Politique Monde

UE et référendum en Crimée, ou la démocratie à l’épreuve des trous de balle

17 mars 20142
UE et référendum en Crimée, ou la démocratie à l’épreuve des trous de balle 4.97/5 65 votes

Il est de ces évènements qui ont l’immense mérite de remettre en un seul instant choses et individus à leur juste place. De ces évènements qui surgissent dans le cours de l’histoire, de façon souvent inattendue et qui font d’un seul coup d’un seul ou presque tomber tous les masques, et apparaître en pleine lumière la réalité des motivations hâtivement peinturlurées de bons sentiments et de grands principes de nos têtes de gondoles médiatiques et politiques. De ces évènements qui révèlent l’obscénité des postures, la tartufferie des « principes », des « valeurs » et des sempiternelles leçons de morale et de démocratie de nos traditionnels prescripteurs d’opinion et autres « droits-de-l’hommistes » à géométrie (on pourrait écrire géographie) décidément très variable.

En cela, tout ce qui vient de se passer ces dernières semaines en Ukraine, et plus particulièrement la tenue hier du référendum de Crimée ayant répondu au violent coup d’état d’abord suscité puis appuyé et validé par l’Occident, puis son résultat final, feront sans doute pour longtemps figure de référence indépassable.

Quoique… avec ce qui nous sert d’élites, on n’est jamais sûr de rien.

Le résultat dont tout le monde connaissait d’avance la tendance est donc tombé hier soir, et il dépasse dans la participation comme dans la sentence tout ce que l’on avait en réalité pu imaginer : plus de 80 % de participation malgré les menaces et l’appel au boycott des « autorités » de Kiev et de certains dignitaires de la minorité tatare, et au final près de 97 % de OUI pour le rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie. Un résultat en forme de raz-de-marée, incontestable, historique, exprimant une volonté populaire rarement exprimée avec un tel taux de participation, une telle unanimité et donc une telle légitimité, ailleurs et en quelque époque que ce soit sur la planète.

Mais un choix démocratique et populaire n’allant pas du tout dans le sens de la volonté occidentale, et quand j’écris « occidentale », entendez en réalité dans le sens des intérêts géostratégiques et géopolitiques de l’empire américain et de son larbin européen, l’UE, dont la France est devenue depuis deux quinquennats présidentiels le plus zélé des porte-flingues. Car les opinions publiques des pays concernés sont, elles, beaucoup plus partagées, malgré un matraquage médiatique et une propagande anti-russe qui a battu ces derniers jours tous les records d’indécence, de falsification et de crapulerie intellectuelle.

Du coup, et du jour au lendemain, adieu veau, vache, cochon…  adieu surtout démocratie participative, suffrage universel, référendum et droit à l’autodétermination des peuples ! Comme aurait dit le regretté Coluche dans son sketch sur les -mauvaises- publicités à propos d’un spot pour la lessive : « coupez, elle est pas bonne, on va la refaire » !

Que le résultat de la consultation populaire aille -de façon très contrariante j’en conviens- à l’encontre des opinions et désidératas de nos chères « zélites » et c’est le demi-tour d’une rapidité, d’une vélocité dignes d’un Lucky Luke dégainant et tirant bien plus vite que son ombre. En un battement de cil, le recours au bulletin de vote devient affreusement populiste (difficile de dire fasciste, quand on sait qui, en face justement, hante les couloirs du nouveau pouvoir totalement illégitime en Ukraine, pourtant adoubé d’enthousiasme par l’UE et les Etats-Unis), et le droit à l’autodétermination des peuples une insupportable atteinte aux frontières intra-européennes. Frontières que les mêmes gugusses éternels donneurs de leçons et autoproclamés experts en Droit International n’avaient pourtant pas hésité à jeter par la fenêtre en Serbie avec la sécession imposée du Kosovo, à grand renfort de bombes otaniennes.

Il est vrai qu’on doit finir par connaître sur le bout des doigts ce que l’on viole aussi impunément depuis des décennies en Israël-Palestine, en Afghanistan, en Serbie-Kosovo donc, en Irak, en Libye, en Syrie, en Ukraine et demain sans doute en Iran ! Et voir ainsi les éternels pompiers pyromanes de la planète jouer les défenseurs de la vingt-cinquième heure de la légalité internationale pourrait faire hurler de rire, si cela ne donnait plutôt envie de vomir.

Référendum et UE, une vieille histoire d’humour… noir

Après le scandaleux feuilleton du référendum irlandais, où l’Union Européenne a fait revoter les électeurs jusqu’à ce que le résultat des urnes lui convienne, après le NON des Pays-Bas et la forfaiture du contournement du référendum français de 2005 sur la Constitution Européenne (avec un résultat de 55  % de NON jeté aux orties par nos élites UMPS-Modem réunies pour la très mauvaise cause), après les cris d’orfraie ayant suivi le référendum suisse sur l’immigration de masse, l’Union Européenne, refusant de reconnaître la volonté éclatante et indiscutable des habitants de la Crimée de rejoindre la Fédération de Russie, prouve une fois de plus le grand cas qu’elle fait de la VRAIE démocratie et de la souveraineté populaire. Mais est-ce véritablement une surprise ?

Pour elle, et malheureusement pour la France de la Hollandie (et comme cela aurait d’ailleurs sans aucun doute été aussi le cas pour une France de la Sarkozie), est donc illégal, nul et non avenu un référendum populaire débouchant sur un plébiscite en Crimée. Par contre, est totalement légitime et « légal » un coup d’état perpétré dans la violence, le meurtre et la menace en Ukraine… du moment qu’il sert ses supposés petits intérêts (qui sont en fait, rappelons-le, ceux du seul Oncle Sam).

