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Tu ne riras point avec le Front national ! Par Marie Delarue

17 janvier 20130
Tu ne riras point avec le Front national ! Par Marie Delarue 5.00/5 2 votes

Publié le : 17 janvier 2013

Source : bvoltaire.fr

C’est bien connu : on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui.

La preuve par France Télévision qui a censuré, sur l’émission en replay du JT de 20 H de dimanche soir, la brève séquence consacrée à la présence d’élus du Front national dans la « Manif pour tous » contre le mariage gay.

Devant la fureur des internautes, le rondouillard Brusini, directeur des rédactions Web de France Télévision et rédacteur en chef du 20H de France 2, s’est fendu d’un message qui devrait lui valoir la palme d’or des faux-culs.

« Une journaliste de France 3 qui couvrait le versant politique de la manifestation “anti-mariage pour tous” a été filmée et mise à l’antenne dans des conditions qui justifient la suppression de ces images », a-t-il déclaré. Aussi, « afin de ne pas pénaliser les internautes qui voudraient voir ou revoir les deux journaux, nous travaillons à la remise en ligne rapide de ces deux éditions, après avoir opéré les corrections nécessaires ».

C’est quoi, au juste, ces « conditions » qui justifient la suppression des images ? Mlle France 3 était-elle à poil comme les Femen ? A-t-elle été forcée, tripotée ? Acculée, une baïonnette dans le dos et un pistolet à bouchon sur le ventre, à dire du bien de la famille Le Pen ? Rien de tout ça. On la voyait juste, durant une toute petite seconde d’antenne, en train de rigoler avec le député Gilbert Collard. Alors, à moins que les « nervis » du Front national ne l’aient chatouillée pour lui arracher par la contrainte ce moment d’hilarité, on ne voit pas bien, au regard de la déontologie chère à France Télévision, de quelles « conditions » offensantes il s’agit. Des conditions, assure pourtant Monsieur Brusini, qui justifient « les corrections nécessaires ». Autrement dit la censure du passage en question.

Dites-nous tout : que craignait-elle, la journaliste si réjouie de France 3, pour vous demander le « nettoyage » de l’info ? Qu’on l’imagine en coupable sympathie avec les avatars de la bête immonde ? Qu’on croie qu’elle ricanait à des blagues homophobes ?

Le plus grave, dans cette affaire, est moins la peur d’une journaliste qui craint sa mise au placard pour « sympathie avec l’ennemi » – parce que c’est évidemment de cela qu’il s’agit – que l’insondable lâcheté d’un directeur d’antenne qui, fort de sa prétendue morale, se tortille pour justifier la censure. Ce monsieur Brusini, qui enseigne à Sciences Po où, n’en doutons pas, il donne à ses étudiants de grandes leçons de journalisme et de démocratie. Lui, le rédac-chef du JT de France 2, auréolé du titre de « Grand reporter de l’audiovisuel », co-lauréat du Prix Albert Londres en 1991 pour un reportage sur l’Affaire Farewell, ce qui ne manque pas de sel quand on voit son goût pour les méthodes de l’ancienne Russie soviétique…

La vérité c’est que le « grand reporter » s’est noyé dans sa gamelle.

Aujourd’hui, il fait bien sagement où on lui dit de faire et nous sert quotidiennement, sur la chaîne d’État, la soupe la plus fade du PAF : à chaque ouverture de JT, 10 minutes sur la neige en hiver, 10 minutes sur le soleil en été et le reste sur les chiens écrasés.

Alors, Monsieur Brusini, il serait peut-être temps de vous rappeler ce que disait Albert Londres : « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »

La prochaine fois que vous tremblerez de trouille en entendant rire un Gilbert Collard, tâchez de vous en souvenir !

Marie Delarue

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