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Saakachvili, la Transnistrie et la 3ème Guerre Mondiale – Par Valentin Vasilescu

6 juin 20150
Saakachvili, la Transnistrie et la 3ème Guerre Mondiale – Par Valentin Vasilescu 5.00/5 4 votes

Publié le : 05 juin 2015

Source : reseauinternational.net

Le niveau de vie des Ukrainiens a chuté de façon spectaculaire aujourd’hui, par rapport à ce qu’il était avant l’Euromaidan. L’échec des mesures économiques du gouvernement Porochenko a été jusqu’à présent mis sur le compte de la guerre civile et des opérations militaires, et il est susceptible de faire de l’Ukraine un théâtre de bouleversements sociaux de masse.

Il est devenu clair que Porochenko n’a pas l’intention d’appliquer l’accord de Minsk 2, en ce qui concerne la décentralisation de la Fédération de l’Ukraine avec les régions de Donetsk et Lougansk, par exemple. En outre, si Porochenko reprend les opérations militaires dans le nord du Donbass, ou part de Marioupol sans pleinement contrôler sa frontière avec la Russie, l’armée ukrainienne a toutes les chances d’être battue, encore une fois, comme en août et septembre 2014 et mars 2015. Dans ce cas, les territoires séparatistes peuvent aller bien au-delà des régions ethniques de Donetsk et de Lougansk.

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Le Parlement de l’Ukraine a récemment adopté une loi qui a aboli les accords prévoyant le transit par l’Ukraine des casques bleus russes en Transnistrie. Lymanske, situé à 3 km seulement de la frontière de la Transnistrie, est actuellement utilisé comme aérodrome de manœuvres de la 299ème Brigade Aérienne (équipée d’avions d’attaque au sol Su-25) et de la 28ème Escadrille (équipée de Bombardiers Su-24 M), toutes deux basées à Mykolaev (70 km à l’est d’Odessa).

Plusieurs bataillons de la garde nationale ukrainienne avaient été déployés dans le District de Balta, dans la région d’Odessa. La ville de Balta, située à 20 km de la frontière avec la Transnistrie, est un centre de communication important qui relie Kiev à Odessa et à Kichinev. Séparés de 70 km seulement avec aucun obstacle naturel entre Odessa et sa frontière avec la Transnistrie, la distance est couverte en moins de deux heures par les blindés ukrainiens. Simultanément, les unités du génie de l’armée ukrainienne de la région d’Odessa peuvent construire des fortifications dans certaines zones de la frontière avec la Transnistrie. Fortifications qui peuvent servir à l’armée ukrainienne comme points de départ à une éventuelle offensive.

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Sous ces auspices, Petro Porochenko a nommé l’ancien Président géorgien Mikhaïl Saakachvili gouverneur de la région Ukrainienne d’Odessa, bien que la justice géorgienne ait émis plusieurs mandats d’arrêt pour des affaires auxquelles il serait lié. L’un d’entre eux l’accuse d’avoir ordonné à Roman Șamatava, le directeur du Département pour la protection de la Constitution du ministère de l’intérieur, d’organiser des escadrons de la mort pour liquider les opposants de Saakachvili. Sous le prétexte de la lutte contre le crime organisé et les espions russes pendant le mandat de Saakachvili, une centaine de personnes ont soudainement trouvé la mort ou ont disparu (entre autres le banquier Sandro Ghirglviani, le premier ministre Zourab Jvania et le milliardaire Patrakashvilii Mona), en passant leur richesse dans les poches du clan de Saakachvili. La presse géorgienne affirme que Saakachvili aurait, dans les banques américaines, une fortune plus élevée que celles réunies des oligarques Porochenko et Igor Kolomoïski (gouverneur de la région de Dniepropetrovsk).

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La seule explication de cette nomination de Saakachvili est que la Transnistrie (où 30 % de la population se déclare ukrainienne) partage une frontière avec Odessa, et Porochenko, probablement conseillé par la Maison Blanche envisage une opération militaire dans la région. Si ça ne marche pas, le blâme sera sur Saakachvili qui trouvera refuge aux États-Unis.

Saakachvili a été remarqué en août 2008 comme un aventurier sans scrupules, avec l’attaque de l’Ossétie du Sud, ou «la guerre de cinq jours ». Le premier jour, l’armée géorgienne a attaqué et, pendant les quatre autres, elle a été pourchassée par les russes jusqu’à Tbilissi. L’offensive géorgienne en Ossétie du Sud a commencé dans la soirée du 7 août, 2008, avec la participation de 85 % des troupes terrestres de la Géorgie. Le grand stratège « Saakachvili, conseillé par les américains, a commis une erreur fatale en ne bloquant pas le tunnel de la montagne Roki, long de deux kilomètres, reliant la partie nord de l’Ossétie du Sud à l’Ossétie du Nord, c’est-à-dire le territoire de la Russie. Ce fait a permis, dans la journée du 8 août, aux brigades mécanisées russes d’atteindre Tskhinvali et de commencer à poursuivre les troupes géorgiennes.

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Plus tôt cette année, l’analyste politique ukrainien Sergei Gaidai, directeur du Centre pour la planification stratégique, avait déjà décrit l’opération « Boomerang », une guerre éclair dans laquelle « de petits hommes verts » ukrainiens occuperaient la Transnistrie en cinq jours, capturant les dirigeants de Transnistrie et le contingent de 400 casques bleus russes qui y sont stationnés. Les représentants de l’Alliance politique pour l’intégration européenne de la Moldavie, qui dirigent actuellement le pays, découvriront ainsi avec surprise que la Gagaouzie et Transnistrie pourraient retourner à l’Ukraine, comme compensation pour la perte de la Crimée. La République de Moldavie perdrait 30 % de son territoire.

