Politique France

Un Dimanche 13 décembre, vu d’Amérique – Par BlueBair, lectrice de La Plume à Gratter

13 décembre 20151
Un Dimanche 13 décembre, vu d’Amérique – Par BlueBair, lectrice de La Plume à Gratter 4.80/5 15 votes

Chère Plume à Gratter,

Voici une semaine qui fera date dans l’histoire de votre site, que je suis fidèlement depuis le premier jour, vous le savez. Je tiens d’abord à vous remercier d’avoir chaque jour mouillé la chemise et tout donné pour la cause : comme Jean-Baptiste dans le désert (Evangile du jour en ce 3e dimanche de l’Avent), vous continuez à crier et à aplanir le chemin de la souveraineté Française. Soyez béni.

Les charmes de l’entre-deux tours sont inconnus aux Etats-Unis. Française exilée – à son grand dam – depuis presque 30 ans en Californie, je passe des heures collée à mon ordinateur,  cherchant fébrilement des signes de sursaut patriotique, de réveil Français, de fierté nationale… La Plume a comblé mes attentes en publiant chaque jour l’article nécessaire. Ailleurs dans la dissidence on enfile plutôt des perles, on dirait. Restent les médias de masse et les réseaux sociaux. Nous nous attendions à tout : nous ne fumes pas déçus !

Je vous fais parvenir mon petit florilège de la semaine électorale, vue du « Far-West » :

Dès lundi matin Le Figaro et Libération sortent une Une identique : LE CHOC. C’est déjà en soi un formidable aveu ! Et je me dis, ça y est, c’est parti, ils leur refont le coup de la « Bête Immonde ». Les cérémonies d’hommage aux victimes du terrorisme sont à peine terminées… et on a déjà oublié le véritable ennemi. Car aujourd’hui, le danger, c’est le FN, accessoirement le seul parti qui avait alerté les Français du péril qui les menaçait (et les menace encore, même si tout le monde semble d’un seul coup l’avoir oublié). Mais tant pis, les Charlie foncent tète baissée dans le piège qui se refermera bientôt sur eux.

Dès lundi matin mes « amis » français de Facebook placardaient ces images d’une délicatesse et d’une intelligence qui me laissent pantoise :

 Marion nazie

Et vas-y que je t’ajoute des Like, des emoticons qui pleurent, des commentaires consternés. Ces gens ne sont pas nécessairement des êtres binaires, je les ai bien connus dans leur jeunesse… alors je place un petit « Ne me dis pas que tu y crois ! » atterré ou un « les Lumières, parlons-en ! » goguenard, mais les réponses sont rares, et au premier degré- on pourrait même dire au degré zéro.

Mes copines « Charlie » affichent pourtant parfois dans la même journée ce genre de chose réjouissante :

 00000 orient occident

… Mais se mobilisent contre le seul parti qui pourrait endiguer l’expansion de l’Islam en France. On atteint des sommets dans la schizophrénie.

Mardi, abandonnés en rase campagne par la direction du Parti Socialiste, les mêmes potes Facebook se disent effondrés, furieux, ne trouvent pas de mots… Et  postent des morceaux de vidéos supposément à charge contre une Marion Maréchal-Le Pen n’arrivant pas à répondre à une journaliste en 2012 ou 2013 [Note de La Plume : en réalité en 2010, à  tout juste… 20 ans] « Et c’est ça qu’on nous propose en présidente de région ? »

Les médias du système se déchaînent : épidémie de photographies des élus frontistes saisis au moment où, saluant la foule ou des amis, ils lèvent fort opportunément le bras… et permettent ainsi à nos déontologiques journalistes de laisser croire qu’ils sont en train de faire des « saluts nazis » ! En titres énormes, la bave aux lèvres, les mêmes fustigent …..la Haine. Le CRIF, le Grand Orient de France, le Medef, les syndicats divers et variés et… Dany Boon viennent admonester les Français. N’en jetez plus : il ne manque que BHL, Obama et le fantôme de mère Theresa ! [Note de La Plume : non, non, ma chère Bluebair, BHL n’a pas manqué : tant mieux pour vous si vous y avez échappé, mais le cuistre a bien évidemment apporté son indispensable pavé de bienpensance à l’édification de ce mur de la bêtise].

Le troisième jour, nous eûmes le premier sondage qui annonçait la bonne nouvelle : partout, la défaite FN. C’est mercredi, Le système souffle enfin un peu. Les patriotes ont une boule dans la gorge. En même temps, on s’y attendait. De ce côté-ci de l’Atlantique, le New Yorker (qui fut longtemps le « missel Arts et Spectacles » de la cote Est) établit le plus sérieusement du monde un parallèle entre Donald Trump et Marine Le Pen qui semble mettre en joie mes « amis » Facebook californiens libertaires. Je renonce à argumenter, ne m’étant jamais investie dans la politique américaine. Je ne suis qu’une travailleuse immigrée, je n’ai même pas le droit de vote, et ça m’arrange.

Jeudi, Marine tient son meeting de la dernière heure et balance tout ce qu’elle peut. Une diatribe de très grand souffle qui éclaire la situation et explique l’extraordinaire énergie déployée par le système pour survivre (ici). Les combines politicardes font sens, tout à coup, et on comprend que, sauf surprise –  mais on y croit encore – ils se battront jusqu’à la mort.

