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La terre d’Argentine n’est plus à vendre

22 mars 20120
La terre d’Argentine n’est plus à vendre 5.00/5 1 votes

Publié le : 19 mars 2012

Source : metamag

C’est le premier coup d’arrêt au phénomène de marchandisation du sol.

Seront-ils suivis par d’autres pays ? En tout cas, c’est une date. Bien tardivement par rapport à un phénomène, qui s’est emballé et a gagné d’autres continents, les députés argentins ont opté pour la préférence nationale. Ils viennent de donner un coup de frein à un phénomène inquiétant à tous égards, que nous avons déjà évoqué voici un an : celui de l’acquisition foncière gloutonne entreprise par des personnes physiques, des gouvernements et des sociétés étrangères.

Cristina Kirchner, qui avait mis cette mesure à son programme, a donc été jusqu’au bout ; elle a fait voter la loi. Les étrangers qui, globalement, possèdent plus de 15% du territoire -ce qui est déjà énorme- ne pourront pas acheter, désormais, plus de 1 000 hectares agricoles par transaction. Ils en détiendraient déjà 10%, soit 300 000km2, l’équivalent d’une 1/2 France. On saisit l’ordre de grandeur. La mesure n’est pas rétroactive.

Pour de multiples raisons, l’acquisition de terres a commencé dans les année 90 en Amérique du Sud. Vers le milieu des années 2000, le Chili et l’Argentine ont signé une autorisation d’exploiter les gisements de minerai de la Cordillère, qui les sépare, ainsi que des zones limitrophes. Cela autorisait, en pratique, la création d’un nouveau pays, puisque totale autonomie était donnée aux multinationales opérant dans la zone.

En parallèle, d’autres groupes ont cherché à s’approprier les territoires abritant les réserves d’eau douce les plus importantes du monde que constituent les glaciers de la Patagonie. Enfin des ONG, sur la transparence desquelles on peut s’interroger, se sont constitué des sortes de réserves à finalité écologique.

Au Chili, l’ONG yankee Wildlife Conservation Society (WCS) a récupéré, à perpétuité, la région de Karulinka, en Terre de Feu : une zone de tourbières de presque 100.000ha. La justification, dans ce cas, se limite à affirmer que ces tourbières pourraient fournir des revenus à l’occasion de la vente de titres carbone. La directrice de WBC pour le Chili, Barbara Saavedra, proclame toujours que Karukinka es le modèle parfait de développement soutenable. L’ONG a reçu ce don de Goldman Sachs qui en avait pris possession en 2002, suite à la faillite de l’entité propriétaire.

 

 

Spéculateurs, écologistes, sionistes

Toujours au Chili, la liste de ceux qui accaparent des terres grâce à la corruption des politiques ne cesse de s’allonger. L’un des plus connus est Douglas Tompkins, qui cherche à se justifier par un projet de parc appelé Pumalin, placé sous le magique vocable d’écologie profonde. Or Tompkins est en réalité un simple membre de l’écurie Rockefeller qui n’en fait pas un personnage tout à fait désinteressé. Le parc Pumalin est le plus grand du monde, avec 300.000ha. Mais son propriétaire possède aussi d’autres terrains, dans des zones situées en peu au-delà de la frontière, en territoire argentin.

Parmi les autres acheteurs on trouve : dans les régions chiliennes X et XI (les 12 régions du Chili sont classées du Nord au Sud), le milliardaire Rick Klein, qui dirige une pseudo organisation écologique à travers laquelle il s’empare de forêts ; Jan Mosse, président de la Fondation mondiale de l’arbre qui devint propriétaire de forêts près du parc de Pumalin. On trouve enfin la famille Goldsmith dont Teddy promeut l’écologie profonde, et qui a acheté, à travers sa fondation, des terrains en compagnie de Tompkins.

Quand, sur ces terres, vivent quelques groupes humains, la préoccupation principale est de les virer, parce qu’ils n’ont pas de titre de propriété, comme le firent les yankees en Amérique du Nord avec les Indiens. Dans le cas du clan Benetton, qui a acquis 340.000ha pour s’y livrer, là clairement, à une activité commerciale d’élevage de moutons, le contentieux court toujours avec les Mapuche. Ce « peuple premier » n’a pas la même conception (civilisée) de la propriété privée que les « occidentaux ».

En Argentine, le spéculateur-humanitaire Geoges Soros a acheté, à tour de bras, ce que la crise, déclenchée par Menem et son ministre de l’Economie au début de la décennie précédente, a rendu si accessible. Comme toujours, le trafiquant finance le purificateur, l’ONG Human Rights Watch.

Dans la Patagonie argentine, on trouve aussi des Sionistes puisque leur prophète, Théodore Herzl, avait à la fois proposé la Palestine et l’Argentine comme terres d’accueil et que, dès 1891, quelques richissimes, tels le baron Hirsch, ont investi des sommes importantes afin d’installer des coreligionnaires dans ce pays.

Tant en Argentine qu’au Chili, les terres achetées en Patagonie depuis des années par divers ploutocrates attendraient, selon les sources des deux pays, près de la superficie de l’Allemagne, soit 400.000km2. Comme toujours, l’achat est effectué en faveur du bien : la philanthropie écologique est le manteau le plus courant pour vider un pays de sa substance et s’emparer de ses richesses avec, en prime, la sécession possible d’une région sur laquelle toute autorité aura été perdue.

 

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