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Vincent Lambert : la CEDH a voté la mort – Par Anne-Sophie Désir

6 juin 20152
Vincent Lambert : la CEDH a voté la mort – Par Anne-Sophie Désir 5.00/5 2 votes

Publié le : 06 juin 2015

Source : bvoltaire.fr

La Cour européenne des droits de l’homme a validé, ce vendredi 5 juin, l’arrêt des soins à Vincent Lambert, estimant que sa mise en œuvre ne violerait pas le droit à la vie du tétraplégique. Par 12 voix contre 5, l’arrêt estime qu’il n’y aurait pas violation de l’article 2 de la Convention européenne des droits de l’homme, régissant le droit à la vie, en cas d’arrêt de l’alimentation et de l’hydratation de Vincent Lambert.

Il n’est pas question, ici, de nous lancer dans des débats d’ordre juridique, laissons les batailles d’experts médicaux et les bataillons de juristes s’intéresser au « cas » Lambert Et revenons à l’homme.

Penchons-nous de manière simple, pas simpliste, sur cette décision et ses conséquences. Remettons l’humain au centre.

La CEDH estime donc par cette décision que cesser d’alimenter et d’hydrater un être vivant ne constitue pas une violation du droit à la vie.

Il est des contorsions juridiques que nos facultés mentales ont du mal à concevoir.

Quel être vivant, et de surcroît humain, peut survivre sans eau ni nourriture ? Ni vous, ni moi, ni lui.

Qu’a donc fait Vincent pour mériter une telle sentence, à savoir mourir lentement de faim et de déshydratation ? À l’heure où la science fabrique des cœurs entièrement artificiels.

Il est tétraplégique depuis des années et en état dit « végétatif » : terme poétique dont se pare le genre humain quand il veut s’éloigner de ce qui constitue ses fondements même.

Et ça fait trop longtemps que cela dure.

Quant aux larmes qu’il verse, aux mains qu’il serre parfois ou ses clignements d’yeux, les experts en ont conclu à des réflexes. Tiens, les végétaux ont des réflexes ?

Quel délai doit-on alors donner à un tétraplégique avant d’estimer que cela traîne en longueur et cesser de l’alimenter ?

Car ici, on ne parle pas de traitement médical que la société en mal d’économies pourrait avoir à lui reprocher. Non : on parle de boire et de manger.

Et ces notions sont aussi basiques qu’elles sont vitales à chacun d’entre nous. Mais dorénavant plus à Vincent, la justice est passée. Et se targue dans un sursaut d’orgueil (ou élan de culpabilité ?) d’avoir respecté la vie dans son arrêt. En prononçant la mort.

Vincent Lambert n’avait pas laissé d’écrit mentionnant ses dernières volontés. La justice s’est donc chargée de rédiger son testament, là où même des proches, telles sa mère ou son épouse, avaient des opinions contradictoires.

Malheureusement, ce cas particulier et tellement dramatique ne fait qu’asseoir la notion de culture de mort que l’on souhaite banaliser. Jusqu’à Bruxelles.

Du suicide médicalement assisté à la mort par déshydratation, c’est toute l’espèce humaine et son respect qui sont violentés.

À heure ou nos bien-pensants post-68 se targuent d’une avancée énorme des droits de l’homme dans l’abolition de la peine de mort, d’autres peines sont prononcées. Où la sentence de l’homme en condamne un autre.

La mère de Vincent mentionnait que « toute vie méritait d’être vécue », celle de son fils également. La CEDH a trouvé d’autres arguments pour contrebalancer cette déclaration de bon sens et d’amour.

Et déjà le matraquage funeste et impudique de nos médias, enthousiasmés par cette décision, nous rapporte des sondages (RTL) ou seuls 10 % (!) des personnes interrogées seraient contre.

Un dernier petit coup d’intox pour la route à grand renfort de scores staliniens. Au diable la pudeur.

La sœur de Vincent Lambert souhaitait, par ce verdict, que sa « volonté soit faite ».

Sur la terre peut-être. Mais il en faut, de l’audace, pour trouver la paix dans cette décision.

Et Vincent a gagné son Ciel.

Anne-Sophie Désir

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2 Responses to Vincent Lambert : la CEDH a voté la mort – Par Anne-Sophie Désir

  1. Estelle Marie Sophie Garnier le 7 juin 2015 à 11 h 43 min

    J ai demandé à ma famille de me laisser mourir si un jour je devais me retrouver dans un tel état. Je comprends la mère mais je comprends aussi sa femme. Ce qui m échappe c est la technique utilisée qui me semble plutôt barbare pour mettre fin à sa vie.

    • marc le 7 juin 2015 à 13 h 11 min

      Bonjour Estelle Marie

      ce drame est infiniment délicat comme tous ceux qui mettent en jeu fin de vie et maladie particulièrement invalidante… beaucoup, dans les deux camps, affirment, insultent ceux d’en face. La vérité et le bon sens, la justice et la compassion sont les premières victimes de cette prétention de ceux qui dans leur immense majorité ne connaissent presque rien de ce dossier et se permettent par médias interposés de décréter LA vérité dans cette tragique histoire.

      Je vous conseille très vivement l’écoute de la vidéo de La Plume suivante : http://www.laplumeagratter.fr/2014/06/29/affaire-vincent-lambert-et-theorie-du-genre-le-journal-de-lidentite-de-radio-courtoisie-du-26-juin-2014/ (à partir de la 53ème minute) pour y voir un peu plus clair sur la réalité médicale de Vincent Lambert, sur la position de ses parents et notamment de sa maman. Vincent Lambert, malgré son état terrible, n’est pas « malade » mais très lourdement handicapé, n’est pas en fin de vie, n’est pas « branché » et maintenu « artificiellement » en vie…

      Sans aucunement négliger le désarroi de la femme de Vincent, comment une société peut-elle décider de laisser mourir de faim un handicapé ? Qu’est-ce que cette hiérarchisation de valeur des vies ? Qui décide celles qui doivent ou ne doivent pas être vécues ? Encore une fois, il n’y a pas dans cette histoire d’acharnement thérapeutique (qui est évidemment une barbarie médicale). Des milliers de personnes sont aujourd’hui dans l’état physique et clinique de Vincent Lambert… cela coûte cher… cette décision de la CEDH est la porte ouverte à une jurisprudence dramatique…

      Que quelqu’un, malade, sans espoir de guérison, ayant clairement exprimé sa volonté comme vous l’avez fait, puisse voir sa volonté respectée, je le comprends, et d’ailleurs, tout le monde sait que, sans qu’il soit besoin d’une Loi pour cela, cela se fait tous les jours ou presque dans le secret des hôpitaux français.

      Mais encore une fois dans cette triste histoire : pas de volonté clairement affichée d’euthanasie par le malade (sa femme n’a évoqué cette prétendue volonté de Vincent que très tard, épuisée sans doute par l’épreuve qu’elle vit, et je ne la juge pas pour autant, bien-sûr), pas de maladie mortelle, pas de souffrance insupportable, pas d’acharnement thérapeutique, pas d’isolement familial laissant ce malheureux face à lui-même…

      Une société qui laisse mourir de faim les plus faibles, mieux, qui ordonne par la Loi leur mort de faim, est-elle encore une société civilisée ?

      Sincèrement vôtre

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