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Le FN fasciste ? « Ah non, c’est un peu court, jeune homme »

15 janvier 20120
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Publié le : 23-03-2011

Source : atlantico.fr

« No pasaran! Le programme du Front National est fasciste ». A la lecture de cette tribune sur Rue89, l’écrivain Dominique Jamet s’est saisi de sa plume pour une réponse bien sentie…

Tout le monde connaît, est censé connaître, ou devrait connaître Cyrano de Bergerac et, dans Cyrano de Bergerac, la quatrième scène du premier acte, et dans cette scène, la fameuse tirade des nez. Résolu à provoquer le Gascon, le vicomte de Valvert se plante en face de lui et lui jette à la figure : « Vous…vous avez un nez…heu…un nez…très grand ». A quoi Cyrano réplique : « Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme ! On pouvait dire, oh Dieu ! bien des choses en somme ». Et de lui donner en une trentaine de vers la plus superbe des leçons d’humour et d’imagination.

Fasciste le FN ?

Tel le vicomte, M. Nestor Romero, « ancien enseignant » mais politologue novice, s’est-il aventuré sur Rue89, aussi courageux que les « liquidateurs » de Tchernobyl et de Fukushima, dans le « cloaque » nauséabond (toujours dire de l’adversaire qu’il est « nauséabond », cela fait partie aujourd’hui du débat des idées) du programme du Front national.

Il en est, Dieu merci, ressorti vivant mais épouvanté et, à défaut d’être irradié, illuminé, il a lancé, en la regardant bien dans les yeux, à la bête immonde : « Vous…vous avez des idées, des idées…heu…fascistes ». Et du coup, on a envie de dire à M. Romero, qui ne saurait le prendre mal : « Ah non, c’est un peu court, jeune homme ! » Un peu court et complètement à côté.

Car on peut dire, en somme, bien des choses, du Front national. Par exemple qu’il est populiste, démagogue, xénophobe, petit bourgeois et grande gueule, borné, ronchon, anachronique. Quant à ses idées, on peut les qualifier au choix d’odieuses, de stupides ou d’irréalistes. Ainsi l’autre jour dans Le Monde, une économiste inconnue mais valeureuse s’évertuait-elle à démontrer que la sortie de l’euro, préconisée par le Front national (mais également par le Front de gauche, le N.P.A. et quelques prix Nobel d’économie) se traduirait par un désastre : chômage massif, accroissement de la dette française, accroissement des inégalités sociales, bref, on le voit, une situation fondamentalement différente de celle que nous connaissons…

Réviser son histoire

A M. Romero, on demandera seulement s’il a vécu en France ces dernières années et s’il a quelque connaissance de l’histoire du XXe siècle. Ainsi, est-il bien sérieux de qualifier de « fasciste » le comportement d’un parti qui, depuis quarante ans qu’il existe, n’a jamais demandé qu’au suffrage universel, avec des succès divers, de le cautionner ou de le rejeter ?

Et, sauf erreur de ma part, il ne me semble pas que ce soit seulement pour avoir dénoncé l’absentéisme, condamné la violence à l’école et retiré leurs allocations familiales aux parents défaillants que Hitler, Mussolini et Franco furent mis au ban de l’histoire et de l’humanité.

En revanche, et quitte à étonner l’honnête M. Romero, quels que soient l’époque, le contexte et le vocabulaire, se contenter de qualifier l’ennemi pour le disqualifier, préférer l’injure à l’argument, l’invective au raisonnement et l’anathème au dialogue, est une démarche que pour faire court (jeune homme) on peut définir comme typiquement « fasciste »…

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