Politique France

Remaniement ministériel, 1er avril : François Hollande et Manuel Valls beaucoup…

2 avril 20144
Remaniement ministériel, 1er avril : François Hollande et Manuel Valls beaucoup… 4.98/5 61 votes

… plus forts que La Plume !

Et bien dis-donc… j’ai l’air fin moi aujourd’hui, avec mon gouvernement de 1er avril ! Ah, ça m’apprendra à faire le malin, à essayer de faire encore plus ridicule que le chef de la Hollandie et sa bande de clowns ! Je le sais donc à présent, et on ne m’y reprendra plus, tant la leçon est éclatante, magistrale, sans appel : en ce qui concerne les guignolades, comme en ce qui concerne la boxe, ou tout autre art de combat… quand on n’est en réalité qu’un poids-mouche, un petit nouveau qui débute à peine, on a tout intérêt à ne pas aller chatouiller ou provoquer les poids-lourds blanchis sous le harnais par des décennies de « gugusseries » politicardes, sous peine de se prendre en retour une monumentale châtaigne dans les ratiches. Il faut en tartufferie politique, plus encore qu’en toute autre matière, ne pas jouer les présomptueux et laisser faire les professionnels, sous peine de lendemains sacrément douloureux !

C’est donc ce qui m’est arrivé ce jour quand le trop méconnu comique -dont le nom m’échappe- qui fait fonction de porte-parole élyséen a annoncé la liste des nouveaux (sic) ministres du premier gouvernement Valls, à onze heures quinze pétantes (et prout ! Aurait d’ailleurs pu ajouter notre pétomane). Après l’avoir entendu égrener la fameuse liste, je dois à la vérité de dire que je suis resté de très longues minutes (je devrais même écrire des heures) KO assis, totalement sonné par ce coup de Jarnac magistral, cette botte secrète bouffonesque que venaient de m’asséner, de nous asséner à tous le nouveau binôme de l’exécutif (le pouvoir n’ayant sans doute jamais plus mérité ce dernier qualificatif, tant il est vrai que c’est bien une véritable « exécution » qui vient d’être infligée à la France). Et en écrivant que j’étais KO, je vous assure que je ne fais pas des phrases un peu trop faciles : encore à cette heure d’ailleurs, et tandis que je noircis ces lignes, j’ai toujours VRAIMENT, sincèrement du mal à y croire : comment ont-ils pu simplement oser nous annoncer un « nouveau » gouvernement pareil ?

Petit rappel pour ceux qui auraient loupé ce grand moment de music-hall. Sont donc nommés :

Laurent Fabius – Ministre des Affaires étrangères et du développement international

Bernard Cazeneuve – Ministre de l’Intérieur

Ségolène Royal – Ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’Energie

Benoît Hamon – Ministre de l’Education, de l’enseignement supérieur et de la Recherche

Christiane Taubira – Ministre de la Justice, Garde des Sceaux

Michel Sapin – Ministre des Finances et des comptes publics

Arnaud Montebourg – Ministre de l’Economie, du Redressement productif et du numérique

Marisol Touraine – Ministre de Affaires sociales

François Rebsamen – Ministre du Travail, de l’Emploi et du dialogue social

Jean-Yves Le Drian – Ministre de la Défense

Najat Vallaud-Belkacem – Ministre des Droits des Femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports

Marylise Lebranchu – Ministre de la Décentralisation, réforme de l’Etat

Aurélie Filippetti – Ministre de la Culture et de la Communication

Stéphane Le Foll – Ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Forêt, porte-parole du gouvernement

Sylvia Pinel – Ministre du Logement et de l’Egalité des territoires

George Pau-Langevin – Ministre des Outre-Mer

Non, non, ce n’est pas votre serviteur qui, devenu subitement gaga, vous refait avec un jour de retard le coup du poisson d’avril gouvernemental. Ce sont bien les VRAIS ministres nommés dans le gouvernement Valls ! Nommés… le mot est en réalité à presque quatre-vingt-dix pour cent impropre : à par deux arrivées (et on y reviendra), tous les « nouveaux » ministres faisaient en fait déjà partie du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Nombre d’entre eux, et parmi les plus consternants, héritant même carrément du portefeuille qu’ils avaient pourtant consciencieusement, presque sytématiquement ridiculisé dans l’équipe qui a amené à la bérézina politique que l’on sait, lors des dernières élections municipales. « J’ai entendu le message des Français » qu’il disait… qu’ils disaient tous, d’ailleurs.

