Les liens entre appartenances culturelles, sociales et professionnelles et les orientations et comportements sexuels
Les parcours de vie (importance du cycle de vie, parcours transsexuels, etc.)
Les corporéités au regard des évolutions des pratiques médicales, du droit, etc.
Les modes de vie, les formes anciennes et nouvelles de « cultures sexuelles »
Les formes de mobilisation politique autour des sexualités minoritaires
Les reconfigurations relationnelles et familiales contemporaines

Cet appel à projet concerne en priorité l’axe 7 mais peut croiser d’autres thématiques.

Objectifs de l’appel à projets
favoriser des mises en réseau scientifiques à l’échelle nationale ou internationale
favoriser l’émergence de projets de type « ANR » ou « projets européens » en contribuant à leur montage
soutenir la mise en œuvre de recherches et d’enquêtes de terrain Dans cette perspective, les projets présentés pourront inclure mais ne doivent pas se limiter à l’organisation de colloques ou de journées d’études. Un rapport final sera demandé par le GIS Institut du genre à l’issue de la mise en œuvre des projets sélectionnés. Selon la nature du projet, ce rapport pourra prendre la forme de contributions scientifiques, de rapports de terrain ou de dossier de montage de projet.

Conditions d’éligibilité Cet appel s’adresse à tou-te-s les chercheurs/cheuses et enseignant-e-s – chercheurs/cheuses statutaires relevant d’établissements publics de recherche et d’enseignement supérieur, quels qu’en soient le grade, la discipline, l’appartenance institutionnelle et la localisation géographique en France. Priorité sera donnée à des projets portés par des personnels ou des collectifs relevant d’au moins deux unités ou équipes différentes. Modalités de soutien Le financement est plafonné à 10 K€ par projet. Le financement est accordé pour l’année 2012. Il sera versé en une seule fois et devra être utilisé avant la fin de l’année 2012.

Modalités de sélection Les dossiers seront évalués par le Conseil Scientifique de l’Institut du Genre.

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Les résultats de cet appel à projets ayant d’ailleurs dépassé toutes les espérances, puisque ce n’est pas moins de… 2 000 chercheurs en France (dans le seul CNRS, et donc bien-sûr payés avec nos sous) qui ont été recensés comme travaillant essentiellement sur une théorie du genre… qui donc, nous l’avons vu,  « n’existe pas » (voir détails ici) !

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(1) La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative (perte progressive de neurones) incurable du tissu cérébral qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales et notamment de la mémoire. C’est la forme la plus fréquente de démence chez l’être humain (wikipedia).

(2) Pour paraphraser Cyrano de Bergerac.

(3) Extraits du rapport Standards pour l’éducation sexuelle en Europe de l’OMS :

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Une réponse pour Théorie du genre : quand le CNRS propage lui aussi la « rumeur »…

  1. NOURATIN le 8 février 2014 à 15 h 10 min

    Merci pour ces précisions. On notera qu’il existe un GIS Institut du Genre, forcément subventionné grâce à nos impôts et des « chercheurs » du CNRS qui gaspillent notre argent en « travaillant » dans le cadre d’une théorie qui n’existe pas.
    On ne trouvera pas, hélas, dans les grands media, le droit de réponse qui normalement devrait exister dans ce pays dit « des droits de l’homme ». Peillon et Belkacem jouent donc sur le velours, les braves gens sont désormais convaincus, ils peuvent envoyer sans crainte leurs enfants à l’Ecole de la République. Circulez y a rien à voir!
    Amitiés.

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