La Plume parcourt le Net

Pour Vincent Peillon, c’est sûr, le problème, c’est les cathos ! Par Gabrielle Cluzel

9 septembre 20130
Pour Vincent Peillon, c’est sûr, le problème, c’est les cathos ! Par Gabrielle Cluzel 5.00/5 3 votes

Publié le : 09 septembre 2013

Source : bvoltaire.fr

Cette fois ça y est, Vincent Peillon a dévoilé (sans jeu de mots) la « charte de la laïcité » qu’il veut voir affichée dans tous les établissements scolaires publics. « Ce document d’une quinzaine d’articles se veut un rappel, synthétique, des règles du vivre ensemble en milieu scolaire », nous explique Le Monde. Le quotidien rapporte avec ingénuité le commentaire du professeur d’histoire-géo coauteur du livre Les territoires perdus de la République : « S’il y a besoin de placarder [cette charte], c’est bien qu’il y a des problèmes. »

Pas bête. On ne voit pas bien pourquoi l’on s’évertuerait à vouloir régler un problème qui n’existe pas. Cette charte est donc la reconnaissance implicite, pour le dire pudiquement, d’un « problème ». Un vrai problème, et non plus un fantasme, ni une stigmatisation comme ils disaient avant pour clore sèchement le dossier.

Le quotidien Le Monde, en mode « faut-pas-exagérer-non-plus », précise néanmoins que « ces difficultés se nouent surtout autour de certaines disciplines : l’étude de textes religieux en 6e ou en 5e, l’enseignement de l’histoire de la Shoah en 3e et en 1re, le conflit israélo-palestinien au lycée. En biologie, les cours sur l’évolution, sur la sexualité. En sport, à la piscine, en arts plastiques, mais aussi hors de la classe, à la cantine, dans la cour de récréation, lors de voyages scolaires… » On aurait pu faire plus simple, pour économiser l’encre et le papier : où, au juste, ne se nouent-elles pas ? Laissez-moi réfléchir… peut-être en maths. Oui, cela me paraît être une matière calme et sécurisée, les maths. Pour les étudiants, il va en être des disciplines du CAPES comme des spécialités de médecine : pour une vie pépère sans trop de poussées d’adrénaline, postuler plutôt en maths et en dermato qu’en histoire et en obstétrique. Quoique. Dans la vie, on n’est jamais sûr de rien, et pas à l’abri d’une éruption cutanée prurigineuse à gérer en urgence, ni d’une leçon sur les chiffres romains vécue comme une insulte à une autre forme d’écriture plus classiquement utilisée.

Vincent Peillon souligne que « la question de la laïcité ne doit pas tourner à l’obsession de l’islam ». C’est lui qui a lâché le mot, pas nous. Mais naturellement, Monsieur le Ministre, cela va sans dire. Car la question de la laïcité, c’est aussi – il faut le souligner – la petite médaille de baptême qui sort de temps à autre par mégarde du col roulé, et le poisson qu’aucun catholique ne réclame à la cantine le vendredi. Toutes choses qui méritaient vraiment une charte d’urgence. D’ailleurs, je peux témoigner : déjà, dans mon lycée, quand le prof de français s’étendait avec gourmandise sur La Religieuse de Diderot, que celui de philo se tapait sur le bide quand il évoquait saint Thomas d’Aquin et que le prof d’histoire passait directement des croisades à la nuit de la Saint-Barthélémy, avant de glisser finement que si « catholique » et « collaborateur » commençaient par la même lettre, ce n’était pas tout à fait un hasard, je sentais bien qu’ils avaient vraiment peur que je rameute mes copines à serre-tête de l’aumônerie pour leur casser la gueule à la sortie.

Gabrielle Cluzel

EmailPrintFriendlyBookmark/FavoritesFacebookShare

Mots clés : , , , , , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*