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Entretien avec Jacques Bompard « Ce qui marche, c’est l’union des droites »

5 juillet 20120
Entretien avec Jacques Bompard « Ce qui marche, c’est l’union des droites » 5.00/5 1 votes

Publié le : 24 juin 2012

Source : novopress.info

Le 17 juin, Jacques Bompard (photos), maire d’Orange, président de la Ligue du Sud, a été élu député du Vaucluse avec 58,77 % des voix – le meilleur résultat de la région. Après avoir déjà siégé à l’Assemblée en 1986, sous les couleurs du Front national, il fait son grand retour au Palais-Bourbon. En toute indépendance et grâce à une stratégie d’union des droites.

 

Minute : Comment vous sentez-vous, à la veille de revenir à l’Assemblée nationale ?

Jacques Bompard : Je ressens une immense satisfaction, notamment parce que je suis le député le mieux élu du Vaucluse. Mon autre grand motif de satisfaction, c’est d’avoir été élu sans le soutien d’un grand parti national. Cela illustre le fait que j’ai le soutien massif de la population, ce qui est le plus important pour moi. Et je n’aurai de devoir qu’envers les électeurs, ce qui n’est pas toujours le cas lorsqu’on est porté par de grosses formations, où règnent les logiques d’appareil et des liens de dépendance susceptibles de faire écran entre les électeurs et leur député.

Dans quel contexte s’est déroulée l’élection ?

Dans cette 4e circonscription du Vaucluse, il y avait une droite assez fortement divisée, avec, outre votre serviteur, plusieurs candidats divers droites; mais aussi Annie-France Soulet pour le Front national; Bénédicte Martin, candidate UMP; et Paul Durieu, suppléant de l’ancien ministre des Transports, Thierry Mariani, qui, privé d’une investiture assez légitime, s’est présenté en dissident…

Au final, je ne suis pas mécontent d’être sorti premier de ce panier de crabes pour affronter en duel le socialiste Pierre Meffre. Je l’ai emporté, de toute évidence, grâce à un bon report des voix de droite.

Comment expliquer qu’il n’y ait pas eu de geste en votre faveur de la part du FN, alors que vous n’aviez pas mis de candidat de la Ligue du Sud face à Marion Maréchal-Le Pen ?

Marion était favorable à une entente, et l’a clairement fait savoir. Mais Jean-Marie Le Pen n’a pas voulu, à cause d’une brouille qui remonte à 2005 et sur laquelle, pour ma part, j’ai de puis longtemps passé l’éponge.

C’est pourquoi j’ai donné mon accord pour que le vice-président de la Ligue du Sud, Hervé de Lépineau, soit le suppléant de Marion Maréchal-Le Pen. Il n’y a pas eu de réciprocité, et c’est bien dommage, mais tout est bien qui finit bien !

En revanche, comme il n’y avait pas eu d’accord départemental avec le FN nous avons présenté, sur les autres circonscriptions du Vaucluse, des candidats « Union de la droite et du centre ». Nous avions un candidat venu du Nouveau centre, un RPF et deux candidats issus des Jeunes gaullistes.

Le Vaucluse pourrait-il devenir un laboratoire de l’union des droites ?

Nous avons su bâtir un modèle qui peut servir à l’échelle nationale car, face à l’union des gauches, seule l’union des droites peut réussir! Cela ne peut se faire sans sacrifice: ainsi, dès le premier tour, dans le cadre de l’Union de la droite et du centre, nous n’avons présenté qu’un seul candidat de la Ligue du Sud… Mais au moins, cela a-t- il débouché sur une victoire !

Et dans les autres circonscriptions ?

Marion Le Pen a été élue grâce à un accord local. Les autres candidats de l’Union – qui se sont déclarés seulement un mois avant l’élection – ont hélas été vaincus, malgré des scores souvent honorables. Outre le mauvais tempo, je crois sincèrement que c’est parce qu’ils ont voulu se présenter sur les thèmes propres à leur formation initiale… Ils l’auraient sans doute emporté en revendiquant les thématiques de la Ligue du Sud.

Ce peut être un enseignement pour l’avenir…

Tout à fait, d’autant que la Ligue du Sud ne fonctionne pas du tout selon les schémas verticaux des grands partis nationaux, FN compris. Nous marchons en réseaux plus « horizontaux », plus souples et pour tout dire, plus amicaux. Nous acceptons le multipartisme, le fait d’avoir des attaches avec des structures extérieures… Là où les autres mettent de l’autoritarisme, nous tentons de mettre le plus d’intelligence possible.

La rigidité des appareils mène à l’échec. C’est d’ailleurs ce qui explique – en partie – que l’UMP et le Front national n’aient pas encore réussi à mettre en place des partenariats solides, alors même que le front républicain a sérieusement craqué durant ces élections. Un peu plus de souplesse de part et d’autre aurait pu le faire définitivement voler en éclats.

Envisagez-vous de travailler avec Marion Le Pen, à l’Assemblée ?

Bien sûr ! Elle regarde vers l’avenir et cherche l’efficacité.

Et avec la Droite populaire, voire l’UMP ?

Evidemment! Moi, je suis entièrement libre, je peux donc travailler avec toutes les personnes de bonne volonté. Je ne me vois pas avec un groupe de gauche, car rien ne nous rassemble, mais il y a bien des membres de l’UMP qui partagent nos valeurs – prenez Lionnel Luca ou Philippe Meunier. Sur le plan des idées, les passerelles existent. Ce qui est certain, c’est que tactiquement, il est bon de s’apparenter pour peser dans les débats. Je suis donc partisan de rejoindre un groupe qui me laissera ma liberté de penser et de voter. S’il y en a un, c’est parfait. Sinon, on fera ce qu’on peut avec ce qu’on a !

Quelles seront vos premières actions ?

J’ai deux idées en matière de défense des libertés. Sachant que la première des libertés, c’est la sécurité et la deuxième, celle qui libère, le travail. Je pense qu’il faut mettre en place un droit au travail, assorti d’un revenu minimum d’insertion.

Il faut insérer les gens dans le tissu social, au lieu de les exclure par l’assistanat. Nos concitoyens les plus modestes doivent retrouver leur dignité et participer à la vie de la société.

Concernant la sécurité, je suis favorable à une refonte des pléthoriques lois françaises, dont la connaissance finit même par échapper aux spécialistes. Il faut refondre les codes de manière simplifiée et clarifiée, afin que, réellement, nul ne soit plus censé ignorer la loi. C’est à partir de cette redéfinition qu’il sera possible de punir ceux qui la violent. Je vais tenter d’intégrer la commission des lois et, comme il y a des gens intelligents dans tous les groupes, il sera sans doute possible de faire avancer des projets allant dans le sens du bien commun.

Et voilà, pour anticiper votre prochaine question, comment un électron libre peut agir efficacement à l’Assemblée nationale !

Propos recueillis par Patrick Cousteau

Article de l’hebdomadaire “Minute” du 20 juin 2012 reproduit avec son aimable autorisation. En kiosque ou sur Internet.
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