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La Transnistrie a une armée forte de 7 000 hommes répartis dans trois brigades d’infanterie mécanisée (stationnées à Tiraspol, Rîbniţa et Dubăsari). Leur matériel militaire se compose de 50 chars (T-55 et T-64), 30 véhicules de combat d’infanterie BMP-1, 107 Véhicules blindés de transport (BTR-60/70, BRDM-2) 40 lanceurs Cal. 122 mm (BM-21 Grad), 73 pièces d’artillerie D-44 et mortiers cal. 120 mm. La défense AA est constituée de missiles Igla portatifs, 40 canons ZU-23-2 cal.23 mm (2,5 km de portée) , S-60 Cal.57 mm (portée de 6 km), et KS-19 cal. 100 mm (portée de 12 km). L’aviation de Transnistrie est équipée d’un avion de transport Antonov-26 et de 5 hélicoptères de transport Mi-8.

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Si une attaque de la Transnistrie à partir de Chisinau est extrêmement difficile en raison de la barrière naturelle formée par le fleuve Dniestr, une attaque à partir d’Odessa, par l’armée ukrainienne ne pose pas de problèmes. L’offensive la plus rapide en mouvement, implique la fragmentation du dispositif de l’armée de Transnistrie, son isolement, puis sa destruction en partie. Les itinéraires opérationnels probables seraient : à partir du Sud: Lymanske-Slobozia-Tiraspol-Bender, à partir du Centre, Crasîi Ocni-Dubasari et depuis le Nord, Balta-Rîbniţa.

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Pour obtenir la surprise totale sur les Transnistriens et conquérir plus facilement Tiraspol, les unités de l’armée ukrainienne doivent passer par Budjak (centre-ouest de la région d’Odessa) pour aller en Gagaouzie (territoire moldave). D’où probablement elles ne partiront jamais.

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Sergei Lavrov a déclaré que la Russie ripostera comme en Ossétie du Sud, si ses troupes de Transnistrie sont attaquées. Mais la Russie n’a pas de frontière avec la Transnistrie et un pont aérien impliquerait que les avions de transport russes survolent la mer Noire en Crimée jusqu’à l’estuaire du fleuve Dniestr. Et de là ils survoleront l’espace aérien de l’Ukraine ou de la République de Moldova en Transnistrie. Les 12 systèmes de missiles antiaériens S-75 Dvina en République de Moldova peuvent être aisément brouillés par les Russes, ainsi que tous les systèmes de missiles AA qui se trouvent en Ukraine.

Fait intéressant, le jour même où l’ancien dirigeant géorgien Mikhaïl Saakachvili a été nommé gouverneur de la région ukrainienne d’Odessa, sur la mer Noire, le destroyer américain USS Ross a quitté le port de Constanta, essayant de se rapprocher à moins de 25 miles de la péninsule de Crimée. Il a immédiatement été mis sous surveillance par des avions russes SU-24.

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Comme le bouclier américain à Deveselu, le destroyer USS Ross est armé de missiles AA de type RIM-174/Standard Missile-6 ERAM (370 km de portée), RIM-156 A/Standard Missile-2 (190 km de portée) et RIM-7 Sea Sparrow (19 km de portée). Et comme armes offensives, il est équipé de missiles de croisière BGM-109G Tomahawk et des missiles navire-littoral RGM-165/Standard Missile-4 (280 km de portée). Il est probable que les missiles AA américains puissent être des annihilés par brouillage par les Russes.

Pour contrecarrer un pont aérien russe avec la Transnistrie, un destroyer AEGIS américain doit être placé à proximité de la Crimée, sur le chemin des avions russes, et un autre dans les eaux territoriales de l’Ukraine, près de l’estuaire du fleuve Dniestr. Le destroyer placé dans l’estuaire du Dniestr pourrait être utilisé à la fois pour assurer l’interdiction d’accès aux avions militaires russes dans l’espace aérien de l’Ukraine, de Moldavie et de Transnistrie, et aussi pour frapper les forces terrestres de la Transnistrie.

Un haut responsable de l’OTAN a déclaré à l’ancien analyste du renseignement NSA et professeur à la Naval War College, John Schindler, que le monde sera probablement en guerre cet été, et si nous avons de la chance, elle ne sera pas nucléaire. Dans un éditorial du journal le Quotidien du Peuple publié en septembre 2014, un analyste militaire chinois Han Xudong a averti que Beijing devrait se préparer pour une troisième guerre mondiale pouvant survenir du fait du conflit entre les Etats-Unis et la Russie sur la question de l’Ukraine.

Porochenko a tout intérêt à ce que la guerre devienne mondiale. L’Administration américaine veut la guerre, mais limitée au continent européen. La Russie ne recule pas, et si les Ukrainiens foncent et que les Américains leur amènent leur soutien, alors elle aura lieu. L’Union Européenne souhaite—elle s’engager avec l’Ukraine et les Etats-Unis dans cette « affaire » dévastatrice à laquelle elle n’est absolument pas préparée, et ce, dans la mesure où 80 % du territoire de l’Europe ne serviront que comme terrain de confrontation entre Américains et Russes ?

Valentin Vasilescu

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