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Les « frondeurs » font sur eux ! Par Aristide Leucate

13 mai 20160
Les « frondeurs » font sur eux ! Par Aristide Leucate 5.00/5 2 votes

Publié le : 13 mai 2016

Source : bvoltaire.fr

« Nous ne serons pas en mesure de déposer une motion de censure de gauche », a déclaré le député PS frondeur Laurent Baumel, précisant que 56 signatures avaient été recueillies. « La motion de censure de la droite ne sera pas votée par nous ».

Une prouesse dans l’histoire de la Ve République ! Un médiocre numéro d’équilibrisme où le pharisaïsme, le jésuitisme, la mauvaise foi et le cynisme n’auront jamais autant servi de filet de protection à une gauche, prétendument frondeuse, mais dont les convictions s’arrêtent sur le seuil de leurs privilèges. Pensez donc, prendre le risque, au détour d’une dissolution présidentielle, d’être renvoyés devant les électeurs et… prendre une raclée dans les urnes. Encore une année, Monsieur le bourreau-citoyen… Et puis, rue de Solférino, on prévenait assez vite qu’une motion de censure contre le gouvernement de Manuel Valls se serait soldée par l’exclusion des instances du PS, sinon du parti.

Bref, les soi-disant frondeurs se sont purement et simplement dégonflés, s’abritant derrière l’alibi spécieux de ne pas mélanger leurs voix avec celles de la droite et du centre. Que l’on sache, en d’autres occasions, une telle précaution de jouvencelle apeurée n’est nullement de mise lorsqu’il s’agit d’empêcher le Front national de remporter un département, une région ou une commune (ne parlons même pas de l’Élysée)…

Surtout, ces députés ont jeté leur postiche et ont ainsi révélé leur foncière imposture. Si, comme le disait un ancien ministre de la Défense qui a fini par tout renier en s’accommodant de tout (ne fût-ce, seulement, qu’aux marges), « un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne », on doit s’étonner que ces frondeurs ne se soient jamais appliqués ce brocard. Ils ne sont pas ministres, objecteraient-ils, avec suffisance. Certes, mais ils sont députés de la nation.

Ce qui est bien pire. Car, précisément, ne sont-ils tenus par aucune solidarité gouvernementale et bénéficient-ils d’une liberté qui les sublimerait s’ils n’avaient ne serait-ce qu’une once d’amour propre, à la condition préalable et nécessaire qu’ils fussent entièrement habités par le « souci » du bien commun, comme eût dit Pierre Boutang.

Las ! En d’autres temps, une Marie-France Garaud, caustique et grinçante, avait lancé, à propos de son protégé (Chirac) qui venait de l’évincer : « Je croyais que Chirac était du marbre dont on fait les statues. En réalité, il est de la faïence dont on fait les bidets ». Les « frondeurs » sont, à n’en pas douter, de la même poterie.

Il ne leur manqua que le courage. Pis : le panache ! Celui qui les eût tôt fait ressembler au plus beau marbre de Carrare ornant les riches demeures des patriciens de l’ancienne Rome. Mais la démocratie étant le seul régime où la quantité implique des effets qualitatifs, ces inutiles traîne-savates n’ont aucun mal à laver leur honneur dans les latrines parlementaires. Ce soir, à Matignon, le toréador Valls s’endormira sur ses deux oreilles, ayant terrassé d’un seul et ample mouvement de muleta cette vache landaise parlementaire qui se prenait pour un taureau. Et le reste du pays, pour des imbéciles…

Aristide Leucate

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