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Black M: la victoire de Verdun, ou L’antiracisme obsédé par les races – Par Elizabeth Lévy

28 mai 20160
Black M: la victoire de Verdun, ou L’antiracisme obsédé par les races – Par Elizabeth Lévy 4.75/5 4 votes

Publié le : 16 mai 2016

Soure : causeur.fr

Black M

Si le concert de Black M prévu pendant la commémoration de la bataille de Verdun a finalement été annulé, c’est uniquement parce que ce rappeur s’est permis d’insulter la France. Seuls ses défenseurs, antiracistes autoproclamés, convoquent sa couleur de peau dans le débat.

La première fois une tragédie, la deuxième fois une farce. Et la troisième – ou en l’occurrence la centième –, comment la qualifier ? Une énorme galéjade ? Le canular du siècle ? Je l’avoue, la nouvelle poussée de fièvre antifasciste, à propos de l’annulation du concert de Black M à Verdun, me tire des larmes de rire. À chaque nouvelle déclaration indignée pour défendre un chanteur de variété rap pour ados qui, dans sa jeunesse, chantait sa détestation de son pays de kouffars, je n’en crois pas mes oreilles : là, ils le font exprès, ça ne peut pas être sérieux. Ces gens bien habillés, de gauche (ou de la bonne droite qui n’a pas tardé à rallier cette croisade hautement comique), ne peuvent pas croire aux fadaises qu’ils débitent au kilomètre. Pour l’instant, ma préférée, c’est la ministre de la Culture qui a parlé d’ « ordre moral nauséabond », on notera une certaine recherche dans l’assemblage des mots-clés. Juste après, arrive le secrétaire d’Etat aux Anciens combattants, dont on aimerait savoir ce qu’il avait fumé quand il a déclaré : « C’est  le début du totalitarisme et je dis que c’est vraiment le fascisme qui nous attend »… Mais entre Jack Lang, Christiane Taubira, Benoist Apparu et quelques autres, la compétition pour la plus grosse énormité sur le sujet est serrée.

Faire la fête à Verdun, il fallait l’inventer

On dirait bien que tout ce monde ne touche plus terre, en tout cas, pas celle de France, pour ne pas comprendre à quel point l’invitation du rappeur heurtait la décence commune et la mémoire des poilus, et ceci, bien au-delà du FN, et même de la droite – sauf à considérer que Natacha Polony ou Régis de Castelnau soient de droite. Beaucoup de Français de toutes origines et de tous horizons ont le cœur serré quand on évoque les soldats sacrifiés de Verdun. « Faire la fête » à Verdun, il fallait l’inventer. Et après ce sera quoi, le festival d’Auschwitz ? Rave à Austerlitz ? (Ah non, c’est vrai, on ne commémore pas les victoires…) Mais qu’en plus, on choisisse un artiste qui exprime pour son pays des sentiments aussi délicats que Black M montre en quelle estime on tient la nation que l’on prétend honorer et rassembler. Il est proprement scandaleux que la Mission du centenaire, bras armé et financier de l’Etat pour les célébrations, ait accordé 67 000 euros de subventions à un événement qui n’a strictement rien à voir avec l’histoire.

Significativement, notre Voltaire du 9-3 n’a trouvé, pour mobiliser ses partisans, qu’un argument : « Venez, on va bien s’amuser ! ». Sans doute a-t-on eu peur d’ennuyer les jeunes gens (Français et Allemands) conviés pour leur édification, et pour incarner en quelque sorte un devoir de transmission, avec trop de discours et trop de gravité. Tout ce passé, sans la moindre touche festive, cela devait sembler atrocement ringard aux organisateurs.

Antifas de tréteaux

C’est une classique, plus nos antifas de tréteaux se sentent minoritaires, plus ils enragent, trépignent et insultent. Tout en rivalisant de dinguerie dans la dénonciation de la « haine raciste » qui les aurait obligés à annuler le concert, ses initiateurs se rejettent la responsabilité de l’idée les uns sur les autres. Le maire de Verdun, Samuel Hazard jure qu’elle vient de Paris, la Mission du centenaire qu’elle émane de l’agglomération du Grand Verdun et la rumeur parisienne que l’Elysée n’y est pas étranger. C’est pas moi, c’est l’autre. Face à une bronca qui ne vient évidemment pas de la seule extrême droite, ils ont prudemment – et sagement – capitulé en rase campagne mais bien sûr, ils n’assument ni l’invitation, ni son annulation. Et pour noyer le poisson de leur défaite, ils traitent tous leurs contradicteurs de fascistes. N’empêche, peut-être se sont-ils dits qu’une manif d’anciens combattants au milieu des célébrations, ce ne serait pas génial pour la photo.

Le plus désopilant, comme me le souffle l’ami Gérald Andrieu, c’est que ces antiracistes de choc sont en réalité des racialistes primaires. Parmi les détracteurs de Black M, pas un seul n’a évoqué la couleur de sa peau. Tous se sont référés à ses chansons et déclarations. En revanche, ses défenseurs ne voient pas en lui un chanteur passible de critique, mais un Noir, et seulement un Noir – donc une victime.  Et comme ils ne voient que cela, ils croient que tout le monde est comme eux et que ceux qui attaquent Black M sont forcément des racistes. Au fait, qui est obsédé par la race ?

La lâcheté a gagné

En réalité, ces éructations qui visent à masquer leur défaite en rase campagne n’ont plus la moindre importance et du reste, nos résistants ne semblent pas avoir pris de mesures particulières pour combattre le fascisme qu’ils voient à nos portes (si ça devait vraiment se produire, mieux vaut ne pas trop compter sur eux). La bonne nouvelle, en plus de leur capitulation elle-même, c’est qu’ils ont réussi à démonétiser complètement les invectives qu’ils aiment le plus. Etre traité de facho, ça fait maintenant rigoler tout le monde. Et tant pis si, à Verdun, ce n’est pas le bon sens, mais la lâcheté qui a gagné. En attendant, en fait de reconquête, nos honorables gouvernants ont surtout réussi à montrer qu’ils n’avaient pas la moindre idée de qui sont ceux qu’ils gouvernent.

Elisabeth Lévy

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