Politique France

Palmarès de la Connerie Ambiante : le podium de la semaine (1ère édition)

20 janvier 20132
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Chaque semaine ou presque, j’ai l’occasion, dans ma quête minutieuse d’information en vue d’alimenter les colonnes de La Plume à Gratter, de tomber sur un certain nombre de niaiseries de concours, de chefs-d’œuvre de mauvaise foi, de tartarinades d’une bêtise crasse. Souvent, ces découvertes, pour révélatrices qu’elles soient de la médiocrité de notre époque, ne permettent pas à elles seules la rédaction d’un véritable article. Et d’ailleurs, s’il fallait les traiter toutes sur ce mode, vingt quatre heures par jour n’y suffiraient pas ! Il n’en reste pas moins qu’il est souvent très regrettable de ne pas pouvoir en faire « profiter » le lectorat de La plume, tant il est vrai qu’il est toujours préférable de savoir à qui l’on a vraiment affaire, et utile d’identifier ceux qui « serrant contre (leur) cœur les bornes du couillonisme, courent à toute vitesse pour les transporter plus loin afin d’agrandir (leur) domaine ». [1]

De ces impasses régulières et presque forcées est née peu à peu une vraie frustration, qui finit à la longue par fortement contrarier l’auteur de ces lignes… Face à ce dilemme, ce choix cornélien (quel cuistre habiller pour l’hiver, quelle andouille exposer à la vindicte populaire ?) je crois avoir finalement trouvé une solution satisfaisante en décidant, pour traiter de ces perles de mauvaise foi, de médiocrité et de bêtise (n’en jetez plus la coupe et pleine, même si il n’y a pas de mention inutile), d’inaugurer en ce début d’année 2013 un Palmarès de la Connerie Ambiante, avec remise régulière de médailles virtuelles à des lauréats jusqu’ici trop injustement ignorés.

Connerie, oui… J’espère que le lecteur me pardonnera la trivialité du terme, mais j’ai eu beau chercher, chercher encore et encore, je n’ai au final pas réussi à trouver un mot plus adapté pour définir ces saillies de malhonnêteté et d’abyssale crétinerie. Va pour connerie donc… Mais sachez que si l’un de vous avait une idée plus élégante à suggérer, je suis bien volontiers preneur.

Pour cet épisode initial, ce « pilote », il fallait frapper un grand coup, faire fort et spectaculaire. La Plume tient donc à remercier très vivement la providence et Bernard Henri-Lévy de leur si précieux concours pour la réussite de ce baptême du feu. BHL qui est parvenu en un seul petit entretien dans Nice Matin à monopoliser à lui seul, les doigts dans le nez et sans contestation possible, les trois marches de ce premier podium. Chapeau l’artiste !

Bernard-Henri, systématiquement et très naturellement ultra favori de ce palmarès dès lors qu’il ouvrira la bouche ou qu’il répondra à une entrevue, nous pondra un communiqué ou un éditorial dont il a seul le secret… Bernard-Henri, le Teddy Riner de la bêtise, le Roger Federer de la mauvaise foi, le Michael Jordan de l’imposture intellectuelle… Bernard-Henri, avec son statut de tête de série N° 1 à honorer, et qui ne s’est donc pas dérobé devant l’obstacle : c’est dans les grandes occasions qu’on reconnait un vrai champion.

Voici donc le premier podium de la semaine du Palmarès de la Connerie Ambiante : accrochez-vous, car comme toujours avec notre gaillard, c’est du lourd !

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Médaille de bronze

 

Décernée à Bernard-Henri Lévy

 La première saillie primée est un véritable petit bijou de mesure et d’esprit démocratique :

« Marine Le Pen présidente, ce serait un coup dur pour la République, une atteinte à la démocratie, une sorte d’état d’exception institué. Ce serait, la guerre en moins, l’équivalent de Philippe Pétain investi par l’Assemblée du Front populaire ».

Sic… « Une atteinte à la démocratie », une éventuelle élection de qui que ce soit au suffrage universel à la Présidence de la République ? Tu l’as dit  bouffi ! « La guerre en moins »… ouf, on l’a échappé belle ! « L’équivalent de Philippe Pétain investi par l’Assemblée du Front populaire »… Pétain ? BHL nous avait depuis toutes ces années habitué à mieux, à beaucoup mieux : et Hitler, alors, il bat le beurre ? Quitte à faire péter les compteurs en matière de point Godwin, pourquoi une telle mesure, une telle prudence ? Hitler, vous dis-je ! Cette inexplicable et fort coupable frilosité l’empêche donc de revendiquer pour cette citation une place plus élevée dans notre palmarès du jour : « bien, mais peut mieux faire, comment il l’a très souvent prouvé » pourrait écrire l’instituteur sur le carnet de notes de l’élève Lévy.

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Médaille d’argent

Atribuée à… Bernard-Henri Lévy

 La seconde tirade récompensée d’une indiscutable médaille d’argent concerne l’éventuelle adoption d’enfants par des couples homosexuels. Notre grand philosophe déclare, sans un mot de plus, sans un mot de moins :

« Mieux vaut un enfant adopté par des homosexuels aimants que mis au congélateur par les époux Courjault ».

Je n’invente rien. A ce niveau de performance, on frôle déjà la médaille d’or, et seul un Bernard-Henri Lévy au summum de sa forme pouvait encore battre Lévy Bernard-Henri sur ce coup là. Pari insensé pourtant gagné haut la main, comme vous pourrez le constater plus bas.

