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Avion russe abattu en Turquie : quand Erdogan prend du plomb dans l’aile – Par Olivier Ravanello

26 novembre 20152
Avion russe abattu en Turquie : quand Erdogan prend du plomb dans l’aile – Par Olivier Ravanello 5.00/5 6 votes

Publié le : 25 novembre 2015

Source : fr.news.yahoo.com/blogs/ravanello

Note de La Plume : si on m’avait dit que je relaierais un jour dans ces colonnes un article d’Olivier Ravanello… j’aurais sans doute eu bien du mal à rester en équilibre sur mes deux jambes ! Et pourtant… il n’y a pas grand chose à redire au texte reproduit ici (si ce n’est – tout de même – qu’il n’évoque pas la complicité évidente dans cette affaire de l’OTAN et de l’Oncle Sam) : une preuve de plus que le système (Car Ravanello est un « journaliste » dont le moins que l’on puisse dire est qu’il va rarement à contre-courant de la bienpensance médiatique qui sévit jusqu’à l’extravagance dans la presse française) est à bout de souffle et tente par tous les moyens de recoller à cette réalité qu’il a (avec une telle constance !) cherché à travestir depuis des années, réalité qui vient de lui péter à la figure ! (comme à nous, hélas…)

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En Abattant froidement un avion russe, la Turquie a engagé un bras de fer risqué avec Vladimir Poutine. Mais qu’est ce qui est passé par la tête du président turc Recep Tayyip Erdogan ? Une carte fournie par les autorités turques montre que le nouveau Sultan a voulu en faire un exemple.

En abattant froidement un avion russe, la Turquie a engagé un bras de fer risqué avec Vladimir Poutine. Mais qu’est ce qui est passé par la tête du président turc Recep Tayyip Erdogan ? Une carte fournie par les autorités turques montre que le nouveau Sultan a voulu en faire un exemple. Ils l’ont prévenu 10 fois disent-ils. Les Américains le confirment, « les canaux étaient ouverts on a tout entendu ». Les Russes affirment le contraire. « Ils ont ouvert le feu tout de suite ». Soit. En tout état de cause, c’est froidement que les chasseurs turcs ont abattu le SU24 russe, après avoir demandé autorisation de tir à leur hiérarchie. Le Soukhoï a bien été descendu pour l’exemple.

L’argument le plus probant est celui fourni par les Turcs eux-mêmes. La carte que vous voyez ci-dessous représente la frontière turque en bleue et les points de passage du Soukhoï russe. Il entre bien en effet dans le territoire turc et en ressort ensuite. Mais si vous prenez la peine d’aller sur une carte, vous verrez que cette bande de terre au nord de Lattaquié est très étroite. L’avion russe a fait tout au plus 3 à 5 kilomètres en Turquie. Il y est resté moins d’une minute. Plusieurs fois peut-être mais à chaque fois il a « mordu » pour effectuer des rotations d’est en ouest et bombarder le long de la frontière. S’il avait choisi de virer selon un axe nord sud, il serait entré de 10 kilomètres au moins en Turquie. Le choix du Soukhoï est donc déjà un moindre mal. Mais quand bien même, est-ce une agression ? Obama dit « les Turcs ont le droit de défendre leur espace aérien ». Mais se défendre de quoi ? En aucun cas l’avion russe ne lançait une attaque sur les Turcs. Personne n’était menacé de ce côté-ci de la frontière. Non, Erdogan a bien voulu marquer son territoire et signaler aux Russes qu’il en avait assez de leurs mauvaises manières. Une affaire de politesse, de mur mitoyen rien de plus ? Non bien sûr. L’agacement d’Erdogan a une cause plus profonde : la crainte de voir sa stratégie s’effondrer à cause de Poutine.

Carte de la frontière turco-syrienne où a été abattu le Soukhoï russe.
Carte de la frontière turco-syrienne où a été abattu le Soukhoï russe.

