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Plainte du Qatar contre Philippot : pourquoi si tard ? Entretien avec Kader Hamiche

5 juin 20150
Plainte du Qatar contre Philippot : pourquoi si tard ? Entretien avec Kader Hamiche 5.00/5 2 votes

Publié le : 03 juin 2015

Source : kader-hamiche.fr

Spoutnik : Le Qatar vient de porter plainte contre Florian Philippot pour diffamation niant de facto être impliqué dans l’affaire des financements islamistes. Le Figaro a déjà qualifié ce genre de plainte de « rarissime ». Pourquoi selon vous intervient-elle maintenant ?  

Kader Hamiche : En réalité, la plainte date, selon les sources, du 9 mars ou du 2 avril, pour des propos tenus le 9 janvier. Je crois que le Qatar pouvait objectivement penser que sa position était défendable. En droit, les mots on un sens et un seul et toute interprétation relève du procès d’intention. Pour pouvoir dire « le Qatar et l’Arabie saoudite financent l’islamisme qui tue », il faut être capable de le prouver. Le Qatar dira, comme il l’a toujours fait, qu’il finance des organisations humanitaires. Si l’argent dispensé à titre humanitaire sert à organiser des attentats terroristes, il dira qu’il l’ignore. Le tueur Coulibaly avait emprunté 6 000 €uros à Cofidis, filiale de Cetelem, lui-même contrôlé par BNP-Paribas, pour financer les tueries de Montrouge et de Vincennes. Peut-on pour autant en déduire que la BNP a financé l’attentat de l’Hyper Casher ?

Mais, n’a-t-il pas raison, sur le fond ? Ne dit-il pas tout haut ce que tout le monde pense tout bas ?

Justement, Florian Philippot n’est pas tout le monde. Sa parole l’engage et engage son parti. D’ailleurs, sur le fond, accuser l’Arabie saoudite et le Qatar de « financer l’islamisme qui tue » est une absurdité. Je ne comprends pas que Philippot ait pu faire une si grossière erreur. S’il y a deux pays qui ont intérêt à ce que les musulmans se tiennent à carreau, ce sont bien ces deux-là. Leur intérêt est que le salafisme s’impose partout en douce, si ce n’est en douceur, et en profondeur. Ce qui est le cas au plus haut point au Maroc où il tient tous les rouages de l’Etat et de la société et, de manière très avancée, en Europe. Le problème est qu’en Europe, les jeunes musulmans ont adopté une religion dont ils ne maîtrisent pas les codes. Ce sont ceux-là qui servent de bras armé pour des gens qui mènent une guerre nationale et de civilisation à la fois contre l’Europe et contre des pays comme l’Arabie saoudite et le Qatar. Si ceux-ci finançaient le terrorisme en Europe, Coulibaly n’aurait pas été obligé d’emprunter 6 000 €uros à Cofidis, et ses collègues pieds-kickelés Kouachi n’auraient pas tâtonné pour trouver l’immeuble de Charlie Hebdo. Dès le 30 janvier dernier, j’écrivais sur mon blog : « Tout le monde sait depuis longtemps que le Qatar et l’Arabie saoudite financent l’islam terroriste. Eux vous diront qu’ils financent l’islam ; mais comme leur islam est de l’espèce la plus rétrograde et la plus propre à servir de prétexte aux tueurs en tous genres, c’est du pareil au même. » Je pense que Philippot ne voulait pas dire autre chose. Mais il l’a mal dit, ce qui constitue une faute de la part d’un leader politique. Et  c’est cette faute qui est exploitée en ce moment par ses ennemis.

Que risque-t-il ?

En matière de diffamation, la Justice est obligée de condamner Philippot. En temps normal, elle n’aime pas être instrumentalisée et prononce, en dehors des dépens, des condamnations symboliques. Mais, s’agissant de Florian Philippot, à mon avis, ça va lui coûter cher pour deux raisons : la première est que le Qatar, qui n’est pas sectaire, a choisi pour porter sa plainte le chiraquien Francis Szpiner et le socialiste tendance Royal Jean-Pierre Mignard, deux avocats parmi les plus chers de France ; la seconde est qu’il s’agit d’une exploitation politique de l’erreur du Vice-Président du FN. Je ne m’explique pas autrement que toute la presse française parle aujourd’hui d’une plainte vieille de deux ou trois mois. Et, là, honnêtement, à la place de Philippot, je nourrirais de vrais craintes. Je ne serais pas étonné qu’une peine d’inéligibilité soit requise pour perturber son activité politique. Ne serait-ce qu’en l’obligeant à y consacrer une bonne partie de son temps de parole. La magistrature française est très en pointe dans la lutte contre le FN et je ne serais pas étonné qu’elle participe à fond à ce qui ressemble à une contre-offensive contre Marine Le Pen.

Ce serait donc un simple coup bas ? N’y a-t-il pas là autre chose de plus politique ?