Dans ce grand numéro de clowns internationaux que nous venons de vivre et où le cuistre BHL a une fois de plus tenu les premiers rôles tout en fréquentant assidument les couloirs de l’Elysée, un autre triste sire s’est particulièrement mis en valeur : Laurent Fabius, notre Ministre des Affaires Etrangères. Un poste qu’avait avant-hier et devant l’Assemblée Générale des Nations-Unies joliment honoré un Dominique de Villepin, réfutant les arguties, faux prétextes et vrais mensonges américains présentés par Bush ou Powell afin de tenter de justifier la seconde guerre d’Irak, ou qu’avait par contre totalement déshonoré hier déjà un Alain Juppé, justifiant « à l’insu de son plein gré » l’intervention française sous impérium américain et sous étendard béhachélien en Libye.

Laurent Fabius, ce crapaud de marigot politique repêché par notre capitaine de pédalo élyséen dans la flaque de sang contaminé où il végétait depuis des décennies, pour être donc bombardé Ministre des Affaires Etrangères (vous pouvez rayer la mention inutile, c’est la seconde)… ce misérable batracien qui après avoir tant voulu et piteusement raté sa guéguerre en Syrie, veut donc aujourd’hui se faire aussi gros que l’ours russe. Malheureusement pour lui, et contrairement au bœuf de la fable de la Fontaine, le plantigrade Vladimir a encore ses castagnettes, et pour reprendre une expression des Guignols de l’Info au temps où ils nous faisaient encore rire, notamment aux dépens de Nanard Tapie, ce nounours là est même « sévèrement burné » :  les rodomontades du petit Laurent comme d’ailleurs celles de l’amant en guimauve de Julie Gayet lui « en ont touchée une sans faire bouger l’autre » (1).

Notre Kermit du quai d’Orsay, avec son physique d’hippocampe et son crane en peau de fesse, notre matamore de bastringue, véritable Tartarin de Tarascon, comme la lune, nous a depuis plusieurs mois montré une face de lui encore cachée que nous nous serions bien abstenus de contempler : celle du petit caniche docile de l’empire américain, version BHL ou Kouchner, ses deux grands potes (voir photo).

Une face que n’aurait du reste certainement pas reniée, n’en déplaise aux nostalgiques fortement amnésiques, le petit Nicolas Sarkozy (qui avait nommé le pote Kouchner, avant le presque sosie de Fafa, Alain Juppé, aux affaires étrangères). D’ailleurs, les deux hommes ont d’autres points communs, comme cet amour viscéral, très communautaire et fort peu républicain pour Israël, ce goût du luxe ou cette fascination pour l’argent. Sans oublier qu’ils culbutent ou ont culbuté accessoirement les mêmes ex-mannequins reconverties chanteuses sans voix de Prisunic. Cela crée forcément des liens.

Et voici donc aujourd’hui Hollande, Fabius, BHL et tout notre orchestre politico-médiatique, l’UE et les Etats-Unis qui condamnent la démocratie et le suffrage universel en Crimée… au nom de la démocratie ! Les mêmes qui condamnent ici (Crimée) ce qu’ils ont provoqué et prôné là (Kosovo). Les mêmes encore qui dénoncent le méchant « dictateur » Poutine, pourtant triomphalement réélu depuis quatorze ans à chaque fois qu’il se présente devant les électeurs russes. Les mêmes toujours qui font mine d’oublier que celui-ci obtient aujourd’hui, malgré la supposée usure du pouvoir, des scores de popularité records (près de 70 % d’opinions positives), qui feraient rosir de plaisir notre culbuto présidentiel, qui se noie pour sa part dans le ridicule et l’insignifiance avec à peine 18 % de bonnes opinions, moins de deux ans après son accession à l’Elysée. Le ridicule ne tue pas, mais certains devraient tout de même faire attention, car à ce niveau de performance…

Il est vrai pour finir que, comme la liberté d’expression, la démocratie « ne s’use que si l’on ne s’en sert pas »… C’est dire en quel état elle se trouve, aujourd’hui, en France. Et il faut être de sacrés trou du c…  pour prétendre, comme l’UE de Herman Van Rompuy et Catherine Ashton, la Hollandie de Laurent Fabius et BHL, ou les USA de Barack Obama et Victoria Nuland, donner des leçons en la matière à la Suisse, la Russie… ou la Crimée.

Marc LEROY – La Plume à Gratter

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(1) Dixit Jacques Chirac.

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2 Responses to UE et référendum en Crimée, ou la démocratie à l’épreuve des trous de balle

  1. NOURATIN le 18 mars 2014 à 12 h 37 min

    Il faut en effet reconnaître que le pays des droidlom, celui qui bafoue la liberté d’expression, celui où les juges politisés à mort espionnent l’opposition pour le profit d’un gouvernement de leur obédience, où la Presse n’est libre que dans la mesure où elle fait allégeance, ce pays là n’a pas de leçons de démocratie à donner et surtout pas à un type qui respecte scrupuleusement le mandat qui lui a été donné par les électeurs.
    Et, comme dit Carine, la photo des trois petits cochons est éloquente.
    Amitiés.

  2. Carine005 le 17 mars 2014 à 23 h 20 min

    La photo des trois lascars complices dit bien ce qu’elle veut dire…

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