Economie

Pour Angela Merkel, le cauchemar commence… Par Christophe Servan

27 janvier 20150
Pour Angela Merkel, le cauchemar commence… Par Christophe Servan 5.00/5 3 votes

Publié le : 27 janvier 2015

Source : bvoltaire.fr

Aujourd’hui, les créanciers de la Grèce sont principalement la BCE, les États européens et le FMI. Ensemble, ils détiennent (ou financent, car la part détenue par les banques grecques est entièrement refinancée par la BCE) 85 % de la dette grecque. Lorsque Aléxis Tsírpas veut renégocier un allègement de la dette grecque, cela signifie donc in fine qu’il veut leur faire avaler une perte sèche. On parle de 100 milliards d’euros au minimum, qui se rajouteraient aux 107 milliards d’euros de créances déjà abandonnées en 2012. Si les créanciers refusent, alors la Grèce pourrait sortir de l’euro ou bien, plus vraisemblablement, faire défaut sur les intérêts ou le capital à rembourser, dus en 2015.

Du point de vue grec, ce chantage – car c’est un chantage – est de bonne guerre. Les Européens tiennent — semble-t-il — à l’euro comme à la prunelle de leurs yeux. Fin 2011, n’avaient-ils pas imposé à Papandréou l’annulation d’un référendum sur la question de l’appartenance de la Grèce à la zone euro ? Un chantage, là aussi, qui revenait de facto à sacrifier la parole du peuple grec sur l’autel de la monnaie unique. Eh bien, pourquoi ne pas les tester à nouveau aujourd’hui ? Renverser les termes de la négociation et voir quel prix ils seront prêts à payer pour sauver leur idole ? Du point de vue grec – et je ne vois pas quel autre point de vue un dirigeant grec élu par le peuple grec devrait adopter -, c’est de la bonne realpolitik.

Après Mario Draghi qui vient juste d’institutionnaliser la planche à billets, véritable encouragement au laxisme, voilà donc que refait surface l’épineuse question des Grecs, en attendant demain Podemos en Espagne (élections en décembre 2015). Céder à Aléxis Tsírpas, c’est la certitude que toute l’Europe du Sud va, tôt ou tard, s’engouffrer dans la brèche. Ne pas céder, c’est apporter la preuve définitive que l’Europe n’existe pas et ne pourra jamais exister, car il est inconcevable de bâtir une entité politique avec des institutions communes sans le respect absolu du principe de solidarité fiscale entre les différentes populations de cette entité. L’Italie existe parce que Milan paye pour Syracuse. La France existe parce que Paris paye pour la Corse. Le Japon existe parce que Tokyo paye pour Fukushima. Si personne ne veut payer pour les Grecs, qui paiera demain pour les Lettons ?

La planche à billets plus la fin de l’austérité budgétaire, c’est le rêve d’une Europe à la prussienne qui s’effondre. Si, en plus, les défauts de paiement sur la dette des États du Sud se succèdent, pour Angela Merkel c’est un véritable cauchemar qui se profile à l’horizon 2016, un cauchemar qui pourrait prendre la forme d’une forte poussée europhobe sur ses propres terres, en plus des mouvements islamophobes qui se multiplient déjà aujourd’hui. Alternative für Deutschland à 30 % d’opinions favorables d’ici l’été, voilà le danger, un scénario qui, s’il prenait forme, changerait la donne dans toute l’Europe… Et ce ne serait que justice.

Christophe Servan

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