Economie

Le bien mauvais débat sur la compétitivité

4 novembre 20120
Notez cet article

Publié le : 31 octobre 2012

Source : gaullistelibre.com

Compétitivité, compétitivité : ce mot est devenu depuis quelque semaines l’alpha et l’omega du débat politique, à gauche comme à droite, ainsi que dans tout le petit monde médiatique. A quelques jours de la publication du rapport Gallois, faute est de constater que le débat n’est pas à la hauteur.
Un malaise politique
Quelque part, il est étonnant que ce débat n’ait pas émergé plus tôt : la dégradation de notre commerce extérieur n’est pas nouvelle. Si notre déficit atteint 70 milliards d’euros aujourd’hui, il était déjà de la moitié il y a cinq ans (et à l’équilibre il y a 10 ans). Du coup, il est un peu risible de voir l’UMP sommer le PS de prendre des mesures pour améliorer la compétitivité du pays après avoir tellement sommeillé que la seule mesure prise était applicable à la rentrée 2012
De son côté, le gouvernement semble mal à l’aise dans ce débat et on se demande ce qui lui est passé par la tête de demander un rapport à Louis Gallois, braquant les projecteurs des médias sur un sujet où il n’a pas grand chose à dire et ne semble pas vouloir faire grand chose non plus. Du coup, François Hollande a été contraint de dire, avant même sa publication, qu’il n’appliquerait pas sa recommandation principale, à savoir une baisse des charges de 30 milliards.
Pourtant, la pression sur le gouvernement est forte puisqu’une association de grands patrons, a présenté ses propositions dans le JDD : baisse des dépenses publiques de 60 milliards en cinq ans, baisse des cotisations sociales de 30 milliards en deux ans en partie financée par une hausse de la TVA. En fait, le PS est coincé dans un paradoxe car il accepte le cadre mondialisé qui créé le problème de compétitivité tout en rechignant aux mesures qui en découlent, souvent antisociales.
La compétitivité en perspective
 Il est tout de même aberrant que le Parti Socialiste ne soit pas capable de remettre en question son logiciel mondialiste au regard du débat sur la compétitivité. Les chiffres d’Eurostat sont pourtant clairs, comme le rapporte cet article du Monde. Pour le coût du travail, la France est le 5ème pays d’Europe, après les pays scandinaves et la Belgique, avec un coût horaire de 34,2 euros par heure, contre 30,1 en Allemagne, mais surtout 7,1 euros en Pologne et 3,5 euros en Bulgarie.
 Ce n’est pas pour rien, que, comme Edgar l’a souligné sur son blog, Electrolux a choisi de délocaliser son usine en Pologne : le coût du travail y est 80% plus bas qu’en France, le tout avec les avantages d’être dans l’UE. Ceci montre que le débat sur la compétitivité est un peu vain dans le cadre d’une mondialisation qui offre aux entreprises des lieux de production où le coût du travail est 90% plus bas qu’en France, en Chine, mais aussi en Afrique du Nord et même en Europe !
Bref, on peut bien parler de compétitivité mais pour toutes les activités où la part de la main d’œuvre est vraiment significative et le coût du transport pas trop important, la France ne sera plus jamais compétitive dans ce cadre mondialisé. La seule solution consiste à mettre en place des politiques protectionnistes et des écluses douanières sous peine de voir notre industrie disparaître. Et le rôle des parités monétaires a même été rappelé par François Lenglet, comme l’a noté Coralie Delaume.
Les 30 milliards d’allègement de charges sociales sont à ce titre de la poudre aux yeux. Ce n’est pas en baissant notre coût du travail à 33 euros par heure (ou même 32) que l’on pourra lutter avec des pays où il est de seulement quelques euros. Voilà l’angle mort du débat sur la compétitivité.
Laurent Pinsolle
EmailPrintFriendlyBookmark/FavoritesFacebookShare

Mots clés : , , , ,

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


*