C’est ainsi que comme j’avais pourtant hésité à seulement oser l’imaginer dans mon gouvernement de 1er avril (sensé être un summum indépassable d’absurdité et d’aveuglement politique), Fabius reste aux Affaires Etrangères, Taubira reste à la Justice, Montebourg reste au « Redressement Productif » (et récupère l’économie, qui doit être sacrément contente, la petite veinarde), et Le Drian reste à la Défense ! C’est ainsi que, à nouveau comme dans ma pantalonnade piscicole, Vallaud-Belkacem et Touraine restent également ministres, et elles aussi avec (peu ou prou) les mêmes attributions qu’avant ! C’est ainsi que restent aussi, ce que je n’avais cette fois pas osé pronostiquer (la réalité est donc, en matière de couillonnades politiques comme en beaucoup d’autres, encore une fois bien plus forte que la fiction) Cazeneuve, Hamon, Sapin, Lebranchu, Fillipetti, Le Foll, Pinel et Pau-Langevin ! N’en jetez plus, la coupe est déjà pleine ! Et on n’a sans doute encore rien vu : reste à désigner dans la semaine qui vient tous les secrétaires d’Etat (d’ailleurs et aux dernières nouvelles, est déjà certaine de faire partie de ce second wagon Fleur Pellegrin, en attendant la renomination de sans doute pas mal d’autres).

C’est ainsi qu’arrive enfin, et question « nouveautés »… l’ex du Président, la madone du Chabichou et de la « bravitude », Ségolène Royal (là encore, vous le remarquerez, comme La Plume à Gratter l’avait prédit dans son poisson d’Avril gouvernemental) et François Rebsamen, le clone presque parfait de feu  Jean-Marc Ayrault : même cheveux poivre-et-sel, même parcours de vieux squatter de marigot politique, même proximité avec François Hollande, même charisme d’huitre.

La nomination de Manuel Valls comme Premier Ministre n’avait sans doute qu’une seule et unique raison dans l’esprit de François Hollande : carboniser d’ici à 2017 le seul socialiste capable (selon les sondages) de faire de l’ombre à notre part de flan présidentielle en vue de sa nouvelle candidature à la magistrature suprême. Un peu comme Mitterrand, Machiavel d’une tout autre stature, avait su le faire pour détruire définitivement les ambitions présidentielles de Michel Rocard. Mais même en étant très sévère avec le bilan et la personnalité de Mitterrand (ce qu’il mérite), il faut bien dire que comparer en matière d’intelligence et de calcul politique celui qu’on appelait « Tonton » (et qui était un vrai flingueur) avec le locataire actuel de l’Elysée, c’est comparer une Ferrari Testarossa italienne avec une Trabant d’Allemagne de l’Est. Le résultat risque donc fort d’être nettement moins efficace.

Si cette nomination initiale pouvait donc encore s’expliquer de cette manière (fort peu glorieuse j’en conviens, et qui nous faisait vraiment une belle jambe à nous autres, électeurs et abstentionnistes de base), la composition du gouvernement qui a suivi a donc viré à la farce de très mauvais goût à l’égard de tous les Français qui se faisaient encore -ou non- des illusions sur Hollande, Valls et le Parti Socialiste en général, voire à la quenelle épaulée de première classe, n’en déplaise au Dieudonnophobe hystérique et liberticide qui siège désormais à l’Hôtel Matignon. Et au final, cet invraisemblable feuilleton du remaniement ministériel, initié le lundi 31 mars et finalisé (pour son premier épisode, son « pilote » en tout cas) ce mercredi 2 avril, permettra sans doute à François Hollande d’entrer très prochainement dans le Guiness Book des Records, dans la catégorie du « plus long poisson d’avril de toute l’histoire de la Cinquième République »  : un poisson d’avril de trois jours, voire même beaucoup plus (il faut s’attendre à tout avec de tels cadors de la guignolade), avouez que cela ne s’était encore jamais vu ! Quant à savoir si cela fera rire, ou même seulement sourire les Français… Les élections européennes ne devraient pas tarder à nous apporter la réponse. Une très bonne occasion, convenez-en, de lui retourner, puissance dix, la formidable châtaigne qu’il vient si élégamment, si respectueusement, si démocratiquement de nous filer en pleine poire !

 Marc LEROY – La Plume à Gratter

EmailPrintFriendlyBookmark/FavoritesFacebookShare

Mots clés : , , , , , , , ,

4 Responses to Remaniement ministériel, 1er avril : François Hollande et Manuel Valls beaucoup…

  1. Carine005 le 3 avril 2014 à 17 h 19 min

    Pour une fois que Normal a l’air à peu près droit sur la photo, c’est l’autre qui est tout de traviole. Ils se partagent équitablement les rôles.

  2. Carine005 le 3 avril 2014 à 17 h 17 min

    Ils se marrent bien quand ce n’est pas sur une photo officielle, quand même !
    Ah la bonne blague !

  3. NOURATIN le 3 avril 2014 à 17 h 10 min

    Alors là, en effet, ils battent tous les records!
    Comme vous dites, il faudra renvoyer l’ascenseur aux européennes, sans oublier les régionales qui ont lieu l’année prochaine. Il importe que ces gens-là finissent le quinquennat en slip!
    Amitiés.

  4. Jacques Etienne le 3 avril 2014 à 12 h 18 min

    J’avoue avoir partagé, à l’annonce du « nouveau » gouvernement, l’état de sidération que vous décrivez…
    Le goût immodéré du président pour la blagounette nous perdra !

Répondre à Jacques Etienne Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*