« Mieux vaut un enfant adopté par des homosexuels aimants que mis au congélateur par les époux Courjault »… Sur un sujet aussi délicat… Aussi sensible… Soulevant tant de questions, provoquant tant de sentiments intimes, de crispations ou même de rejets viscéraux chez les uns et les autres… Un sujet on ne peut plus complexe relevant de la civilisation, de la culture, de la famille, de la société toute entière… De la transmission, de l’épanouissement et des droits de l’enfant, de l’humanité même dans son essence la plus profonde … Il fallait décidément avoir la fibre philosophique, l’élévation inouïe dans la pensée d’un BHL pour parvenir à résumer d’une phrase (dont je me demande tout de même si il ne l’aurait pas piquée à Jamel Debbouze ou à Michaël Youn), une telle finesse d’analyse : « Mieux vaut un enfant adopté par des homosexuels aimants que mis au congélateur par les époux Courjault » (je ne m’en lasse pas)… J’en suis encore tout retourné, pas vous ?

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Médaille d’or

 Et le grand vainqueur est… Bernard-Henri Lévy

 Enfin, comme une « cerise sur le gâteux », et évoquant l’intervention française au Mali, BHL déclare :

« Le poison, le vrai poison, c’est le souverainisme ».

Ouf ! Reprenons notre souffle… Pour ma part, je croyais naïvement en l’occurrence que le poison, le vrai poison concernant le Mali, c’était l’islamisme. Et bien non ! Pas du tout, j’avais tout faux ! Il faut d’ailleurs bien reconnaître à BHL sur ce point une vraie cohérence de pensée : après avoir défendu les barbus bosniaques, tchétchènes, libyens et aujourd’hui syriens (quand ils le sont seulement), il est relativement logique de le voir glisser avec élégance et sans décoiffer son brushing sur les fous de Dieu du Mali, les seuls islamistes vraiment dangereux pour notre cher philosophe à la chemise blanche étant sans doute ceux du Hamas palestinien. On se demande bien pourquoi, d’ailleurs… Vous n’auriez pas une idée, vous ?

Le souverainisme donc, le seul vrai poison… Si l’on se réfère par exemple à la définition de Wikipedia « Le souverainisme est une doctrine politique soutenant l’acquisition ou la préservation de l’autonomie politique d’un pays ou d’une région dans l’exercice de la souveraineté », on doit effectivement convenir qu’il s’agit là d’un concept assez ignoble. C’est en effet peu ou prou la définition que l’on pourrait aussi appliquer à l’indépendance nationale. Horreur ! Comment dès lors être surpris d’une telle détestation, de la part de celui qui déclara naguère : « Je suis un cosmopolite résolu. J’aime le métissage et je déteste le nationalisme. Je ne vibre pas à la Marseillaise. J’espère que le cadre national sera un jour dépassé » ou encore « Bien sûr, nous sommes résolument cosmopolites. Bien sûr, tout ce qui est terroir, béret, bourrées, binious, bref, franchouillard ou cocardier, nous est étranger, voire odieux ». Il n’est toutefois pas inintéressant de noter que cette détestation viscérale du souverainisme et du nationalisme tolère tout de même une exception et disparaît comme par enchantement dès lors qu’il s’agit d’évoquer la souveraineté et l’indépendance… D’Israël. Etonnant, non ?

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Les médailles sont donc attribuées, et si je ne dispose ni de l’hymne, ni du drapeau (concernant BHL, je serais bien embêté pour choisir lesquels, d’ailleurs…), le cœur y est tout de même… Et avouez que ces trois champions qui n’en sont qu’un composent un sacré podium pour la première édition de notre palmarès !

A noter enfin pour terminer, et venant tristement échouer tout au pied du podium, la performance pourtant remarquable -et qui mérite donc d’être soulignée- du maire de Paris Bertrand Delanoë. Il a bien failli remporter une médaille, grâce à sa demande de réparation financière d’une grande élégance, faisant suite au succès très contrariant pour lui de la Manif pour Tous de dimanche dernier. Superbe effort donc , mais malheureusement voué à l’échec dès lors que BHL décidait d’entrer dans la bataille : à l’impossible, nul n’est tenu, pas même Delanoë. Sur ce coup là, c’est bien Bertrand, et non le gazon, qui fut maudit. Allez, courage, ce sera peut-être pour la prochaine fois !

 Marc LEROY – La Plume à Gratter

[1] Savoureuse réplique dite par l’inoubliable Raimu incarnant César, et à l’attention de son ami Escartefigue, dans le film César de Marcel Pagnol.

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2 Responses to Palmarès de la Connerie Ambiante : le podium de la semaine (1ère édition)

  1. NOURATIN le 20 janvier 2013 à 17 h 23 min

    L’idée du palmarès est excellente, bravo! Et la compétition sera rude, j’en suis sûr.
    Bien sûr, vous avez des champions comme BHL qui écrasent la concurrence mais rien n’est perdu.
    Le Maire de Paris, déjà cité, le Premier Sinistre, la Pintade Ségo, bref, la liste est quasiment
    infinie, tous ces gens là figureront tôt ou tard sur le podium. Ca va se bousculer!

  2. Pascale le 20 janvier 2013 à 17 h 16 min

    Article delectable. Mais comme d’habitude, des que BHL se pointe il n’y a de la place pour personne d’autre. C’est le Lance Armstrong de l’ineptie abyssale. Il doit prendre des trucs… S’il recommence a accaparer tout le podium il faudra le mettre hors concours. Une medaille a vie peut-etre? La Plume peut s’inventer plus tard sa Legion d’Honneur avec grades et tout…
    Je m’amuse! Merci!!!
    J’attends impatiemment le prochain palmares.
    Et, plus serieusement, cet homme qui deteste a ce point la France devrait rendre son passeport francais s’il avait un brin de coherence. Quant a l’honneur, inutile d’effleurer le sujet…

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