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Borloo chez Veolia ? Rumeur ou deal avorté?

21 février 20120
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Posté le : 21 février 2012
Source : marianne2.fr
Le deal était passé : l’annonce de l’arrivée de Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia devait s’accompagner d’un soutien franc et massif du leader radical à Nicolas Sarkozy. Mais les plans élyséens ont été dévoilés trop tôt par la presse et mis à mal par la même occasion. Borloo a donc dû changer son fusil d’épaule après avoir passé une semaine à concocter une manoeuvre un tantinet bancale pour rallier le président sans froisser ses amis radicaux. Récit d’un tournant de carrière déjà caduque. Nicolas Sarkozy a beau juger « absurde » l’intervention de l’Elysée dans l’éventuelle nomination de Jean-Louis Borloo à la tête de Veolia, il n’empêche, l’affaire ressemble fort à un deal entre le président et le patron du Parti radical.
En marge du premier déplacement de campagne du candidat Sarkozy, jeudi 16 février à Annecy, l’un de ses conseillers se gausse : « La fuite des centristes ? Vous rigolez ! On attend pour mercredi 22 février le ralliement d’une grande figure du Centre. » Curieux, nous l’interrogeons : « Jean-Louis Borloo ? » « Un centriste, j’ai dit », ironise le stratège élyséen.
Pourtant, il semble bien que ce mystérieux centriste tant attendu ne soit autre que le patron du Parti radical valoisien. C’est en tout cas le scénario le plus probable au regard de l’annonce soudaine de sa nomination comme PDG de Véolia.
Ecoeuré par son expérience politique récente – sa frustration matignonnesque combinée à son retrait anticipé de la course à la présidentielle dû, selon lui, au manque de soutien dans son propre camp -, Jean-Louis Borloo fait depuis longtemps part à ses proches de son souhait de se reconvertir dans le privé.
Veolia représentait donc une jolie voie de remisage pour l’ancien ministre, mais attention ! Pas question de lui servir sur un plateau doré. « La tête de Veolia tu prendras, et en échange tu me soutiendras », aurait dit en substance le candidat UMP au chef radical.
Conscient de la difficulté de soutenir trop franchement le monarque qui n’a de cesse, depuis son interview au Figaro Magazine, de se déporter vers la droite, Borloo a passé le week-end à tenter de débaucher une trentaine de parlementaires centristes afin de créer un « groupe modéré et autonome pour l’après-présidentielle », aux dires de l’un d’entre eux. « C’est un moyen pour lui d’amortir son ralliement à Nicolas Sarkozy », décrypte un radical. Car l’ex-ministre de l’Environnement devait se fendre, dès mercredi 16 février -soit une semaine avant le conseil d’administration de Veolia- d’un communiqué ou d’un appel (la forme n’était pas encore arrêtée) en faveur de Nicolas Sarkozy. L’annonce de la création d’un groupe modéré pour l’après-2012 devait habiller le tout et signifier publiquement que son soutien n’était pas un blanc-seing. Et pour éviter que son plan de ralliement inopiné ne soit contrecarré par son propre mouvement, Borloo avait tout prévu.
Alors qu’un congrès du Parti radical devait se tenir le 10 mars prochain, l’occasion pour les militants et les cadres de désigner leur candidat à la présidentielle, le chef valoisien planchait également depuis quelques jours sur l’élaboration d’une stratégie bancale : réunir le congrès sans faire voter les participants ou, supprimer carrément le congrès. Tiraillé entre pro-Bayrou et pro-Sarkozy, le mouvement n’aurait ni voté à l’unanimité un soutien à Nicolas Sarkozy ni compris que leur leader se prononce si ostensiblement pour le candidat de droite très à droite. La claque aurait donc été double. Le chef de l’Etat aurait subi le désaveu d’un parti qui, jusqu’en décembre dernier, était associé à l’UMP et donc acquis à sa cause, et Jean-Louis Borloo aurait, de son côté, essuyé le mécontentement d’une partie de son propre parti déjà refroidi par son renoncement inopiné.

Une fois le congrès annulé, les cadres valoisiens auraient été appelés à se prononcer dans le cadre plus feutré et intimiste du bureau politique, prévu le 28 février. Pas de contestation publique, ce qui se passe place de Valois reste place de Valois.

Mais « ces rumeurs de presse », selon les termes de Nathalie Kosciusko-Morizet, qui entourent depuis ce matin l’annonce de l’arrivée de Borloo à la tête de Veolia risquent fort de faire capoter cette nomination. En attendant, le presque-nominé a déjà pris soin de rassurer ses amis Radicaux en leur adressant une lettre dans laquelle il réaffirme sa « mobilisation entière » au service de son parti. Sans doute effrayé par les soupçons de négociations qui planent sur lui et Nicolas Sarkozy, il amorce un rétropédalage rapide en précisant que le congrès du PR aura bel et bien lieu le 10 mars et qu’il sera l’occasion de réfléchir à un « nouveau pacte majoritaire ». Tout est bien qui finit bien. Sauf pour Borloo qui va devoir se trouver un nouveau poste.

Laureline Dupont
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