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La France a touché le fond mais elle creuse encore ! Par Kader Hamiche

14 septembre 20140
La France a touché le fond mais elle creuse encore ! Par Kader Hamiche 5.00/5 5 votes

Publié le : 08 septembre 2014

Source : kader-hamiche.fr

Depuis le 29 juillet dernier, je n’ai rien posté sur mon blog ; trop de fatigue, de dégoût, la volonté de ne plus rien voir, de ne pas savoir, l’envie de se rouler en boule et de se mettre sous la couette pour échapper au vertige d’une France qui sombre. J’ai donc décidé de prendre de la hauteur, au propre comme au figuré. A mon retour, je constatai que, bien qu’elles aient déjà fait toucher le fond à la France, nos élites creusent encore.

La France insultée, la France rabaissée, la France minée…

J’avais besoin de respirer l’air pur et de ne plus voir le monde. Or, quoi de mieux que la montagne pour une ré-oxygénation du corps, de l’esprit et, même, j’en témoigne, du moral ? Depuis vingt ans, je traînais l’idée obsessionnelle d’escalader le Port de Pailhères, qui culmine à 2001 m ; le plus haut col de l’Ariège. Plus tard, après mon premier Rallye des Camps en 1999, je commençai à rêver avec envie aux cols du Tour de France. Puis vint la lubie du Ventoux, que je pus exorciser deux fois en huit jours l’an dernier. Alors vint l’idée d’un périple ascensionnel dans les Pyrénées. Je suis donc allé « faire » les cols pyrénéens en vélo.

J’avais emmené un petit ordinateur avec l’espoir d’être en assez bon état pour, chaque soir, faire un petit compte-rendu d’étape. La difficulté et les péripéties du parcours en décidèrent autrement, ce qui rappellera quelque chose à ceux qui ont suivi le Rallye des Camps de l’an dernier. Du coup, cette idée ne fit que rendre l’entreprise plus difficile et je puis dire que, dix jours après mon retour, mes épaules et mes reins s’en souviennent encore. Bref ! J’espère vous conter ça prochainement.

Avant de prendre la décision de quitter provisoirement ce monde, une seule fois j’ai eu la tentation de reprendre mon blog pour réagir à l’actualité : lorsque le secrétaire d’Etat aux anciens combattants, après avoir fait une longue liste des Africains venus de pays qui n’existaient pas encore en tant que tels et qui débarquèrent le 15 août 1944 sur les côtes de Provence, en est venu, dans ce Français approximatif dont nos « élites » politico-médiatiques nous cassent les oreilles, à parler des Français d’Algérie, majoritaires dans l’Armée d’Afrique, en ces termes : « Il y eut aussi des Européens qui vivaient dans ces pays qui participèrent aux combats… » (Sic) C’est tout juste s’il ne dit pas « il y eut même… » et tout juste s’il ne suggérait pas que les Français d’Algérie étaient des occupants illégitimes d’un territoire étranger !

Mon premier réflexe fut de me ruer sur mon ordinateur pour jeter sur ce blog un post courroucé, indigné et vengeur. Par chance, l’engin était éteint, ce qui me laissa le temps de me dire que, si Kader Arif jouait avec complaisance, servilité et enthousiasme l’Arabe de service d’un gouvernement de merde, il n’y avait pas de raison que je sois, à ma petite échelle, celui d’une opposition tout autant de merde. Il était dans son rôle de fils de flic algérois jeté en vrac et par erreur, comme beaucoup de « Français musulmans civils », comme disent ceux à qui le mot « Harkis » écorche la gueule, dans un camp avec les familles  de Harkis survivants des massacres de 1962 (1),qui fut élevé en renégat et n’hésita pas à serrer la main de celui qui traita les Harkis de collabos d’une armée d’occupation, comparant ainsi l’Armée française à la Waffen SS. Moi, fils de Harki fier de l’être, je n’avais pas à parler en lieu et place de ceux que Kader Arif, le renégat fait Ministre des Anciens Combattants, a méprisés et injuriés. Car, s’agissant de cette affaire où l’histoire et la dignité des Français d’Algérie sont une fois de plus et au plus haut niveau foulés au pied, je me dis que, peut-être – il est permis de rêver – le sémillant président des Cercles algérianistes et ses alter-égaux des quelque quatre-cents associations de Piénoirs répertoriées se lèveraient comme un seul homme pour crier leur indignation. J’attends toujours !

Le pire est que ce discours qui attribuait la libération de la France aux Africains considérés comme les ressortissants de pays qui n’étaient pas encore indépendants, et, donc, par une extrapolation historiquement injuste et politiquement criminelle, aux Etats nés de la décolonisation, le pire est que ce discours parfaitement anachronique et vicieux qui illustre parfaitement la volonté de nos élites de réécrire l’Histoire de France selon l’hallucinante logique de leurs délires tiers-mondistes et de leur idéologie antinationale, ne fut qu’une maigre introduction à celui prononcé le lendemain par le Président de la République française devant un parterre de chefs d’Etats africains transportés d’aise. Dans ce discours auquel j’assistai en direct, le mot France ne fut prononcé qu’une fois : pour, en un saut dans le temps de soixante-dix ans et un raccourci rhétorique défiant toute cohérence, dire aux petits-enfants et aux arrière-petits-enfants  de ces gens qui avaient débarqué en Provence le 15 août 1944 qu’ils étaient leurs héritiers et que, à ce titre, la France leur devait sa survie et sa liberté.

Quelqu’un, disait de Paris au soir du 25 août 1944 – et chacun sait qu’il parlait du pays tout entier – qu’il avait été « libéré par lui-même, libéré par son peuple avec le concours des armées de la France, avec l’appui et le concours de la France tout entière : c’est-à-dire de la France qui se bat. C’est-à-dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle. » La France qui se bat, la seule France, la vraie France, la France éternelle, c’était celle d’avant le 19 mars 1962. Ressuscitera-t-elle un jour ?

Kader Hamiche

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(1) Le Hameau des Escudiers, près d’Arfons, dans le Tarn, où séjournèrent mes cousins privés de leurs pères, prisonniers du FLN, pendant plus de six ans.

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