Politique France

Montebourg et Hamon à la « Fête de la Rose » : quand un jeune quinqua…

24 août 20140
Montebourg et Hamon à la « Fête de la Rose » : quand un jeune quinqua… 5.00/5 57 votes

… et un vieux quadra quittent le navire…

Il y a déjà belle lurette  qu’il n’y a pratiquement plus qu’une catégorie de militants, de sympathisants ou d’électeurs socialistes : les désabusés, pour ne pas écrire les effondrés, les consternés, si l’on met bien-sûr de côté à ce petit 14 à 17 pour-cent dont nous parlent les études d’opinion, constituant un erratique et improbable noyau dur de très mous du bulbe qui continuent apparemment mordicus à faire semblant d’y croire, et dont on se demande d’ailleurs tout de même de plus en plus si, malgré ce que nous disent depuis des mois les instituts de sondages, ils existent réellement : parce que je ne sais pas si vous en connaissez dans votre entourage, de ces oiseaux-là, mais moi pas !

Mais il y  avait encore en tout cas jusqu’à aujourd’hui deux sortes de responsables socialistes :

Ceux qui, aux manettes ou pas, un maroquin ministériel dans la besace carriériste ou non, comme des lemmings semblant vouloir suivre François Hollande et Manuel Valls jusqu’au gouffre où leur inconséquence, leur incompétence semblent devoir inéluctablement les mener bien avant la fin du quinquennat de l’ectoplasme élyséen, continuaient vaille que vaille à appuyer la politique – ou plutôt l’absence totale de politique – du capitaine de pédalo et de son petit caudillo catalan. Une politique (ou pas) qui mène pourtant le pays au gouffre et le Parti Socialiste au néant électoral, comme l’ont déjà montré, après à peine deux ans de pouvoir, les dernières élections municipales et européennes. Par servilité, par intérêt, ou par bêtise… rayez la mention inutile, même si je ne suis en réalité pas sûr qu’il y en ait une.

Et puis ceux qui ont très vite senti venir le désastre, ou qui n’y avaient d’ailleurs jamais vraiment cru. Parmi eux quelques ténors qui ont pourtant accepté des hochets ministériels parce que cela fait toujours chouette sur un CV de politicard, comme Laurent Fabius ou Ségolène Royal, pour ne citer que les plus célèbres de ceux qui avaient dézingué au bazooka notre bibendum élyséen avant même son élection à la Présidence de la République. Et puis surtout ce que l’on appelle la « gauche » du PS, avec en tête de gondole Marie-Noëlle Lienemann. Ceux qui font semblant de croire que le Parti à la rose est encore socialiste, qui râlent comme de vulgaires Mélenchon (qui fut du reste l’un des leurs pendant des décennies) mais qui continuent à pointer rue de Solférino parce que la soupe est encore bonne et que cette écurie électorale leur a permis durant des années, parfois des décennies, d’engranger les mandats politiques avec les émoluments et tous les avantages qui vont bien évidemment avec. En un mot comme en cent, ceux qui critiquent (et de plus en plus sévèrement) la politique du Président et du gouvernement.

Il y en a désormais une troisième sorte, on pourrait même parler en l’occurrence de troisième type, leur « rencontre » étant digne d’un roman de science-fiction politique comme seule la gauche sait en écrire : les socialistes du gouvernement qui critiquent vertement la politique… qu’ils mènent eux-mêmes au gouvernement ! Comme disait le regretté Coluche : « c’est nouveau, ça vient de sortir ! ». Et ça vient de sortir à Frangy-en-Bresse, lors de la fameuse (oui, enfin, bon…) Fête de la Rose de l’ex-amoureux d’Audrey Pulvar. On y a vu en effet Arnaud Montebourg, le taulier du machin, et Benoît Hamon attaquer sévèrement la politique du gouvernement Valls.

Si, si, vous avez bien lu : on a bien vu un Ministre de l’Economie descendre en flèche… l’économie qu’il mène au gouvernement, et réclamant une « inflexion majeure » quelques jours seulement après que le Premier Ministre et le chef de l’Etat lui-même aient affirmé bien droits dans leurs bottes qu’il n’y avait pas d’alternative possible à la politique menée, et qu’il n’était pas question d’infléchir la ligne économique du gouvernement !

Montebourg en ajoutant même une sacrée couche en évoquant une « idéologie destructrice » pour qualifier le dogme de l’orthodoxie budgétaire mis en œuvre par le pouvoir en place sous la houlette ou plutôt la baguette, pour ne pas dire la schlague de l’Allemagne de madame Merkel… le tout sans décoiffer son brushing et en affirmant la main sur le cœur sa fidélité au gouvernement, au Premier Ministre et au Président de la République ! Chapeau l’artiste ! Bravo l’acrobate ! Viva le contorsionniste !

Du temps de tonton Mitterrand, celui qu’on appela un temps le lion de Belfort, Jean-Pierre Chevènement, s’était rendu célèbre en affirmant : « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne ». Montebourg invente un nouveau concept, illusre un nouveau slogan : un ministre, ça ouvre sa gueule et ça ne démissionne pas !

O tempora, O mores, comme dirait l’autre… (1)

Marc LEROY – La Plume à Gratter

(1) Quelle époque ! Quelles mœurs ! Cicéron, Les Catilinaires.

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