Depuis 4 ans, Erdogan a un objectif : renverser Assad et installer à Damas un régime proche du sien, dirigé par un parti, celui des Frères musulmans. En voyant la révolution embraser la Syrie, Erdogan s’est dit que la bascule allait avoir lieu. Ensuite, il a commencé à soutenir ceux qui se battaient contre Assad. Armée syrienne libre qu’il a hébergée sur son territoire. Puis voyant qu’elle s’essoufflait, il a financé des groupes plus radicalisés, jusqu’à Al Qaida (le front Al Nosra), tous réunis dans l’armée de la conquête. Soutenir, financer, entrainer, appuyer par des bombardements. Tout a été essayé pour renverser Assad. Mais voilà. Assad a un ami qui s’appelle Poutine. Et depuis un mois et demi, le soutien est devenu direct. L’aviation russe bombarde les protégés d’Erdogan qui viennent s’adosser à la frontière de leur puissant allié. Mais ça ne suffit pas. L’armée de la conquète est pilonée, affaiblie jour après jour par les Russes. Assad relève la tête et Erdogan voit ses rêves s’effondrer. La défense de l’espace aérien n’était qu’un prétexte. Abattre le Soukhoï a été le coup de sang d’un président sultan qui perd la main.

Olivier Ravanello

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2 Responses to Avion russe abattu en Turquie : quand Erdogan prend du plomb dans l’aile – Par Olivier Ravanello

  1. ravanello olivier le 9 décembre 2015 à 11 h 05 min

    Bonjour
    votre introduction m a fait sourire. je me permets donc de poursuivre et de vous indiquer un livre que j ai écrit sur la Russie et Poutine il y a près de 10 ans. L’oeil de Moscou aux éditions du Toucan. Vous y trouverez peut-être matière a reviser votre jugement…Bien à vous.

    • marc le 9 décembre 2015 à 11 h 37 min

      Cher Olivier,

      votre réaction – d’une grande élégance – à mon introduction que vous auriez très légitimement pu juger trop urticante, est un nouveau point apporté à votre crédit. Elle aurait à elle seule, avant même la lecture du livre que vous me conseillez, tendance à me faire encore plus réviser mon jugement. Ce qui me ravirait : il n’est rien qui me plaise tant que de me rendre compte que je me suis trompé, pour totalité ou partie, sur quelqu’un que j’avais jugé trop sévèrement : il est vrai que j’essaie toujours de faire mienne la citation de Lecorbusier : « je me lève tous les matins dans la peau d’un imbécile, et j’ai toute la journée pour essayer d’en sortir ». Votre message me voit, après sa lecture, un peu moins con que je ne l’étais avant d’en prendre connaissance. Merci !

      Je ne manquerai pas de vous suivre ces prochaines semaines, en espérant trouver dans vos chroniques de géopolitique, si vous continuez à sortir ainsi des sentiers rebattus de la bienpensance médiatique, d’autres raisons de vous apprécier davantage. Vous avez commencé à le faire, continuez ! Faites péter (au moins sur le Net qui le tolère plus aisément) le vernis du politiquement correct qui vous entrave à la télé : vous avez visiblement des yeux et un cerveau, contrairement à la majorité de vos petits camarades journalistes docteurs autoproclamés es géopolitique mondiale (je pense à Barbier ou Guetta, par exemple), n’hésitez plus à vous en servir sans peur du coup de bambou en retour ! Vous l’avez fait, vous pouvez le refaire ! Le public qui n’attend que cela est bien plus nombreux que les petits censeurs d’opinion non conforme qui dirigent les médias ne le croient !

      Enfin, en toute amitié (vraiment !) : vous devriez changer la photo d’illustration de votre blog sur Yahoo… franchement Olivier, en dehors du fait que vous n’avez pas l’air au mieux de votre forme sur ce cliché (style je viens de passer trois nuits blanches, ou limite fiesta un peu trop arrosée)… l’imper remonté « façon grand reporter sur le terrain »… laissez ces pitreries de com à deux balles à Hondelatte dans « Faites entrer l’accusé » ! Ou à Barbier, avec sa grotesque écharpe rouge « que c’est Carla qui me l’a offerte, na ! », même dans les studios d’enregistrement les plus surchauffés. Vous valez apparemment bien mieux que cela !

      Très sincèrement vôtre

      Marc LEROY – La Plume à Gratter

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