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« Cette gauche préfère mourir sous Hollande que vivre sous Le Pen » – Entretien avec Robert Ménard

13 janvier 20150
« Cette gauche préfère mourir sous Hollande que vivre sous Le Pen » – Entretien avec Robert Ménard 5.00/5 4 votes

Publié le : 13 janvier 2015

Source : bvoltaire.fr

Robert Ménard, vous étiez dimanche à Paris avec une délégation d’élus de votre ville. Est-ce que ça servait vraiment à quelque chose ?

À peu de chose, sans doute. Mais davantage que rester chez soi. Et l’expression publique de la condamnation du terrorisme et de la barbarie, ce n’est pas rien. Je comprends ceux qui n’ont pas voulu rejoindre ce qui leur semblait être une manifestation d’union de la gauche davantage que d’unité nationale. Pour autant, fallait-il abandonner la rue à ce grand mouvement de déni de la réalité ? Je ne crois pas. Du reste, hormis quelques militants communistes qui ont cru bon de hurler des menaces à ma vue – le plus virulent a d’ailleurs été rapidement embarqué par la police -, nous avons reçu un accueil plutôt sympathique de la part des autres manifestants. En réalité, si je suis allé marcher, c’est parce qu’entre suivre cette consigne un peu simpliste et forcément réductrice « Je suis Charlie » et rester chez soi, il existe d’autres moyens d’agir. Je suis allé marcher dimanche parce que je me devais d’être aux côtés de notre société. Je me devais de marcher en tant que Français, pour cette France que j’aime…

Vous parlez de déni de la réalité. On a vu le soir même, au concert de soutien à Charlie Hebdo, Christophe Alévêque chanter « Bella Ciao », chant antifasciste italien de la Seconde Guerre mondiale, comme si les assassins de Vincennes étaient des chemises noires de Mussolini. La gauche intellectuelle a-t-elle un problème avec les faits ?

Indiscutablement. Cette gauche préfère mourir sous Hollande que vivre sous Le Pen. C’est une formule, certes, et si l’histoire s’accélère, il est vraisemblable que d’aucuns réviseront leur position. Mais elle illustre le grand suicide de cette gauche. On pourrait hausser les épaules et ne pas se sentir concerné. Mais je suis de ceux qui ne veulent pas mourir du suicide des autres. Certains de ceux qui disent « Je suis Charlie » sont ceux-là mêmes qui voulaient qu’on vire Zemmour de la télé. Ils aiment la liberté d’expression mais seulement pour leurs idées… Des Tartuffes… Et, pour certains, ne se rendent même pas compte de leurs contradictions. « La liberté est toujours la liberté de celui qui pense autrement », disait Rosa Luxemburg. C’est peut-être ça qu’il faut d’abord expliquer aux élèves dans nos écoles, quand on leur propose de se joindre à un hommage aux victimes…

Manuel Valls annonce des mesures de « grande fermeté ». Le peu que l’on en sait vous semble-t-il suffisant ?

Je ne suis pas de ceux qui font porter au gouvernement une responsabilité dans les attentats récents. Il est impossible de déjouer tous les attentats. Cependant, comment ne pas voir que si la justice n’avait pas libéré le dénommé Coulibaly avant la fin de sa peine, il n’y aurait pas eu de prise d’otages à Vincennes ?

Sur les mesures dites de fermeté, ce qui au fond ne veut pas dire grand-chose, je ne ferai pas non plus la leçon. En revanche, il est évident que si l’on continue de considérer le problème islamiste avec un état d’esprit de paix civile, si on ne prend pas en compte la dimension démographique de l’islamisme, alors le pire est devant nous.

Nous sommes entrés dans un cycle historique inédit. Ceux qui nous gouvernent imposent à la France et à l’Europe d’accepter des dizaines de millions de personnes qui n’ont ni la religion, ni la culture des pays d’accueil. Que va-t-il se passer ? Il n’est pas interdit de penser que les événements de la semaine dernière sont un effroyable début de réponse.

Annoncer le pire, n’est-ce pas ruiner les chances de créer un véritable vivre ensemble ?

Je ne confonds pas les islamistes radicaux avec le reste des musulmans. Mais j’observe que la grande majorité des musulmans paisibles préfèrent vivre dans le même quartier que d’autres musulmans. J’observe que les populations européennes de ces quartiers déménagent à la première occasion. Voilà la réalité. Même le vivre ensemble des bobos de l’Est parisien avec les immigrés consiste à vivre à côté mais pas avec. La question du vivre ensemble ne se pose plus. Elle a été réglée par la réalité. La seule question qui se pose aujourd’hui, c’est le vivre en France.

Il est vital de sortir les musulmans du piège dans lequel l’antiracisme officiel, ce nouveau dogme de la République, les a enfermés. Une fois pour toutes, lecture critique de l’islam et racisme ne sont pas la même chose ! Mais quand certains jeunes musulmans crient « Allah Akbar » sur le passage de nos policiers municipaux à Béziers, quand d’autres refusent la minute de silence qui leur est proposée en solidarité avec les victimes des attentats, je suis effrayé : ceux-là ne se sentent pas français ; ceux-là n’aiment visiblement pas la France.

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