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Les opposants au mariage gay aux Européennes : un attelage viable ? Par Gabrielle Cluzel

12 juillet 20130
Les opposants au mariage gay aux Européennes : un attelage viable ? Par Gabrielle Cluzel 5.00/5 1 votes

Publié le : 11 juillet 2013

Source : bvoltaire.fr

Ils étaient six, mercredi, au « Carré parisien » à Paris (Christine Boutin, Jean-Claude Martinez, Béatrice Bourges, Xavier Lemoine, l’ancien député MPF Patrick Louis, le président des AFC Antoine Renard), six à avoir soutenu de façon ouverte ces derniers mois la résistance à la loi Taubira, six à annoncer, sous la houlette de Pierre Nicolas (jeune père de famille et infatigable cadre de la Manif pour tous), la création d’un rassemblement en vue des élections européennes. Leur but ? Traduire sur le plan politique ce grand et beau mouvement militant, enjoindre ces jeunes enthousiastes et ayant soif d’engagement — divine surprise de ces manifestations — à se mettre au service de la vie dans toutes ses acceptions, renouer avec le pays réel en mettant l’homme et la vérité en son centre, donner le goût d’une autre Europe qui ne réduirait pas chacun de nous à sa dimension économique.

Un programme qui, alors que l’Assemblée nationale est en train de jouer aux dés le sort de l’embryon (possibilité de recycler quelques slogans pour les prochaines manifs : première, deuxième, troisième génération, nous sommes tous d’anciens embryons), prend évidemment une dimension particulière.

Disons-le, ce rassemblement « ouvert » (toutes les bonnes volontés peuvent encore s’y adjoindre), qui se présente comme une alternative aux « grands partis », était presque prévisible.

Un boulevard a été ouvert par l’UMP (peu crédible, à la remorque, divisé et versatile sur la question et souffrant du péché originel d’avoir lui-même introduit quand il était au gouvernement, via Luc Chatel, la théorie du gender à l’école), mais aussi par le FN, dont la présidente a commis l’erreur stratégique de manquer de visibilité dans ce combat, persistant à le qualifier de secondaire et sous-estimant la pugnacité des opposants (même si l’honnêteté commande de dire qu’elle est la seule à promettre clairement d’abroger la loi dans l’hypothèse où elle arriverait au pouvoir).

Il répond par ailleurs, notamment pour les catholiques, à la demande pressante qui a été faite récemment par le pape de s’engager en politique.

Néanmoins, au-delà de l’honnêteté incontestable, de l’enthousiasme déployé, des intentions louables, de la volonté affichée de faire tomber les clivages politiques en envoyant « au diable la diabolisation », selon les mots de Béatrice Bourges, l’attelage est-il viable ? On peut se le demander. Quelques heures seulement après le lancement officiel, Patrick Louis claquait déjà la porte, accusant Christine Boutin de tirer la couverture à elle, et dénonçant le non-respect du projet.

Trop réducteur s’il ne voit pas que ces coups de butoir incessants que sont le mariage dit pour tous, l’euthanasie et la recherche sur l’embryon procèdent de « changements de civilisation », pour reprendre les mots de Christiane Taubira (repris lors de la conférence de presse par Christine Boutin), qui constituent les différentes pièces d’un même puzzle qu’il faut considérer avec hauteur, et non pas en myope.

Une autre de ces pièces, et non la moindre, étant, bien sûr — favorisée par les mêmes promoteurs —, l’installation en flot continu d’une population allochtone toujours plus nombreuse, dans laquelle tend à se dissoudre, avec plus ou moins de convulsions et de grincements de dents, notre culture bimillénaire, et aucun parti politique ne peut prétendre lutter contre le changement de civilisation s’il n’en prend pas la vraie mesure, de façon réelle, sans fausse pudeur : la France pour tous, c’est comme le mariage pour tous, ça a l’air gentil et généreux, mais c’est une utopie. Et les utopies se terminent rarement bien. Trop vaste, si cela est prétexte à rester, de façon large, dans le registre philosophique et dans le domaine du concept, pour ne pas mettre les mains dans le cambouis des choses qui fâchent. Puissé-je avoir tort, c’est tout ce que je leur souhaite.

Gabrielle Cluzel

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