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Fermeture des ateliers Pleyel : note de fin… Par Philippe Randa

15 novembre 20130
Fermeture des ateliers Pleyel : note de fin… Par Philippe Randa 5.00/5 1 votes

Publié le : 15 novembre 2013

Source : bvoltaire.fr

Pourquoi s’apitoyer davantage sur le dépôt de bilan d’un volailler – mettant au tapis des centaines d’employés – que sur la fermeture de la manufacture de pianos Pleyel ? Même s’il ne s’agit du sort que de 14 employés « seulement » – les 14 derniers ! –, on se dit que les pianos qu’on perd là le sont à jamais, alors que les volailles, si elles ne sont plus élevées en Bretagne, le seront ailleurs… Et peut-être même en France !

Remarquons aussi que les pianos Pleyel avaient été rachetés voilà deux ans par « Développement et partenariat », le fonds d’investissement de l’homme d’affaires Didier Calmels, qui entend devenir par ailleurs – devinez quoi ? – l’actionnaire majoritaire de Doux, le producteur breton de volailles en difficulté !

« Pas d’amalgame », indique évidemment le siège de Doux. « Ici, le projet monté par M. Calmels, la famille Doux et le Saoudien Almunajem vise bien à relancer l’entreprise. » Sans commentaire… Mais une pensée compatissante quand même !

« Cette disparition est symptomatique du plan social de grande ampleur actuellement à l’œuvre dans le secteur des métiers d’art. Chaque jour, des ateliers et des savoir-faire ancestraux, constitutifs de l’ADN économique et culturel de notre pays, disparaissent », regrette la Confédération française des métiers d’art (CFMA) qui a annoncé le 12 novembre dernier, « dans une indifférence quasi générale », l’arrêt de l’activité du site de Saint-Denis des prestigieux ateliers Pleyel.

Personne n’a coiffé de bonnet, de quelque couleur que ce soit, pour s’indigner de la fermeture prochaine de cet ancien fleuron de l’industrie musicale française, après celle de son site de production à Alès, jugé non rentable face à la concurrence étrangère, notamment chinoise et coréenne. « La société Pleyel avait obtenu en 2008 le label “Entreprise du patrimoine vivant”, attribué par l’État afin de distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence », nous apprend tout de même Lemonde.fr. Note de fin, donc !

Et pourtant, il s’agissait du plus ancien fabricant de pianos encore en activité dans le monde, fondé en 1807, il y a donc plus de deux siècles. On se dit que l’État, pour une fois, aurait pu intervenir, ne serait-ce qu’au nom de l’excellence française, comme l’a fait au siècle dernier un certain président des USA, considéré pourtant comme l’un des plus réactionnaires, des plus farouches anti-interventionnistes viscéraux… En 1983 en effet, Ronald Reagan décida une surtaxe sur les importations de motos japonaises de plus de 700 cm3 pour une durée de 7 ans, ce qui sauva la marque Harley-Davidson qui connaissait de sérieuses difficultés dues à la concurrence asiatique. Tout simplement parce qu’il considérait que Harley-Davidson était une « american success-story » !

Les pianos Pleyel n’ont-ils pas été, eux aussi, un peu de l’histoire glorieuse de la France ?

Philippe Randa

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