Peut-être ai-je trop d’imagination mais il me semble que les vraies raisons de cette campagne tardive sont dans l’actualité. Le collectif RPS (Républicains-Parti socialiste) a vu dans la visite de Marine Le Pen en Egypte un danger. A l’issue de son voyage de quatre jours où elle a été reçue par le Président Al-Sissi, la présidente du FN a déclaré soutenir les pays qui luttent contre le fondamentalisme, « au premier rang desquels, a-t-elle précisé, l’Egypte et les Emirats Arabes Unis ». Sous-entendu,  « pas l’Arabie saoudite ni le Qatar ». Durant cette visite, elle a aussi rencontré le Premier ministre Ibrahim Mahlab et le pape copte Tawadros II. Surtout, elle a eu un entretien ponctué d’une photo tête nue avec Ahmed al-Tayeb, Grand Imam de la Mosquée Al-Azhar, l’une des plus prestigieuses et influentes institutions de l’islam sunnite. Le danger, pour le RPS, est l’impact que cette image peut avoir sur l’électorat musulman de France. Après l’électorat juif, ce sont les Musulmans – qui ont par ailleurs mille raisons objectives de le faire – qui risquent de se rapprocher du FN. Et, là, on parle d’un potentiel de plusieurs millions d’électeurs en augmentation exponentielle. Accessoirement, quel impact sur les Français attachés à la laïcité, cette photo de Marine Le Pen tête nue dans un temple musulman où nul ne vit jamais femme non voilée !

Fin mars, l’ex-chef de la DST, Yves Bonnet, avait dénoncé le financement des banlieues françaises par le Qatar. Nulle personne douée de bon sens n’ignore que ce jeu de (fausses) alliances avec des monarchies wahhabites dédaigneuses des fondements de notre civilisation est un jeu extrêmement dangereux. Comment expliquer que depuis 2007 les élites dirigeantes n’y renoncent pas ? 

Non seulement elles n’y renoncent pas mais elles se montrent particulièrement lâches et veules. Au Qatar, quatre Français attendent qu’on leur rende leur passeport sans que la France ne s’en émeuve.

J’en ai parlé dans l’article cité plus haut du 30 janvier dernier : « A quoi… euh, à qui servent nos relations avec le Qatar ? » Nos échanges avec l’Arabie saoudite et le Qatar représentent 1% de notre commerce international pour la première et 0,17% pour le second. A titre de comparaison, nos échanges avec la Belgique, quatre fois moins peuplée qu’eux, sont à 72,6 mds€, soit plus de six fois le total cumulé de ces deux pays. Par ailleurs, on invoque notre approvisionnement en pétrole et gaz ; or, le Qatar n’est que notre septième fournisseur de gaz avec 3,4% de nos achats, loin derrière la Russie avec laquelle on se fâche alors qu’elle nous en fournit 20%. Cela ne tient pas debout. Ce n’est évidemment pas pour les bénéfices que la France en tirerait : ils sont nuls.

La vérité est autre. Elle s’appelle corruption, détournement de fonds publics, concussion, embrouilles en tous genres. Tous crimes dont ces deux pays sont des recéleurs. Ces deux pays sont de très grands arroseurs. Mais ils le font sans que cela leur coûte rien ! C’est cela, le drame. Nos échanges avec ces deux pays ne rapportent rien à la France. Les centaines de millions d’euros qui lui sont extorqués chaque année par le Qatar via un privilège fiscal exorbitant revient sous diverses formes aux gens de pouvoir, à leurs amis et à leurs clients : prestations et contrats bidon, subventions et versements à des fondations à fonds perdus, emplois réels ou fictifs, et, même, conférences de 45 minutes à 150 000 € l’unité…

S’agissant des banlieues, non seulement le Qatar y déverse beaucoup d’argent mais il recrute énormément de jeunes « issus de la diversité », comme on dit. Toutes les entreprises françaises accréditées dans ce pays sont soumises à cette obligation. Pour asseoir leur influence chez nous, le Maroc et la Tunisie ont leurs élus français : le Qatar aussi.

De ce point de vue, la veulerie de nos dirigeants peut aller très loin. Manuel Valls s’est rendu fin mai à Marseille pour l’inauguration d’une école privée islamiste parrainée par le Qatar et le Koweït. En théorie, cette inauguration pose problème mais tout le monde s’en fiche. A côté des autres renoncements, privilège fiscal et autres embrouilles dont il vient d’être question, c’est un détail. De toute façon, en France, la démocratie n’est qu’un leurre. Hollande est le Grand Calife Haroun el Poussah et Valls, son vizir Iznogoud. Tous deux font ce qu’ils veulent sans que ça dérange personne, surtout pas les médias, qui bénéficient d’un système auxquels ils participent. Quant au peuple français, il geint mais n’agit pas.

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