Economie

Les mesures d’austérité conduisent l’Europe au suicide, affirme un prix Nobel d’économie

15 mai 20120
Les mesures d’austérité conduisent l’Europe au suicide, affirme un prix Nobel d’économie 5.00/5 1 votes

Publié le : 15 mai 2012

Source : polemia.com

L’élection française à la présidence de la République a exacerbé les prises de position relatives aux plans d’austérité à mettre en place pour tenter d’éponger sinon d’éliminer les dettes souveraines de chacun des pays membres de l’Union européenne. La pierre d’achoppement est tout simplement, si l’on peut dire, s’il faut ou non accompagner les programmes d’austérité d’un pacte de croissance. Pour faire simple, doit-on financer la croissance par le déficit budgétaire ou se limiter à réduire les dépenses publiques et augmenter les impôts ? Nombreux sont les experts qui se sont prononcés pour l’une ou l’autre orientation. Nous présentons ici à nos lecteurs un avis, parmi d’autres, émanant d’un économiste de grande renommée, le prix Nobel Joseph Stiglitz.

Pour Joseph Stiglitz, lauréat du prix Nobel d’économie, l’Europe se trouve dans une situation « désastreuse » : mettre l’accent sur l’austérité c’est pousser le continent au « suicide ».

« Il n’y a jamais eu de programme d’austérité qui ait réussi dans quelque pays que ce soit », a dit Stiglitz, 69 ans, à Vienne jeudi. « L’approche européenne est sans aucun doute la moins opportune. Je crois que l’Europe va directement au suicide. »

Les hommes politiques des 27 pays membres de l’Union européenne mettent en œuvre des mesures d’austérité se montant à environ 450 milliards d’euros ($600 milliards) en pleine crise de dette souveraine. En même temps, la dette de la zone euro a atteint l’année dernière son record depuis le début de la monnaie unique, à mesure que les gouvernements augmentaient leurs emprunts pour combler leurs déficits budgétaires et financer les renflouements des nations membres.

D’après Stiglitz, si la Grèce était le seul pays d’Europe à connaître l’austérité, les autorités pourraient ne pas y prêter attention, « mais si l’austérité s’installe au Royaume-Uni, à la France, à tous ces pays, vous savez, qui sont dans cette situation, c’est comme une austérité collective et les conséquences économiques vont être désastreuses. »

Tandis que les dirigeants de la zone euro « se rendaient compte que l’austérité seule ne suffira pas et qu’il nous faut de la croissance », aucune action n’a suivi et « ce qu’ils ont consenti à faire en décembre dernier c’est une recette pour s’assurer qu’il meure » a-t-il dit en parlant de l’euro. « Le problème, c’est qu’avec l’euro, vous avez séparé le gouvernement de la banque centrale et des planches à billets et vous avez créé un gros problème », a poursuivi Stiglitz, ajoutant que « l’austérité conjuguée aux contraintes de l’euro est une combinaison mortelle. »

L’économiste a déclaré qu’il voyait une zone euro principale composée « d’un ou deux pays », l’Allemagne et peut-être les Pays-Bas ou la Finlande, comme « scénario probable si l’Europe maintient sa méthode d’austérité ». « Cette solution de l’austérité mènera à de hauts niveaux de chômage qui seront politiquement inacceptables et qui ne feront qu’aggraver les déficits. »

Le chômage des jeunes en Espagne a atteint 50% depuis le début de la crise en 2008, sans « le moindre espoir de voir les choses s’améliorer dans un avenir proche », a dit Stiglitz, qui est professeur d’économie à l’Université de Columbia. « Ce que vous êtes en train de faire, c’est de détruire le capital humain, vous vous aliénez les jeunes. » Pour obtenir de la croissance, les dirigeants européens pourraient concentrer à nouveau leurs dépenses publiques en « tirant pleinement partie » des institutions comme la Banque européenne d’investissements, en introduisant des taxes pour améliorer la performance économique et en utilisant des multiplicateurs de budget équilibrés, a-t-il dit.

Zoe Schneeweiss

Bloomberg
World News Daily
Information clearing House

Traduction de l’anglais (américain) : RS

Correspondance Polémia – 14/05/2012

Image : Joseph Eugène Stiglitz, économiste américain, professeur à l’Université de Columbia, prix Nobel en sciences économiques (2001) et médaille John Bates Clark (1979), ancien vice-président principal et économiste en chef de la Banque mondiale, est connu pour son point de vue critique de la gestion de la mondialisation.

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