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Jaksche : « La justice espagnole n’a pas la volonté d’aller au bout de l’affaire Puerto »

11 février 20130
Jaksche : « La justice espagnole n’a pas la volonté d’aller au bout de l’affaire Puerto » 5.00/5 1 votes

Publié le : 11 février 2013

Source : lemonde.fr

Le procès de l’opération « Puerto » – qui avait mis au jour en 2006 un vaste réseau de dopage sanguin organisé par le médecin espagnol Eufemiano Fuentes – est entré dans sa troisième semaine. Avant de témoigner, lundi 11 février, devant le tribunal pénal de Madrid, l’ancien coureur cycliste allemand Jörg Jaksche s’est confié au Monde.

Pourquoi témoignez-vous dans le cadre du procès de l’opération « Puerto » ?

J’ai accepté d’aller témoigner à Madrid car l’Agence mondiale antidopage me l’a demandé. Mais j’ai de vrais doutes sur la volonté de la justice espagnole d’aller au bout de cette affaire. Lors de son audition, Eufemiano Fuentes lui-même s’est proposé de révéler les noms de tous ses clients. Et malgré la demande de l’avocat du Comité olympique italien, la juge n’a pas voulu.

A lire également : Fuentes : Je donnerai les noms… si la juge me le demande

Comment expliquez-vous ce refus ?

C’est incompréhensible ! J’ai été choqué par ce refus. Normalement, un juge essaie d’obtenir toutes les informations qui peuvent lui permettre de faire toute la lumière sur une affaire. En Allemagne, les juges procèdent ainsi en tout cas. Il y a trop d’intérêts en jeu pour le sport espagnol, et donc des choses à cacher.

L’ancien coureur espagnol Jesus Manzano, qui doit témoigner le 13 février, a déclaré avoir croisé des footballeurs au cabinet de Fuentes. Avez-vous également vu d’autres sportifs ?

Personnellement, je n’ai pas vu d’autres coureurs ni d’autres sportifs que je n’aurais de toute façon pas forcément reconnus. En revanche, Fuentes m’a dit qu’il ne collaborait pas seulement avec des coureurs mais aussi avec des athlètes ou des joueurs de tennis.

Un ancien président de la Real Sociedad a révélé la semaine dernière que le club basque avait collaboré avec Fuentes avant 2008. Le médecin espagnol vous a-t-il également parlé de ses clients footballeurs ?

Non, mais en 2006 la police allemande m’a interrogé. Les enquêteurs étaient en possession d’une information selon laquelle Fuentes avait eu une consultation à Francfort cet été-là et voulaient savoir si je m’y étais rendu. Fuentes ne venait en Allemagne que s’il y avait des étapes du Tour de France. Or en 2006, le Tour ne passait pas par l’Allemagne. En revanche, il y avait la Coupe du monde de football…

Quel est l’objectif de votre témoignage ?

C’est important pour moi. Je veux tout dire et pas faire des demi-confessions comme Lance Armstrong ou Ivan Basso [qui devait également témoigner lundi devant le tribunal de Madrid]. Basso a dit qu’il avait payé Fuentes mais qu’il n’avait jamais utilisé ses services ! Moi, en 2005, sur une demi-saison, j’ai dû verser 15 000 euros à Fuentes pour un programme complet de transfusion avec prélèvements et livraisons des poches de sang sur les différentes courses. L’autre partie était prise en charge par l’équipe. Au total, cela devait représenter 25 000 euros pour une saison.  Il ne faut pas seulement punir les sportifs. Les médecins sont aussi responsables. Ils gagnent beaucoup d’argent en offrant les substances et leurs connaissances.

Aujourd’hui, Eufemiano Fuentes se retrouve devant un tribunal. Mais ne croyez-vous pas qu’il y ait d’autres docteurs Fuentes de par le monde ?

Il est évident que Fuentes n’est pas un cas unique. En 2007, un an après l’opération « Puerto », il y a eu le même scandale avec l’équipe Telekom, en Allemagne. Une commission d’enquête [toujours en cours] a montré que des médecins de l’université de Fribourg avaient été rémunérés grâce à des comptes bancaires à Hongkong pour pratiquer des transfusions. Et ils ont aussi gagné beaucoup d’argent.

Comment éradiquer le dopage ?

C’est impossible. Le dopage n’est pas un problème lié au cyclisme. Dans tous les sports, on veut gagner de l’argent. Dans tous les sports, on veut être au top physiquement. Et dans tous les sports, on cherche les moyens d’améliorer ses performances. J’ai vécu en Italie lorsque j’étais coureur. Berlusconi était le chef du gouvernement et lui-même faisait des choses illégales. Tout le monde le prenait un peu en exemple : « Si lui le fait, pourquoi moi je n’aurais pas le droit de le faire ? » C’est pareil dans le sport. Quand les coureurs voient le comportement de l’Union cycliste internationale, ils se disent qu’ils n’ont pas de leçon à recevoir de sa part.

Propos recueillis par Stéphane Mandard

Contador entendu le 22 février

Le coureur cycliste espagnol Alberto Contador de l’équipe Saxo-Tinkoff, cité comme témoin dans le procès de l’affaire de dopage Puerto, se déplacera finalement le 22 février au tribunal supérieur de justice de Madrid, a annoncé lundi un porte-parole du tribunal. Alors qu’il était initialement prévu que Contador témoigne par vidéo-conférence, il se rendra en personne au tribunal supérieur de justice de Madrid où se tient, depuis le 28 janvier, le procès de l’affaire de dopage sanguin Puerto. Contador est cité en tant que simple témoin dans cette affaire. L’Espagnol, notamment vainqueur de deux Tours de France et de deux Vueltas, a été membre jusqu’en 2006 de l’équipe Liberty Seguros, dirigée par Manolo Saiz, l’un des cinq accusés dans le cadre de l’affaire Puerto. En 2012, dans le cadre d’une autre affaire, Contador s’était vu condamner à deux ans de suspension pour dopage, suite à un contrôle positif au clenbutérol sur la Grande Boucle 2010. Le coureur de Pinto était revenu à la compétition en août 2012, après avoir purgé une partie de sa suspension de manière rétroactive. (AFP)

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