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Le « gaucho-lepénisme », la grande peur de l’UMP ! Par Joris Karl

20 mai 20130
Le « gaucho-lepénisme », la grande peur de l’UMP ! Par Joris Karl 5.00/5 1 votes

Publié le : 19  mai 2013

Source : bvoltaire.fr

Si vous voulez un jour « coller » vos amis, demandez-leur quelles sont les idées de Xavier Bertrand. Les bouches resteront bées, les yeux vont s’arrondir. Qui pourrait répondre à cette énigme ?

Comme bon nombre de ses compères de l’aquarium UMP, Bertrand ne pense quasiment rien. Il gère son coin de bocal. Se rêvant un destin national, ce gros poisson mou suit les grands courants : pro-européen, pro-immigration, pro-économie libérale, etc. Et, comme il est de bon thon, il tente de faire sa place au centre, un peu méfiant des maquereaux style Copé.

Sa grande crainte, ce n’est pas l’état social apocalyptique du pays, l’économie qui plonge, ce ne sont pas les graves scissions ethniques qui éclaboussent Paris en plein jour. Non, ça non. Dans le JDD du 18 mai, Xavier Bertrand nous explique qu’il faut se méfier de la montée du… « gaucho-lepénisme ». Rien qu’à lire ça, on en a des frissons !

Allez dans la rue, à la boulangerie, sur le marché. Vous verrez, tout le monde ne parle que de ça : le « gaucho-lepénisme ». L’ancien ministre l’affirme : « La montée de Madame Le Pen s’explique par les nombreux déçus de François Hollande qui la rejoignent, très en colère d’avoir été bernés. » Évidemment, Bertrand et la droite dite républicaine sentent la vague venir : il suffit de faire un tour dans une réunion locale de l’UMP. La plupart des gens pensent comme le FN, beaucoup en ont ras le bol et veulent « des accords ». Bien sûr, au fond de la salle, vous aurez toujours le jeune homme boutonneux ou la bourgeoise fripée qui feront état de leur pudeurs de collégien pré-pubère, mais en général, en cas de tempête, ces sardines-là suivent toujours le banc. Bertrand, pourtant, songeant au capital adoubement médiatique, n’hésite pas à condamner toute alliance avec le grand requin blonde : « N’attendons pas que des élus franchissent le pas. Je suis pour l’exclusion de tous ceux qui indiquent qu’ils souhaitent le faire… »

C’est donc une excommunication en règle, promise à tous ceux qui tenteraient de franchir le Rubicon. Étrange comportement d’un parti qui préfère perdre continuellement toutes les élections plutôt que de jouer le jeu démocratique et faire barrage à son prétendu ennemi socialiste…

Dire que la plupart du temps, Xavier Bertrand comme les autres osent se réclamer du Général de Gaulle. Car oui, voyez-vous, l’UMP serait — ne riez pas ! — l’héritier du gaullisme. C’est le même hold-up intellectuel depuis Chirac. Pourtant, n’en déplaise à Bertrand, qu’était le gaullisme, sinon l’incroyable alliance de forces normalement opposées en temps de paix ? Qui était autour de lui à Londres en 40, à part des progressistes de gauche, des juifs et des militants nationalistes ? Qui l’a porté au pouvoir en 1958 ? Ce que Xavier Bertrand appelle aujourd’hui avec dégoût le « gaucho-lepénisme ». Monsieur le « gaulliste », révisez vos classiques avant de jouer au père la vertu.

Joris Karl

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