Vendredi, Chauprade fait encore des siennes : La Plume écrit une de ses pages les plus amères et les plus belles.

Et voila que Jouanno en rajoute une couche : « En 1933 aussi, les gens pensaient.. etc ». Evidemment, cela manquait. On se vautre dans le stupre électoraliste.

Je vous passe les palabres et les polémiques sur la « race blanche », complètement incompréhensibles aux Etats-Unis, où il est naturel de décliner sa race tout autant que sa date de naissance et son adresse sur tous les papiers officiels (y compris les inscriptions scolaires des enfants).

Samedi, Manuelito sort la Grosse Bertha de l’arsenal socialiste : la menace de « guerre civile ». Je me demande s’il y croit lui-même… Ce n’est pas tout à fait impossible, même si l’homme a déjà maintes fois fait ses preuves dans la démagogie et l’outrance abjecte… on atteint de tels sommets que même Le Figaro (« Les socialistes  hystérisent la fin de campagne ») pense que trop, c’est trop. Moi je croyais qu’on était déjà en guerre mais contre l’islamisme, et que l’Etat d’urgence, c’était pour ça !

Si la plupart des sites dissidents sont aux abonnés absents, certains très radicaux me rendent un peu d’espoir (sur Méridien Zéro par exemple, le Lt Sturm sort de son trou en appelant a voter FN, ce qui est tout de même fort de café), tandis que le « Pays réel » philosophe et ironise sur Radio-Courtoisie. Les catholiques boudent Marine qui n’a selon eux pas assez pris position sur l’avortement, comme si cela avait une quelconque incidence sur la situation désespérée des Calaisiens et la déferlante migratoire. On croit rêver !

Enfin nous y voilà : Dimanche 13, juste un mois après le massacre de Novembre. Il est 18h30 en France.

La participation à midi était en telle hausse qu’elle ne peut être comparée qu’au fameux scrutin présidentiel de 2002. 13 ans donc depuis le « sursaut républicain ». Les Français ont-ils vraiment changé ?

Moi, oui. Je m’étais faite bien avoir à l’époque ; j’avais couru au Consulat pour voter Chirac, pour sauver la Patrie en danger. Je me souviens de cette fièvre. La manipulation avait été totale : le logiciel anti-FN était imparable. Mais à l’époque on était en plein rêve européen, on venait d’abandonner la monnaie nationale ; bientôt tous les peuples européens allaient vivre dans l’opulence et le paradis sur terre. Cela ne m’excuse pas, mais il faut replacer les choses dans leur contexte. Le mur de Berlin était tombé depuis seulement quelques années ; Internet avait encore ses dents de lait ; on nous promettait le village mondial, la fin des nations, alors le Menhir du FN tombait vraiment très mal…

Et maintenant ?

Les Français de l’étranger n’ont pas été appelés aux urnes. De loin je regarde mon pays qui souffre et qui erre. Je trouve que cela fait beaucoup de « 13 », tout ça… pas sûr que cela nous porte bonheur. Tous les électeurs sont sans doute de bonne foi et veulent, croient sauver la France ou la République : les uns d’un péril islamiste qu’on a déjà vu à l’œuvre, les autres d’un péril fasciste qui n’existe pas. Les abstentionnistes du premier tour qui se déplacent aujourd’hui seront-ils les mêmes qu’en 2002 ? Ou bien les radicaux antisystème sortiront-ils enfin de leurs caves pour donner le coup de pied de l’âne à notre République si malade ? Réponse dans très peu de temps…

20 heures 05 : il semble donc que les Français aient un fois de plus choisi que rien ne change…

Je vais dormir un peu.

Fidèlement votre

Bluebair

Post-Scriptum : j’avais oublie de partager ceci…

« Classieux », non ?

Note de La Plume : et j’ajoute le « justificatif » mis en ligne par la rédaction afin d’expliquer ce montage, pour que les choses, concernant le caractère éminemment informatif de ce torchon, soient définitivement claires :

 « Bien sur l’image est un montage ! Marine Le Pen n’a pas encore gagné les élections présidentielles, pas encore revêtu l’ancien costume d’apparat de chef d’Etat. Et pourtant… Le score historique du Front national, au premier tour des régionales, laisse penser qu’une telle perspective n’est plus totalement virtuelle. Que l’héritière du vieux parti d’extrême droite peut sérieusement rêver conquérir l’Elysée. C’est donc pour montrer de la façon la plus claire, la plus crue, ce que pourrait être l’avenir proche du pays que nous avons choisi de construire cette image. Pour que tous, politiques, intellectuels, éditorialistes, etc, cessent de se voiler la face, comme c’est le cas depuis des décennies. Car oui le FN peut gagner et que « pour éviter ça », il ne nous reste plus que 18 mois. 18 mois pour prendre conscience, 18 mois pour agir.

La rédaction de Marianne »

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Une réponse pour Un Dimanche 13 décembre, vu d’Amérique – Par BlueBair, lectrice de La Plume à Gratter

  1. Bluebair le 14 décembre 2015 à 16 h 37 min

    Et j’ai oublié les évêques de France!!!

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